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Les médecins de l’hôpital réfutent s’être désengagés des îles pour leurs indemnités

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Les médecins de l’hôpital ont réagi en fin de semaine dernière au dossier du désengagement des médecins pour les consultations spécialisées avancées (CSA) dans les îles, évoqué notamment le 25 février dernier sur Radio 1 après la signature de la convention du réseau de CSA dans les îles. Le vice-président de la commission médicale d’établissement (CME) de l’hôpital de Taaone, Rainui Richaud, conteste un quelconque désengagement des médecins lié à des problèmes d’indemnités.

Dans un courrier adressé à Radio, la CME est revenue point par point sur le sujet du désengagement des médecins pour les consultations spécialisées avancées dans les îles. Sur le fait que les médecins de l’hôpital ont boudé les missions dans les îles, au motif d’indemnités de déplacement insuffisantes, le communiqué du CME répond : « Aucun praticien hospitalier ou agent du CHPF concerné par ce dispositif ne s’est jamais désengagé au motif d’indemnités insuffisantes ». Selon lui, « les conditions réglementaires et organisationnelles nouvellement imposées par la contrôle des dépenses engagées ont compliqué la gestion logistique des CSA, ce qui a pu entraîner quelques blocages et missions non réalisées ».

Dans un article du 22 juin 2018, Radio 1 citait le ministre de la Santé, Jacques Raynal, qui expliquait au micro, au sujet d’une pénurie de sages-femmes dans les îles : « Une des raisons principales est une raison financière. Le contrôle des dépenses engagées, qui est chargé de vérifier la bonne tenue et la correction des dépenses de l’argent public, a voulu remettre un peu d’ordre dans la maison (l’hôpital, NDLR) et recadrer les dépenses effectuées dans ce système-là, notamment en ce qui concerne les dépenses de bouche et de coucher. »

Le recadrage en question est bien la fin du remboursement des dépassements du plafond des indemnités : plafonds fixés à 15 000 Fcfp par jour pour le logement et les repas, à quoi s’ajoute une indemnité de sujétion spéciale (25 000 Fcfp pour les praticiens et 20 000 Fcfp pour les sages-femmes).

Les médecins ne veulent plus avancer l’argent

Le ministre de la Santé et les médecins de l’hôpital sont en revanche d’accord pour expliquer que le montant des indemnités n’est pas le seul problème. « Désormais, la majorité des missions sont conditionnées par l’obligation nominative d’avance de ces frais logistiques par l’agent missionnaire », écrit Rainui Richaud, de la CME de l’hôpital de Taaone. Jacques Raynal disait la même chose en juin 2018 : « Un certain nombre de personnels refusent de partir maintenant parce qu’ils ont à débourser de leur propre poche certaines sommes d’argent, donc ils refusent de le faire. »

L’ouverture au secteur libéral liée au désengagement des médecins de l’hôpital ?

Rainui Richaud assure également dans cette réponse au nom du CHPF que « la participation du secteur libéral et des médecins de la direction de la santé aux missions dans les îles n’est pas une nouveauté » et que « cette nouvelle convention n’a pas été motivée par un quelconque désengagement des praticiens hospitaliers et agents du CHPF ».

Des propos qui viennent donc contredire le communiqué du conseil des ministres du 11 juillet 2018, dans lequel il était écrit : « Pour cette fin d’année 2018, considérant que les praticiens hospitaliers du CHPF se désengagent progressivement de ce dispositif, il a été convenu de pallier à (sic) cette situation en permettant à la Direction de la santé de financer, via une participation des trois régimes, les frais de déplacements de ses médecins spécialistes et d’intervenants libéraux. Cette convention cadre a vocation à s’éteindre au 1er janvier 2019, date à laquelle sera en place un nouveau cadre conventionnel et opérationnel, la cellule de coordination étant déportée du CHPF à la Direction de la santé. »

53 millions de Fcfp, et pas 14

Enfin, la commission médicale d’établissement du CHPF précise une donnée budgétaire. Selon la CME, le bilan d’activité 2017 des consultations spécialisées avancées dans les îles « s’établit à 466 missions, 950 jours de mission et 9241 consultations réalisées » et l’enveloppe budgétaire annuelle s’élève à « environ 53 millions de Fcfp ». Beaucoup plus que les « 14 millions de Fcfp pour 2019 » évoqués par le Pays dans notre article.