Le Pays a décidé d’approfondir son partenariat avec Texinfine. Le groupe français, spécialisé dans les produits de bien-être et la pharmacopée naturelle, dispose déjà d’une filiale au fenua et construit actuellement une unité de production à Moorea. Il travaille en outre avec le Pays sur le développement de l’aquaculture et sur des innovations en matière de perliculture.
Au total, ce sont cinq conventions qui ont été signées en milieu de semaine entre le vice-président Tearii Alpha et le fondateur des laboratoires Texinfine, Gilles Gutierrez. Le chercheur en pharmacie avait posé le pied au fenua dès 2008 pour travailler sur des algues capables de stimuler la production de nacre des huîtres perlières. Ses observations à terre ou en mer l’avaient alors convaincu du « potentiel » de la flore polynésienne, qui présenterait selon lui des « métabolismes particuliers » du fait de son isolement géographique. Deux ans plus tard, le laboratoire, lancé à Lyon dès 1982, et qui dispose d’une antenne à Malte, s’installe au fenua, créant une antenne à Moorea, puis formalisant une filiale locale en 2016. Fougères, algues, fruits et autres plantes… Comme l’explique son directeur Guillaume le Coz, le but de Texinfine Tahiti est d’identifier localement des « principes actifs » qui rentreront dans la composition de compléments alimentaires ou de produits cosmétiques vendus dans le monde entier.
Des prospections qui ont déjà, semble-t-il, abouti. Dans le catalogue de Texinfine, on trouve aux côtés de « biorégulateurs » à base de grenade, et « d’extraits actifs » d’algues brunes pour « rétablir et conserver la densité des os », des comprimés contenant des extraits de Vanilla tahitensis. Selon Texinfine, qui commercialise la boite à 6 200 francs, la vanille de Tahiti « favorise le mécanisme naturel d’élimination des cellules au matériel génétique biologiquement non conforme », permettant donc « l’assainissement du patrimoine génomique, du système immunitaire ». La vanille pour « réparer » l’ADN, il fallait y penser.
Traitements « préventifs » pour crevettes, bénitiers et paraha peue
Mais au gouvernement, mercredi, c’était surtout de l’activité de recherche de Texinfine qu’il était question. Le groupe, qui a renouvelé son partenariat avec l’Établissement Vanille de Tahiti, collabore déjà depuis longtemps avec l’administration sur le développement des filières aquacoles. Là encore ce sont les propriétés des algues ou de la vanille qui sont mis en avant. La société développe de la « pharmacopée halieutique », qui en complétant l’alimentation des élevages doit réduire la mortalité des géniteurs de crevettes, des paraha peue à l’état d’alevins, ou encore celle des bénitiers lors des transports…
Les conventions signées cette semaine fait intervenir Texinfine dans la filière perlicole. Ses laboratoires doivent développer des « traitements préventifs » à l’apparition de maladie chez les huitres perlières. Et surtout aider à réduire la dépendance de la filière aux importations de nucleus autour desquels les précieuses perles se forment. Ces billes de nacre sont actuellement fabriquées à partir d’autres coquillages, des moules d’eau douce du Mississipi. Là encore, rien de très neuf : Texinfine avait été chargé, dès 2012 de travailler sur des nucleus reconstitués en poudre de nacres d’huîtres perlières locales. « Plusieurs campagnes de production de perles ont déjà été faites avec le service des ressources marines », assure Guillaume le Coz. Il s’agirait désormais d’améliorer la qualité des nucleus locaux.
300 millions de francs d’investissement et une douzaine d’emplois
Les laboratoires français entendent bien poursuivre leur implantation au fenua. Le groupe construit actuellement « une unité industrielle de production » à Vaiare. 300 millions de francs d’investissement au total en comptant l’aménagement de parcelles agricoles. L’inauguration du site est prévue pour le début d’année prochaine, précise Guillaume le Coz. « À l’heure actuelle, on a créé 6 emplois, mais on veut à terme atteindre 12 à 15 emplois, explique le directeur de Texinfine Tahiti. Ça va du technicien au poste de chercheur titulaire d’un doctorat ».