L’audition des dirigeants d’Air Tahiti Nui à l’assemblée a laissé les représentants sur leur faim, mais selon Tony Géros ils voteront la subvention de 3,193 milliards de Fcfp prévue lundi au collectif budgétaire. Ils déplorent que la compagnie n’ait pas encore présenté de plan stratégique de redressement.
Le président de l’assemblée avait demandé à ce que les dirigeants d’Air Tahiti Nui viennent expliquer aux élus pourquoi ils sont appelés à injecter 3,193 milliards de Fcfp dans la compagnie au tiare. Une somme qui inclut 1,8 milliard pour couvrir le risque de dépréciation du capital social (pour rappel, lorsque les capitaux propres baissent en-deçà de la moitié du capital social, l’entreprise doit soit les reconstituer, soit être dissoute), et 1,5 milliard afin de compléter la provision pour garantie, par le Pays, des emprunts contractés pour l’achat de deux Boeing en 2019.
Vendredi midi, le PDG Philippe Marie et le directeur général Mathieu Béchonnet se sont donc rendus à Tarahoi, et au terme d’une réunion de deux heures à laquelle Moetai Brotherson était présent, Tony Géros déclarait sans cacher son agacement : « Il s’agit d’une subvention exceptionnelle, comme d’habitude. Qui ne devrait pas être rejetée, sans quoi les avions ne décolleront plus. Je pense qu’autant la minorité que la majorité vont certainement soutenir ce collectif en séance lundi matin. »
« Ça s’arrête là, on ne donne pas de chèque en blanc »
« Depuis la Covid jusqu’à aujourd’hui, en l’espace de quatre ans, on a quand même injecté 13 milliards dans la compagnie », poursuit-il. Comme d’autres élus, il s’impatiente : arrivé en juillet dernier à la tête d’ATN, Philippe Marie avait reçu une feuille de route de la part de Moetai Brotherson. « La règle veut que cette stratégie soit d’abord débattue en conseil d’administration avant de pouvoir être diffusée, explique le président de l’assemblée, mais malgré la tenue de plusieurs conseils d’administration depuis, ils n’ont pas encore abordé la question du redressement stratégique qu’on aimerait avoir. » Les élus vont donc devoir voter une subvention à l’aveugle : « On ne sait pas quelles sont les options. Nous on va soutenir. Ça s’arrête là, on ne donne pas de chèque en blanc. Après ils viendront devant nous avec un plan stratégique et puis là, on appréciera. Ce sont des deniers publics, donc on a voulu les rencontrer pour leur faire prendre conscience de ça. Je suis sûr que lorsque la CTC va venir auditer, on va en prendre pour notre grade. »
« Ça interpelle parce qu’il s’agit de satellites, poursuit Tony Géros qui pointe l’inaction de la commission d’évaluation des politiques publiques de l’assemblée, créée en 2017, jugée « sans pouvoirs et sans utilité » par la CTC dès 2019, et remise en ordre de marche par ses soins, assure-t-il, dès le mois de mai. Ce qu’on récolte, c’est qu’à chaque fois qu’on parle d’un satellite, il faut boucher un trou : ATN c’est 3 milliards, l’PT c’est 4 milliards, l’OPH, et ainsi de suite… »