L’Autorité polynésienne de la concurrence a rendu lundi un avis sur le « fonctionnement du secteur de la distribution pharmaceutique » en Polynésie, à la suite de son auto-saisine du 18 février 2016. Un rapport qui met en exergue le cout élevé des médicaments, 23,% plus chers qu’en métropole, et qui propose de développer davantage les officines en Polynésie.
Le dernier rapport de l’Autorité polynésienne (APC) de la concurrence d’une centaine de pages, transmis lundi au gouvernement, pointe du doigt les lacunes du secteur de la distribution du médicament en Polynésie. Un marché qui pèse environ 10 milliards de Fcfp par an au fenua et qui dispose de nombreux leviers pour réduire son impact sur les caisses de la CPS mais aussi sur le porte-monnaie des polynésiens. En effet, selon l’APC, les Polynésiens dépensent environ 41 500 Fcfp par an et par habitant en médicaments. Des dépenses décrites comme inférieures à d’autres pays mais qui « demeurent globalement assez élevées, lorsqu’elles sont rapportées à la richesse produite ».
Des pistes pour faire baisser le prix des médicaments
Parmi les pistes proposées par l’APC pour réduire les coûts des médicaments, la révision de la formule de calcul du prix des médicaments remboursables. Un véritable enjeu afin de rendre plus transparente la composition du prix de gros jusqu’au prix de détail en pharmacies. La TEAP (Taxe pour l’Environnement, l’Agriculture et la Pêche) créée en 2001 est également dans le viseur de l’APC qui se questionne sur la cohérence du maintient de cette taxe, initialement prévue pour la gestion et la valorisation des déchets, notamment médicaux. La taxe qui rapporte au Pays environ 2,5 milliards Fcfp par an mais dont « l’essentiel des sommes collectées est affecté à un autre usage ». L’autre axe de réduction des coûts relevé par l’APC se situe sur l’indexation du prix des médicaments génériques, calculée actuellement sur le PPTTC (Prix public toutes taxes comprises) et qui engendre une augmentation significative pour le consommateur. L’économie réalisée est estimée à un peu plus de 90 millions de Fcfp.
Développer les officines
L’APC recommande également d’améliorer l’accès de la population aux médicaments en développant l’implantation et la création de nouvelles officines sur l’ensemble du territoire. Les seuils de populations et de distances minimales entre deux officines sont aujourd’hui trop contraignants pour développer un « maillage officinal du pays ». Pour améliorer cet accès aux médicaments, l’APC propose d’une part la possibilité aux pharmaciens de mettre à disposition, et en libre accès, certains médicaments de « médication officinale ». Et d’autre part de proposer la vente de produits dits « frontières », tels que les produits destinés aux lentilles oculaires, vitamines et autres compléments alimentaires, dans les grandes surfaces.
Enfin l’autorité demande de valoriser la profession de pharmacien en la légitimant comme profession de santé. Ce nouveau statut permettrait à ces derniers de dispenser de nouveaux services, tels que des bilans médicaux ou le suivi de patients chroniques, rémunérés par honoraires.