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Les enfants doivent-ils arrêter le doliprane à la fraise ?

Une pétition contre le doliprane pédiatrique fait un carton. Mais viralité ne signifie pas forcément vérité…

Le doliprane pédiatrique est-il dangereux ? Il y a un mois, une mère de famille a lancé une pétition sur le site Change.org, demandant le retrait de ce paracétamol pour enfant, anti-douleur, anti-fièvre et parfumé à la fraise. La pétition, adressée à la ministre de la Santé et au laboratoire Sanofi, avait recueilli mercredi à 15 heures plus de 100.000 signatures. En cause ? L’azorubine, également appelé E122, qui donne la couleur rouge au médicament. L’azorubine est accusée par cette mère de famille, qui demande le retrait du colorant, d’être cancérigène et susceptible de rendre l’enfant hyperactif. A raison ? C’est plus compliqué que ça….

Sur l’aspect cancérigène. Absolument aucune étude ne prouve que l’E122 est cancérigène. Cela ne veut pas forcément dire qu’elle ne l’est pas. Mais qu’aucun lien avéré n’a jamais été établi entre ce colorant (utilisé depuis plus d’un demi-siècle) et un quelconque cancer. Le Centre international de recherche sur le cancer, qui fait des classements en fonction de la dangerosité, range ainsi l’azorubine dans le « groupe 3 », ce qui signifie : « l’agent est inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’Homme ». Par prévention, certains pays (Etats-Unis, Japon) ont décidé de l’interdire. D’autre, comme la Suède, l’ont interdite puis ré-autorisée.

Sur l’hyperactivité. En 2007, une étude de l’université de Southampton avait constaté un lien entre six colorants et des troubles du comportement, de type hyperactivité. Le hic ? L’étude avait largement divisé la communauté scientifique. Elle avait en effet testé tous les colorants en même temps et il était impossible de déterminer précisément le ou lesquels pouvait affecter le comportement. « Les données disponibles actuellement – y compris l’étude Southampton – n’apportent pas de preuves attestant d’une relation de cause à effet entre les colorants individuels et d’éventuels effets sur le comportement », peut-on lire sur le site de l’Agence européenne du médicament. Cette étude avait tout de même conduit les autorités sanitaires à revoir à la baisse les doses journalières autorisées (DJA) de consommation de ces colorants. Et elle a conduit à une obligation pour les industriels d’afficher la présence et le nom des colorants suspectés, dont l’E122.

Et du coup, faut-il arrêter le doliprane ? On ne connaît pas encore tout sur l’azorubine. Mais cela ne signifie absolument pas que les parents doivent arrêter de donner des dolipranes pédiatriques à leurs enfants. « C’est un peu n’importe quoi, cette pétition, tacle sur Europe 1 le docteur Gérald Kierzek. « Elle est lancée par une mère de famille qui se revendique des Colibris, des mouvements écologistes. Elle fait des interprétations douteuses, voire fausses, d’études scientifiques », poursuit le chroniqueur santé d’Europe 1. Selon lui, ce sont justement ces doses journalières autorisées qui comptent. Concernant l’azorubine, la dose maximale est de 60 grammes par kilos jours (Kj) d’un aliment. Et ce n’est pas du tout la dose contenue dans un doliprane pédiatrique. « Une dose de médicament, c’est 1/100e de la dose recommandée. Ce qui dangereux, c’est la répétition. C’est la consommation répétée et addictive qui pose problème. Un médicament, même à la fraise, n’est pas un produit à prendre à la légère. Ce n’est pas un bonbon », prévient-il.

Conclusion : il ne faut pas arrêter d’en prendre, mais surveiller sa consommation. Et cela ne vaut pas que pour le doliprane pédiatrique : l’azorubine est présente dans le Dafalgan, le Silugaz, le Nifluril, le Hextril, le Cetavlon et le Hibitane… mais aussi dans certains sirops de fruits, limonades, sodas, fruits confits et autres produits pâtissiers. Si vous voulez soignez vos enfants, le mieux n’est pas d’arrêter purement et simplement le médicament, mais d’adapter toute son alimentation pour éviter une surconsommation d’E122. Si toutefois vous voulez absolument éviter l’azorubine, sachez que tous les paracétamols pédiatriques n’en contiennent pas. N’hésitez pas demander conseils à votre pharmacien. Ils n’auront, en revanche, pas forcément le goût fraise.

Source : Europe1

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