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Les greffiers CEAPF protestent contre une nomination « parachutée »

Le député Tematai Le Gayic est venu soutenir les greffiers polynésiens du tribunal judiciaire. ©CP/Radio1

Les greffiers des tribunaux de Papeete, qui avaient obtenu de haute lutte la tenue d’un concours cette année après 8 ans d’attente, s’émeuvent de la nomination d’une greffière métropolitaine détachée qui doit prendre son poste mardi prochain. Ce serait l’épouse d’un militaire haut placé, lui aussi sur le point d’arriver au fenua. Alors que le sujet de l’emploi local est présent dans tous les esprits, Tematai Le Gayic est venu à la rencontre des agents pour leur témoigner son soutien ; Moetai Brotherson ne manquera pas d’évoquer le sujet avec le ministre de la Justice, Éric Dupont-Moretti, avec qui il a rendez-vous le 2 août, assure son collègue.

« Le 27 juin on a été reçus par les chefs de cour, M. Pison, procureur général, et M. Polle, premier président de la cour d’appel, raconte Heiomui Omitai, secrétaire générale de CSTP-FO Justice. Il nous a été annoncé la venue d’une greffière métropolitaine venant du tribunal judiciaire de Toulon, qui serait en poste chez nous pour une période de deux ans à partir du 2 août 2022. » Les délégués syndicaux, sous statut CEAPF (corps de l’État pour l’administration de la Polynésie française) avaient alors fait part de leur mécontentement : pour eux, la priorité est la nomination des greffiers admis au concours organisé ici récemment, après huit ans d’attente, « alors qu’on est toujours en sous-effectifs. »

« Le directeur des services judiciaires considère qu’il ne va publier des arrêtés de recrutement qu’à partir du moment où il peut y avoir 5 postes. C’est vrai que c’est galère pour nous de les obtenir d’un seul coup, alors que dans la réalité on est en sous-effectifs, mais selon leur calcul à eux, nous ne sommes pas en sous-effectifs, renchérit Angel Flores, secrétaire général adjoint de O Oe To Oe Rima-Justice. Il y a eu un greffier CEAPF qui a été nommé, mais il reste encore des personnes sur les listes d’aptitude et les listes complémentaires. » Ce calcul de l’administration, explique Heiomui Omitai, est basé sur l’ETPT (équivalent temps plein annuel travaillé) qui s’appuie sur l’activité du greffe, « mais sans prendre en compte le stock d’affaires et le mal-être au travail – il y a pas mal d’arrêts longue durée. »

Cette greffière tombée du ciel, leur a-t-on dit, ne serait affectée au tribunal de Papeete que pour deux ans, et les magistrats ont assuré les syndicalistes que son détachement ne serait pas renouvelé à l’issue des deux premières années. « Mais nous, on n’y croit pas, dit la syndicaliste, parce que nous avons déjà eu ce genre de cas. On nous parle de nomination, après on nous parle de mutation, on parle de détachement, les textes ne sont pas les mêmes selon les cas, on veut des éclaircissements. » Les greffiers, qui n’ont pas eu de réponse à leurs courriers au ministre de la Justice et à Édouard Fritch, ont alerté les députés.

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Tematai Le Gayic, de retour de Paris, est venu à la rencontre des agents pour leur témoigner son soutien. Le sujet, dit-il, sera un combat commun avec ses collègues ultramarins. Et Moetai Brotherson, évoquera le sujet avec le ministre de la Justice Éric Dupont-Moretti, qu’il doit rencontrer mardi prochain.

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Réduire la durée de la formation en métropole

À cette problématique se rajoute celle des stages obligatoires de 18 mois pour ce métier de greffier – 14 mois en métropole et 4 mois au fenua. Les futurs greffiers ont saisi les chefs de cour qui ont relayé leur demande à l’École nationale des greffes pour réduire ce séjour à 12 mois, et selon Tematai Le Gayic la cour de Papeete serait capable d’assurer deux mois de formation supplémentaires à Tahiti. Là aussi, les greffiers polynésiens attendent une réponse.