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Les foyers de l’association Emauta ouvrent leurs portes

Georgina Taupotini, qui dirige la Maison de l’Arche « Te Arata », et Rosemonde Teriitapunui. ©MB/Radio1

L’association Emauta fête cette année ses 25 ans et organise pour la toute première fois une semaine de journées portes ouvertes dans chacun de ses 6 foyers. Ils accueillent des personnes dans des situations très diverses et de tous âges par le relais des services sociaux. Ce lundi, ce sont les foyers du Bon Samaritain et Te Arata que l’on pouvait visiter à Papeete.

L’association « Emauta pour redonner l’espoir » fête l’ouverture de son premier foyer d’accueil, le Bon Samaritain, il y a 25 ans, sur l’initiative de Pepe Tehio qui est décédé l’an passé. Comme l’explique Véronique Mercadal, directrice générale d’Emauta, la vocation de l’organisation est de venir en aide à toutes les personnes les plus démunies. Elle reçoit des enfants placés par la justice, de jeunes mères avec leur bébé, des femmes victimes de violences, des hommes seuls ou des familles. Aujourd’hui pour fêter ces années de service généreux, l’association s’ouvre sur la Polynésie avec des journées portes ouvertes, dans chacun de ses 6 foyers. À commencer ce lundi par le Bon Samaritain et La Maison de l’Arche Te arata qui se situent côte à côte sur un terrain du Camica.

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Éducateurs spécialisés : les « colibris » d’Emauta

Au fond de la servitude, on entendait des chants cet après-midi. La Maison de l’Arche, Te Arata était décorée avec soin par les familles qu’elle accueille pour une durée reconductible de 3 mois. Une période pendant laquelle les personnes accueillies commencent par trouver un équilibre, avant d’envisager leur sortie, avec un projet d’avenir dans le meilleur des cas. Ils l’accomplissent grâce à l’accompagnement quotidien des salariés du foyer et du suivi des professionnels de la DSFE. Aujourd’hui c’est Rosemonde Teriitapunui qui était de garde. Elle s’est engagée par vocation religieuse il y a 17 ans, et c’est au fil de son expérience qu’elle se professionnalise et tente d’obtenir son diplôme d’éducatrice spécialisée.

Elle comme ses collègues assistent les familles hébergées dans leur vie quotidienne. Le plus important selon elle c’est de leur apporter une écoute et des conseils de savoir-être, « un travail de fourmi, ou un peu comme le colibri ». Et pour pouvoir leur offrir cette opportunité, il faut « être bien soi-même, explique t-elle : pas évident d’accueillir tout ce qui se dit, par rapport à leur vécu ». Elle est amenée à maîtriser les situations conflictuelles des couples ou à parler de parentalité bienveillante à des parents violents. Et dans ce quotidien un peu plus tendu que la moyenne, ils sont eux aussi suivis par un psychologue lors de « l’analyse de la pratique », un moment où ils peuvent parler de tout, déposer leurs propres soucis. Dans ce travail humain avant tout, impossible d’être constant. Il faut « faire la part des choses » entre son histoire et les situations des familles si l’on veut les aider vraiment.

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La Polynésie appelée à la tolérance 

Certaines familles sont arrivées au foyer Te Arata suite aux conséquences de la crise sanitaire après avoir perdu revenus et maison. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, une dépression s’y ajoute, pour l’une d’entre eux notamment. La première chose qu’elle évoque est le regard méprisant d’autrui sur leur situation. Une difficulté supplémentaire mais tellement courante. Par bonheur, elle et son compagnon sont les lauréats du concours de jeune artisan créateur, une victoire qu’elle voit comme une revanche sur ceux qui ne croient pas en elle, car les personnes de ces foyers ont du potentiel. D’un autre côté, pour Rosemonde qui voit défiler les familles depuis 17 ans, elles sont de plus en plus exigeantes, moins reconnaissantes. Elle qui a voué sa vie au foyer se voit dire qu’elle n’en fait pas assez. Mais elle estime que les familles doivent réaliser que c’est à elles de s’en sortir.

Côté route, c’est le bâtiment du Bon Samaritain que l’on voit en premier. Il est dirigé par Opuu Niuma depuis peu, qui était lui aussi éducateur au foyer Te Arata. Selon lui, si l’association a attendu 25 ans pour s’ouvrir au monde, c’est avec le souci de conserver l’anonymat des personnes hébergées. Le regard des autres n’est pas toujours bienveillant, alors le message de Niuma à la Polynésie, c’est « qu’on peut s’en sortir mais qu’il faut se serrer les coudes. C’est mieux de travailler collectivement. » 

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