Paris (AFP) – La livre sterling et les indices boursiers ont fortement progressé lundi, les marchés financiers mettant de côté, au moins temporairement, leurs inquiétudes sur une sortie éventuelle du Royaume-Uni de l’Union européenne.
A quelques séances seulement du référendum, prévu jeudi, les Bourses européennes ont démarré la semaine sur les chapeaux de roue. A la clôture, Paris a pris 3,50%, Francfort 3,43%, Madrid 3,41% et Milan 2,54%. A Londres, le marché a progressé de 3,04%.
Le secteur bancaire, particulièrement laminé la semaine dernière alors que les craintes d’un Brexit ont fait plonger les marchés, a notamment relevé la tête.
De son côté, Wall Street évoluait en nette hausse et prenait plus de 1% vers 16H00 GMT.
En Asie, la Bourse de Hong Kong a fini en hausse de 1,69% tandis que l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a bondi de 2,34% en clôture. De son côté, le yen reculait, signe que les investisseurs se détournaient des valeurs refuges.
« Le référendum sur le Brexit est le seul élément qui compte sur les marchés et cela devrait être le cas jusqu’au résultat vendredi », a souligné à l’AFP Frédéric Rozier, conseiller de gestion chez Meeschaert Gestion Privée.
Pour l’heure, « le marché semble soulagé par les derniers sondages qui donnent un avantage au maintien du Royaume-Uni dans l’UE », selon lui.
Divers sondages « ont montré un changement tangible en direction du +Remain+ », c’est-à-dire le maintien du Royaume-Uni dans l’UE, « et il semble que les investisseurs réagissent à ces chiffres », a estimé pour sa part Joe Rundle, d’ETX Capital.
Ce regain d’appétit pour le risque a également profité aux dettes souveraines des pays du sud de l’Europe, au profil jugé plus risqué donc plus rémunérateur.
En conséquence, la dette allemande, autre valeur refuge par excellence, a été laissée de côté par les investisseurs et voyait son taux d’emprunt à 10 ans repartir à la hausse, à 0,051%, après avoir plongé en territoire négatif la semaine dernière, atteignant un plus bas historique de -0,038%.
Les investisseurs sont revenus également sur la livre, délaissée ces dernières séances et qui remontait face au dollar, à 1,4683 dollar pour une livre vers 16H00 GMT. La devise remontait aussi face à la monnaie européenne à 77,07 pence pour un euro.
« Si la livre peut être un indice, les marchés pensent sérieusement que les votants penchent en faveur d’un +Remain+ », poursuit M. Rundle.
« Un revirement de l’opinion » ? –
Les derniers sondages « semblent valider l’hypothèse d’un revirement de l’opinion suite au meurtre de la députée travailliste Jo Cox », avancent les stratégistes du courtier Aurel BGC.
La députée pro-UE Jo Cox a été tuée jeudi dans sa circonscription de Birstall, dans le nord de l’Angleterre, à une semaine du référendum.
Le premier sondage effectué depuis le drame, conduit vendredi et samedi par l’institut Survation, place le maintien dans l’UE en tête à 45%, devant une sortie de l’UE à 42%, alors que leur précédente enquête concluait à l’exact résultat inverse.
Un sondage YouGov, dont le tiers des réponses a été recueillie avant le meurtre, accorde une légère avance aux pro-UE, à 44% contre 43%.
Enfin, la moyenne des sondages, favorable au camp du Brexit la semaine dernière, donnait dimanche les deux camps à égalité parfaite.
Après trois jours de deuil et d’union nationale, la campagne a repris, en exposant à nouveau les profondes divisions qui déchirent le pays et le Parti conservateur.
Le Premier ministre David Cameron a averti dimanche qu’un Brexit serait un « choix existentiel sans retour possible ».
Il a en outre appelé lundi les députés à « s’unir contre la haine qui a tué » leur collègue travailliste Jo Cox, lors d’un hommage solennel au parlement.
Le Fonds monétaire international a indiqué pour sa part qu’une sortie du Royaume-Uni de l’UE aurait un impact « négatif et important » sur l’économie britannique qui pourrait, au pire, tomber en récession l’année prochaine.
En dépit des sondages, « le résultat s’annonce serré et difficile à prévoir », rappelle Aurel BGC, ajoutant que « les marchés devraient rester prudents une fois le rebond initial passé car l’incertitude est toujours aussi forte ».
© AFP JUSTIN TALLIS
Des partisans du maintien de la GB dans l’UE le 20 juin 2016 à Londres