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Les Polynésiens de huit à dix fois plus touchés par le covid-19 aux États-Unis

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Les populations polynésiennes émigrées aux États-Unis paient un lourd tribut au covid-19. Ainsi, les dernières données sanitaires de l’État de l’Alaska indiquent que les habitants originaires des îles du Pacifique, les Samoans et les Tongiens, ainsi que les autochtones sont plus susceptibles de contracter le covid-19 et d’être hospitalisés pour cette maladie. En cause des logements surpeuplés et multigénérationnels, mais aussi des métiers à risques. Mais cette problématique s’étend aussi à tous les états d’Amérique du nord, dont Hawaii.

Les dernières données sanitaires de l’État d’Alaska indiquent que les personnes originaires des îles du Pacifique ont contracté le covid-19 à un taux environ huit fois supérieur à celui du reste de la population et sont plus de quatre fois plus susceptibles d’être hospitalisés avec le virus.

Les autorités sanitaires expliquent ceci par le fait que les Polynésiens, les autochtones et les Indiens d’Amérique, qui ont également été plus sensibles au virus, ont plus de probabilité de vivre dans des logements surpeuplés et multigénérationnels où le virus peut facilement se propager. Et d’occuper des logements qui manquent également d’installations sanitaires adéquates, un autre facteur contribuant à la propagation du virus.

Lucy Hansen, présidente de l’Association polynésienne d’Alaska, a déclaré que la proximité physique est habituelle pour la communauté des îles du Pacifique. « Nous sommes une culture dans laquelle nous aimons étreindre et nous aimons embrasser. C’est la façon dont nous montrons notre amour et notre affection ».

Les rassemblements sociaux ont été un vecteur de transmission du virus et la présidente de l’Association polynésienne d’Alaska a demandé aux chefs de communautés et d’églises de faire passer le message que se réunir en personne peut être dangereux. Elle a également traduit des ressources d’information sur la santé en samoan et en tongien pour les membres de la communauté qui ne parlent pas l’anglais comme première langue. Pour l’heure l’Alaska a dénombré depuis le début de la pandémie 5 985 cas et enregistré 34 décès.

Une population globalement plus touchée aux USA

Globalement, les habitants des îles du Pacifique vivant aux États-Unis, soit 1,5 million, sont particulièrement touchés par le covid-19 avec un taux jusqu’à 10 fois supérieur à celui de certains autres groupes ethniques.

Les principaux facteurs relevés par les autorités sanitaires montrent que, comme en Alaska,  les insulaires ont tendance à vivre en groupes familiaux importants et en communautés très soudées et qu’ils ont des taux plus élevés de maladies chroniques, comme le diabète, qui peuvent compliquer la maladie de covid-19.

Outre ces facteurs sanitaires, le facteur social rentre aussi en compte. Ainsi les experts affirment que les insulaires du Pacifique sont également plus susceptibles que les autres de ne pas être assurés ou sous-assurés, ou d’être exclus de Medicaid (assurance maladie publique destinées aux personnes défavorisées) en raison de leur statut d’immigration, et qu’ils sont plus susceptibles d’effectuer un travail essentiel en première ligne, comme être militaire ou travailler dans la sécurité et les services à la personne, ce qui augmente leur risque d’exposition au coronavirus.

À Hawaii aussi

À Hawaii, où l’île de Oahu est de nouveau en confinement, selon le ministère de la Santé, les ressortissants des îles du Pacifique, en dehors des natifs, représentent 16 % des décès dus au coronavirus, alors qu’ils ne représentent que 4 % de la population. Sur les 49 décès que comptait alors l’archipel (il en compte 61 actuellement), huit concernaient des habitants des îles du Pacifique, de Micronésie et de Mélanésie, à l’exclusion des natifs d’Hawaii.

Et là aussi, les facteurs mis en avant sont les mêmes que précédemment. Nombre d’entre eux ne sont pas éligibles à Medicaid et occupent des emplois moins bien rémunérés ou sont au chômage. Cela les oblige soit à se passer de soins de santé, soit à compter sur des cliniques communautaires surchargées. De plus, étant donné qu’ils ont tendance à vivre ensemble, toutes générations confondues, il leur est plus difficile de s’isoler, favorisant ainsi une transmission rapide du covid-19.

Selon les derniers chiffres, les États unis comptent 6 139 417 cas de covid-19 et le bilan des décès est de 186 857.