Taimana Ellacott © Radio1

Pour le meilleur et pour le pire

Oyé Oyé ! Dimanche vous allez voter pour l’avenir de notre Fenua ! En votre âme et conscience, vous allez partager votre vision de cet avenir qui vous caractérise en fonction de l’offre politique qui vous est proposée ! C’est la première phase d’un mariage, sauf qu’à la place des confettis vous avez des promesses ; le contrat de mariage est supplanté par un contrat social ; et à la place d’un blanc immaculé, vous serez habillés des couleurs les plus vives de vos partis respectifs ! Voici donc ces deux entités, le peuple polynésien et les 9 prétendants leur faisant la cour, souhaitant former entre elles cette union sacralisée par la démocratie. Et si quelqu’un pouvait prouver qu’il y a quelque juste cause à ce qu’elles ne puissent être légitimement unies, qu’il parle maintenant ! Ou dorénavant, qu’il se taise pendant 5 ans…

L’amour a ses raisons que la raison… ‘ia c’est fiu !

Laissons donc parler notre raison au 2^e tour mais faisons parler nos cœurs pour le 1^er ! Neuf listes c’est peu, mais c’est suffisant pour épouser toutes les diversités culturelles et sociales horizontales (les CSP, origines ethniques, genres) et verticales (générations) de notre peuple ! Profitez donc de ces élections pour dessiner la carte cognitive de notre pays ! N’y voyez pas un choix simpliste de l’indépendance VS l’autonomie ! Voyez plus grand, soyez audacieux, visez la lune ! La belle Hina vous guidera ensuite vers les étoiles…

Un de perdu, 9 de retrouvés !

– Tu es un jeune avec des rêves plein la tête, sans emploi parce que tu n’es pas assez expérimenté, et tu ne sais pour qui voter ? Et bien vote Te hiti Tau ‘āpī.

– Tu es nostalgique des années folles, tu aimes  la protection d’un metua quitte à ce que ça te coûte plus cher, et tu ne sais pour qui voter ? Et bien vote Tahoera’a Huira’atira

– Tu es une femme travaillant dur pour nourrir tes enfants, et tu trouves que Teva Rohfritsch est plutôt mignon ? Et bien vote pour A ti’a Porinetia

– Tu es satisfait du gouvernement actuel, et tu aimes les chapeaux pae‘ore, et bien vote pour l’UPLD.

– Tu es un matahiapo qui s’inquiète pour sa retraite, tu aimes la France et les petites cartes d’identité bleues avec photo en noir et blanc ne te gêne pas, et bien vote Rassemblement pour le respect des populations polynésiennes

– Ta mamie est tombée malade et tu as vu l’efficacité de A Tauturu ia na en métropole, mais surtout tu penses que le Président de la Polynésie française n’est pas obligé de maitriser la langue de Molière? Et bien vote Ia Tura to’u Fenua

– Tu es une jeune femme et tu trouves que le mauve te va très bien, tu admires la volonté des gens qui nagent contre le courant même affaibli ? Et bien vote Tous Polynésiens

– Tu as des membres de ta famille sur la liste de André TANEPAU et tu aimerais bien qu’ils aient plus de voix que de noms inscrits sur leur liste ? Et bien vote pour ‘Amuitahira’a Huira’atira

– Tu es employé à Casino ou à Tahiti Nui Travel et ton boss a dit que s’il avait moins de voix que d’employés sous ses ordres, vous n’auriez pas de primes ? Et bien vote Te ara ti’a

Mais surtout, si tu es au dessus de tous ces clichés stéréotypés qui t’ont fait rire ou pleurer,  qui t’ont scandalisé ou subjugué, ou que tu voudrais qu’ils n’existent que dans ces lignes imaginées par mon esprit fourbe : et bien vote pour celui que tu penses être le meilleur et non le moins pire ; vote pour un projet de société qui te plaît et non une directive d’autrui ; vote pour ton avenir intégré à celui des autres et non pour l’avenir d’un politicien.

Il existe peu de droits qui ressemblent à des devoirs, peu de droits qui donnent un réel pouvoir. Les droits sont souvent là pour protéger, défendre ou atténuer les effets pervers de la société. A chaque droit son lot de morts ou de blessés, et c’est grâce à ces sacrifices humains sur l’autel de l’humanisme que ces droits naissent. Le vote partage ces caractéristiques, sauf qu’il est plus puissant car il est un droit d’action. Un droit qui accuse, récuse ou admet les bilans mais surtout les projets. Son pouvoir est tellement supérieur qu’il est au dessus de toute hiérarchie des normes abstraites, pondue par tous ces technocrates déconnectés. Comparable à un amour profond, le droit de voter est sacré. Tout comme une chanson de Gainsbourg, voter c’est :

« Qu’importe le temps

Qu’emporte le vent

Mieux vaut ton absence

Que ton indifférence. »

Citoyennement, Te aroha ia rahi.

Taimana Ellacott