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Les passeports de complaisance du Vanuatu au cœur d’un scandale de blanchiment d’argent à Singapour

Six des 10 condamnés dans la plus grosse affaire de blanchiment d’argent que Singapour a jamais connue sont des citoyens chinois qui détenaient des passeports de complaisance du Vanuatu.

Ce n’est un secret pour personne que le Vanuatu, qui vend ses passeports pour s’assurer des rentrées de devises – le système « cash for passports » a rapporté 11,5 milliards de Fcfp au pays en 2020 – n’est pas très regardant sur le pedigree des candidats à la nationalité ni-vanuatu, qui peuvent ainsi avoir accès sans visa à 95 pays, y compris ceux de l’espace Schengen, le Royaume-Uni, les États-Unis ou Singapour.  En juin dernier, un comité parlementaire avait révélé que plus de 4 000 passeports vanuatais avaient été vendus, la majorité à des ressortissants chinois, bien qu’il soit illégal pour un Chinois de détenir une double nationalité.

Et c’est justement à Singapour que se déroule la plus grosse affaire de blanchiment d’argent que la célèbre ville-état n’ait jamais connue. Elle fait suite à l’arrestation, en 2023, de 10 ressortissants chinois impliqués dans les paris et des arnaques en ligne. En janvier dernier, la justice singapourienne avait saisi des biens d’une valeur de plus de 3 milliards USD – près d’une centaine d’appartements et de villas, des comptes bancaires, des lingots d’or, des portefeuilles de cryptomonnaie, des vins fins et des voitures de luxe.  Six des 10 accusés, condamnés en avril dernier, détenaient non seulement des passeports chinois (ils sont tous originaires de la province du Fujian), mais aussi du Vanuatu, ainsi que d’autres pays comme Chypre, la Turquie, St Kitts & Nevis ou le Cambodge. En échange d’une réduction de peine – ils ont écopé de condamnations de 13 à 18 mois de prison – ils ont laissé à Singapour 90% des biens saisis avant d’être expulsés. Dix-sept autres personnes sont encore recherchées.

L’affaire a choqué Singapour, troisième hub financier offshore après la Suisse et Hong Kong, provoquant une révision des politiques des banques qui ont renforcé leurs règles, et ciblent particulièrement leurs clients détenteurs de plusieurs passeports. Les autorités assurent vouloir se montrer plus stricts envers les « family offices ». De son côté l’Union européenne veut restreindre le système d’exemption de visa qui s’applique aux porteurs de passeports du Vanuatu.

Pas de quoi, en tout cas, assombrir les relations entre la Chine et le Vanuatu : les clés du nouveau palais présidentiel entièrement financé par Beijing ont été remises à Charlot Salwai le 5 juillet dernier. Pékin prévoit également la construction d’un nouveau ministère des Finances et la rénovation du département des Affaires étrangères du pays insulaire,

 

 

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