Erbil (Irak) (AFP) – Les forces d’élite irakiennes ont atteint pour la première fois le fleuve Tigre qui divise Mossoul, une étape clé en vue de reprendre la deuxième ville du pays aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI), toujours bien implanté sur la rive ouest.
Entre-temps, la capitale Bagdad, qui fait face à une recrudescence d’attentats depuis le lancement le 17 octobre de l’offensive sur Mossoul, a subi deux nouveaux attentats meurtriers dimanche.
Les forces du Service du contre-terrorisme (CTS) « ont atteint le fleuve Tigre depuis l’Est » en prenant position autour d’un des quatre ponts de Mossoul, le plus au sud, a déclaré à l’AFP leur porte-parole, Sabah al-Nomane.
Les CTS sont le fer de lance de l’offensive de Mossoul. Ses soldats à la discipline de fer et surentraînés ont été les premiers à entrer dans la ville début novembre, infligeant un revers de taille à l’EI qui occupe la métropole depuis juin 2014.
Leur progression vers les rives du Tigre marque une victoire symbolique et tactique pour les forces irakiennes, près de trois mois après le début de leur vaste offensive. Leur accès au fleuve complique la situation pour l’EI dont la capacité de ravitaillement a déjà été réduite.
Le 28 décembre, un raid aérien avait rendu impraticable le dernier des cinq ponts qui permettaient de traverser le Tigre à Mossoul.
Depuis la mi-octobre, les forces irakiennes ont pris peu à peu le contrôle de plusieurs secteurs dans la partie Est de la ville. Mais la rive Ouest de Mossoul –plus petite mais plus densément peuplée– reste entièrement sous le contrôle des jihadistes.
Ces derniers opposent une résistance acharnée, notamment en menant des attentats suicide à la voiture piégée. La progression des forces irakiennes et l’implication aérienne de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis est en outre freinée par la présence de centaines de milliers de civils.
– Attentats sur deux marchés –
L’EI s’était emparé en 2014 de larges pans du territoire irakien au nord et à l’ouest de Bagdad, mais les forces irakiennes en ont depuis reconquis la majeure partie.
Avec l’appui de la coalition internationale, elles ont récemment lancé une opération pour reprendre à l’EI des localités proches de la frontière syrienne qui, avec Mossoul et la localité septentrionale de Tal Afar, sont les dernières zones peuplées que contrôlent les jihadistes du groupe extrémiste sunnite en Irak.
Avec la progression des forces de sécurité face à l’EI, les attentats se multiplient à Bagdad.
Dimanche encore, au moins 18 personnes ont été tuées dans deux attaques suicides revendiquées par l’EI sur des marchés de la capitale. La première d’entre elles a visé le marché de Jamila, situé à Sadr City, un vaste quartier à majorité chiite.
« Un soldat en garde à l’entrée du marché a ouvert le feu sur une voiture suspecte après en avoir été alerté mais le kamikaze a fait exploser le véhicule », a expliqué à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Saad Maan.
Douze personnes ont été tuées et 39 blessées dans cet attentat, selon un bilan fourni à l’AFP par des sources hospitalières.
Dans la même journée, un autre kamikaze s’est fait exploser sur un marché dans le quartier Baladiyat dans l’est de la capitale, faisant au moins six mort et 16 blessés, ont indiqué des responsables.
Le dernier attentat d’envergure à Bagdad a fait 35 morts le 2 janvier, également à Sadr City, le jour où le président français François Hollande effectuait une visite à Bagdad.
© AFP Dimitar DILKOFF
Les forces spéciales irakiennes en patrouille à Mossoul, le 7 janvier 2017