Plusieurs centaines de fonctionnaires d’État se sont rassemblés ce samedi devant le Haut-commissariat. En s’appuyant sur les chiffres d’une pétition qui circule dans les différents services pour un « mode de calcul plus juste des retraites » après la réforme de l’ITR, l’intersyndicale assure pouvoir mobiliser bien plus de monde en cas d’appel à la grève générale. Un levier qu’elle compte actionner dans sept jours, « délai ferme » accordé à trois ministères parisiens, sommés d’accéder aux revendications, à savoir la prise en compte de leur traitement brut majoré dans le calcul de leur pension.
Le rassemblement des fonctionnaires d’État avait des allures de répétition en vue du relais de la flamme olympique, organisé le 13 juin à Tahiti. Rassemblée pour protester contre la CVR (cotisation volontaire de retraite additionnelle), l’intersyndicale a décidé de revisiter le drapeau des Jeux, pour montrer son unité. En conservant bien sûr le symbole des anneaux, représentés aux couleurs de la CFE-CGC, CGT, FNEC FP (FO Polynésie), FSU et Solidaires Douanes. Au micro, des slogans appris et repris par les militants, quelques centaines « peut-être huit cents », au plus haut de la manifestation, selon un des organisateurs de ce mouvement qui plaide pour un « calcul de pension plus juste », alors que le décret d’application du CVR a été publié début avril. Ce système de calcul a été pensé pour compenser le décroissement progressif entamé par l’ITR en 2008. Le dossier ne cesse de susciter la grogne depuis des années, mais malgré le relais des différents parlementaires polynésiens, « le combat dure depuis seize ans », soufflent les représentants des fonctionnaires d’État.
« Pour présenter simplement, auparavant avec l’ITR, sur une base de 1 000 on partait à la retraite sur une base de 750. Aujourdui, avec ce dispositif, on partirait sur une base de 1 000 avec 400 voire 450 tout au plus. On trouve ça totalement injuste, car, de notre point de vue, on est déjà prélevés indexés. Donc, sur cette base on demande à toucher une retraite indexée, surtout alignée sur le coût de la vie en Polynésie qui ne cesse d’augmenter », rappelle Johan Tehihipo, secrétaire territorial Alliance Police Nationale (CFE CGC).« Tout au long de notre carrière, on est retenus du même pourcentage qu’en Métropole sur la base de ce traitement majoré, et donc il est normal que le calcul de notre pension soit fait sur le traitement majoré », ajoute Tiarama Lehartel, représentante CGT Aviation Civile, avant de partir en réunion dans les bureaux du haussariat.
Un « délai ferme » donné à trois ministères
L’intersyndicale avait initialement demandé à rencontrer Éric Spitz. Elle a finalement rappelé ses revendications au secrétaire général adjoint du Haut-Commissariat Étienne de La Fouchardière. « Il s’est montré attentif et réceptif à nos demandes et à notre argumentaire », rapporte Johan Tehihipo, et un courrier lui a été transmis à destination de trois ministères : l’Outre-mer, la Fonction publique et les Finances. Les fonctionnaires donnent sept jours aux titulaires des portefeuilles concernés (Marie Guevenoux, Stanislas Guerini et Bruno Le Maire) pour leur renvoyer « l’engagement écrit » que leur revendications seront prises en compte, faute de quoi un préavis sera déposé et une « série d’actions fermes » sera entamée « jusqu’à la grève générale ».
Déjà mi-mars, une partie des fonctionnaires d’état, principalement ceux de l’éducation, avaient fait grève, en répondant à un appel national. Il s’agissait notamment de plaider pour une revalorisation des salaires. L’idée d’un nouveau mouvement ciblé sur les retraites germait depuis plusieurs semaines, après une conférence de presse organisée à la veille du premier mai. En avril, on attendait chez FO, « que ça avance d »ici juin ». « On use de la voix syndicale, de la voix parlementaire et médiatique, mais on compte surtout sur la mobilisation des agents », relève Tiarama Lehartel.
L’intersyndicale « redouble d’efforts » pour mobiliser les troupes
Plus que pour le rassemblement de samedi, les syndicats assurent pouvoir mobiliser leurs troupes vers la grève, ils ont en tout cas travaillé en ce sens. « Le syndicalisme n’est pas toujours mis en avant, c’est quelque chose qui fait peur, donc on doit redoubler d’efforts pour que l’information fasse son chemin jusqu’aux agents », enchaîne la représentante CGT Aviation Civile. Une pétition a notamment circulé dans les différentes administrations d’État. L’intersyndicale voit là un bon indicateur quant à une éventuelle mobilisation : ce samedi elle revendiquait 90% de signataires dans les services de douanes, 80% dans la police, « plus de la moitié » du côté de l’aviation civile, ou encore « plus d’un millier dans l’éducation ». Des fonctionnaires d’État qui ne « supportent plus d’être ignorés de la sorte » et « qui n’ont jamais été des privilégiés », martèle Tiarama Lehartel.