ACTUS LOCALESSANTÉ Les hôtels de Tahiti « réticents » à l’idée d’accueillir les malades du coronavirus Charlie Réné 2020-04-12 12 Avr 2020 Charlie Réné Papeete, le 12 avril 2020 – Une convention a été nouée entre le Pays et un hôtel de la côte Est pour héberger les îliens retenus à Tahiti par la suspension des vols intérieurs. En revanche, les autorités n’ont toujours pas signé d’accord pour créer un ou des sites de rassemblement des malades du coronavirus et limiter les risques de propagation dans leur famille et aux alentours. Le Pays explore d’autres options que celle des groupes hôteliers qui, d’après Jacques Raynal, craignent que l’hébergement des Covid+ pèse sur leur image. Des hôtels vides et des besoins d’hébergement. Le calcul paraissait évident. Voilà au moins deux semaines que le Pays négocie avec des établissements hôteliers de Tahiti pour utiliser certaines de leur chambre désertées par les touristes. La semaine dernière, Jacques Raynal expliquait que ces discussions, entre autres tarifaires, étaient menées avec « un établissement de la côte Ouest et un autre de la côte Est ». Le ministre de la Santé a précisé samedi soir qu’une convention avait été signé avec le second, en l’occurrence le Royal Tahitien où devaient être déplacées certaines des personnes hébergées dans les logements étudiants de l’UPF. Il devrait accueillir les « personnes en attente de revenir dans leurs îles », bloquées à Tahiti depuis l’interdiction des transports entre archipels. Les discussions avec les autres groupes hôteliers ont été abandonnées : le départ du fenua, hier, d’une centaine de Calédoniens, a libéré assez d’espace au centre d’hébergement des étudiants de Outumaoro pour accueillir tous les îliens. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/04/RAYNAL-hotels-1-.mp3 D’autres négociations pour héberger les malades dans un lieu « sécurisé » D’autres négociations sont en cours, « avec une structure un peu plus grande » et « plus éloignée » pour accueillir, cette fois, les malades du coronavirus. Huit « covid+ » sont déjà hébergés, parce qu’ils habitent sur les îles ou parce que leur domicile ne permet pas d’être efficacement isolé des autres, au CMIT, des logements militaires de Taaone. Mais le Pays évoque depuis longtemps la possibilité de rassembler plus largement les personnes contaminées dans « un ou des lieux sécurisés », afin de limiter la propagation du virus. C’est d’ailleurs une des demandes récurrentes du grand public sur les réseaux sociaux. Comme le précise Jacques Raynal, des contaminations intra-familiales ont déjà été observées en Polynésie, du fait, notamment, de conditions de logements précaires ou de grande promiscuité. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/04/raynal-HOTELS-2.mp3 Le ministre de la Santé ne parle pas, à ce stade, d’isolement obligatoire et général des malades. Mais des bâtiments de la mission catholique, « au dessus d’Outumaoro » ont tout de même été identifiés pour créer un lieu d’accueil sécurisé. Un accord pourrait être signé avec une autre structure sur laquelle le ministre n’a pas souhaité donner de détails pour le moment. « Je pense qu’on aura ce qu’il faut pour mettre dans des conditions de sécurité et de confort suffisantes les personnes qui devront rester là 15 jours à trois semaines en isolement », assure seulement Jacques Raynal. Souci « d’image » pour les hôtels Pourquoi ne pas loger les malades dans les hôtels vides de Tahiti ? Tout simplement parce que les groupes hôteliers sont « réticents » à accueillir des covid+, explique le ministre de la Santé. À l’entendre, ce serait surtout « l’après » qui pose problème aux responsables des complexes touristiques. « Ils craignent que le fait d’avoir eu à héberger des personnes porteuses d’un virus, même s’il y a une décontamination (à leur départ, ndlr), cela soit péjoratif en terme d’image » explique Jacques Raynal, qui dit « comprendre » cette réticence. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/04/RAYNAL-hotels-3-reticence.mp3 À noter que la Nouvelle-Calédonie a fait le choix de rassembler tous ses malades du coronavirus, soit 18 cas confirmés à l’heure actuelle, dans un étage dédié du centre hospitalier territorial. Un hôtel de luxe de Nouméa, dont une des collectivités calédoniennes est l’actionnaire de référence, a aussi été réquisitionné. Mais pas pour les malades : le Méridien accueille les résidents rapatriés le temps d’une quatorzaine obligatoire. Malgré les mesures de sécurité entourant l’hôtel, une famille a réussi à rentrer à son domicile, avant d’être ramené sous escorte, il y a quelques jours. Soulignons aussi qu’en métropole, le groupe hôtelier Accor a mis à disposition des soignants qui ne pourraient pas, ou craindraient de rentrer dans leur foyer, près de 2 000 chambres d’hôtel. Aucune initiative de ce type n’a encore été prise au fenua. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Tags:coronavirus