Pour la première fois depuis sa création en 2006, le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies intègre un pays du Pacifique parmi ses 47 membres. Les îles Marshall affichent comme priorités le réchauffement climatique et la justice nucléaire.
Mercredi dernier, les Nations Unies ont élu les îles Marshall au Conseil des droits de l’Homme, basé à Genève. La mission du CDH est de promouvoir et défendre les droits humains et les procédures de l’ONU, et de conseiller le Haut-commissaire aux droits de l’Homme.
Soutenues par les 18 membres du Forum des îles du Pacifique, les îles Marshall avaient affiché leurs priorités le mois dernier devant l’Assemblée générale de l’ONU. « Le progrès multilatéral est en panne alors que nous en avons le plus besoin », avait déclaré la présidente du pays Hilda Heine, exhortant les nations membres à prendre leurs responsabilités, « sans exception et sans double standard. »
Hilda Heine a immédiatement appelé le CDH à reconnaître l’impact de l’héritage nucléaire des tests atomiques américains dans son pays. C’est notamment sur l’atoll de Bikini, le 1er mars 1954, que s’est tenu le plus gros test nucléaire jamais effectué : 15 mégatonnes, soit 1 000 fois plus puissant que la bombe larguée sur Hiroshima. « Malgré ces torts, durant près de 80 ans, nous n’avons pas reçu d’excuses officielles. Il n’y a eu aucune réconciliation significative, et nous continuons à demander des compensations », a-t-elle déclaré la semaine dernière à Genève.
Les îles Marshall, alors sous tutelle des Nations Unies et administration américaine, ont été le théâtre de 67 essais nucléaires entre 1946 et 1958, malgré les demandes répétées du petit pays insulaire de les faire cesser. « Les habitants des Marshall ont été trompés, déplacés de force et soumis à des expériences scientifiques sans leur consentement », a rappelé la présidente.
Autre sujet cher aux îles Marshall, le réchauffement climatique. Avec Palau, les Marshall étaient, en 2011, les premiers pays à demander la justice climatique aux Nations Unies, en réclamant que la Cour internationale de justice oblige les pays industrialisés à réduire leurs émissions de carbone.
Enfin, Hilda Heine a cité deux cas sensibles dans le Pacifique, celui de la Nouvelle-Guinée occidentale, et celui de la Nouvelle-Calédonie. Les îles Marshall vont siéger aux côtés de l’Indonésie et la France, puissances administrantes de ces territoires.