Depuis la fermeture de l’Institut Mathilde Frébault en 2022, les Polynésiens souhaitant s’engager ou évoluer dans une carrière paramédicale étaient contraints de s’exporter pour se former aux métiers de soignants. Cette année, en attendant la réouverture du centre de formation spécialisé, le Pays a relancé les formations d’infirmier et d’aide-soignant diplômés d’État. Après une sélection, 15 candidats par cursus ont été retenus sur 300 postulants. Parmi eux se trouvent des étudiants post bac mais aussi des professionnels du secteur du social ou même de la santé souhaitant faire évoluer leur carrière.
Du nouveau sur le campus d’Outumaoro. Ce lundi, trente Polynésiens de Tahiti mais aussi des îles ont fait leur rentrée à l’université. Un retour sur les bancs particulièrement attendu, puisqu’il s’agit de la reprise des formations d’aides-soignants et d’infirmiers, suspendues en 2022 lors de la fermeture de l’institut Mathilde Frébault. Après un processus de sélection long et fastidieux qui a tout de même attiré 300 candidatures, 15 futurs aides-soignants et 15 futurs infirmiers ont été choisis pour débuter leur formation. C’est la branche polynésienne d’Ocellia Santé-Social, une école basée à Lyon, classée 37e dans le classement Thotis des 337 écoles de soins infirmiers en France, qui sera chargée de dispenser les cours théoriques et de superviser les stages. Parmi les étudiants inscrits, on retrouve divers profils : des bacheliers fraîchement diplômés, des jeunes originaire des Marquises mais aussi des professionnels en quête de progression. Dans la formation d’infirmier, six des quinze étudiants sont des aides-soignants souhaitant monter en compétences.
« C’est difficile vu le nombre limité de places »
Même constat dans la formation d’aide-soignant, qui compte un AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) ainsi qu’une auxiliaire de vie. Yassia Garaali, qui travaille depuis plus de 10 ans à domicile et en EHPAD, voit cette formation comme une opportunité de développer ses compétences et d’évoluer professionnellement : « Ce n’est pas la première fois que je passe le concours d’aide-soignante. C’est difficile vu le nombre limité de places. Je me suis dit qu’il ne faut pas abandonner, et cela m’a permis d’être ici aujourd’hui. Avec l’expérience, on se dit qu’on a envie d’évoluer, qu’on a les capacités pour le faire et qu’on peut y arriver. Beaucoup de gens m’ont encouragée à m’inscrire directement pour préparer le diplôme d’infirmière d’État, mais je préfère d’abord devenir aide-soignante, et pourquoi pas, devenir infirmière plus tard. »
Des formations pour évoluer professionnellement
Pour Yassia et ses 14 camarades de promo inscrits pour décrocher le diplôme leur permettant d’exercer en tant qu’aides-soignants dans des établissements publics ou privés, la formation s’étend sur un an. Les 15 futurs infirmiers, quant à eux, seront diplômés au bout de trois ans. Tous bénéficieront d’une bourse et d’une indemnité pour les encourager à poursuivre leur formation. Le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, présent à cette rentrée, a souligné l’importance des formations continues dans l’évolution des carrières. « Il faut permettre à quelqu’un, qui commence comme aide-soignant par exemple, de devenir infirmier s’il en a envie et, par la suite, de devenir cadre de santé s’il le souhaite… lui proposer progressivement d’autres formations qui lui permettront, au fil du temps, de trouver d’autres chemins s’il en a envie », précise encore le ministre.
L’ouverture de ces deux formations au sein de l’université s’inscrit comme « une étape transitoire » dans la réorganisation des filières de formation paramédicales, qui devrait être entièrement revue d’ici la rentrée 2025. La livraison de l’Institut Mathilde Frébault est, quant à elle, prévue pour août prochain. « Les travaux avancent bien », selon le ministre, qui évoque également l’hypothèse d’une collaboration pérenne avec l’UPF, même après la réouverture de l’IMF, pour des formations complémentaires destinées aux infirmiers.