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Les prestations aberrantes de l’Egat

©Cédric Valax

Dans son rapport accablant sur la gestion de l’Egat, la chambre territoriale des comptes s’étonne de l’explosion des recours aux prestataires : 3,5 millions de Fcfp en 2010 contre 34 millions de Fcfp en 2016. La juridiction pointe d’ailleurs un certain nombre de prestations « redondantes » ou « en doublon » qui ont opportunément pris fin juste après son passage.

Une bonne partie du dernier rapport de la chambre territoriale des comptes sur la gestion de l’Etablissement de gestion et d’aménagement de Teva (Egat) est consacrée aux nombreuses aberrations dans le recours aux prestataires de l’établissement public. Outre les prestations effectuées par un ancien directeur (voir ci-après), l’Egat a eu recours à trois prestataires différents entre le 15 juillet 2016 et le 17 octobre 2017 « pour la même mission s’agissant du domain Ovini »« Ces prestataires ont dressé des constats indiscutables, que les directeurs successifs auraient dû pouvoir dresser par eux-mêmes », s’étonne la chambre qui « s’interroge sur le rôle du directeur de l’établissement ».

Autres anomalies, la chambre a relevé des « prestations redondantes » pour le suivi de l’entretien, la mise en place et le contrôle du planning des travaux. Deux conventions ont été signées en 2016 avec un prestataire alors que l’Egat faisait appel à un autre prestataire pour la même mission depuis 2015… Même problème pour l’entretien des cours d’eau avec deux prestataires « en doublon ». La juridiction conclut d’ailleurs : « A l’issue du contrôle de la chambre territoriale des comptes, l’établissement a mis fin à un certain nombre de conventions, ce qui démontre au contraire que certaines interventions constituaient effectivement des doublons difficilement compréhensibles au vu de la situation financière de l’établissement ».

Les curieuses prestations d’un ancien directeur

Deux prestations passées avec un ancien directeur de l’établissement, Adrien Lombard, posent plusieurs interrogations à la juridiction. L’Egat a en effet signé deux conventions avec cet ancien dirigeant sur « l’inventaire du musée Gauguin » et sur « l’aménagement du domaine Ovini » pour une rémunération totale de plus de 3,7 millions de Fcfp. Dans son rapport, la chambre constate pourtant que la première prestation s’est avérée irréalisable, qu’elle a ensuite évolué mais n’a jamais été entièrement réalisée et que « les travaux qui ont été suivis par le prestataire n’ont rien à voir avec des propositions d’aménagement qu’il aurait pu formuler, comme prévu par la convention ».

Pour la seconde mission, la chambre note même que le rapport présenté par Adrien Lombard est majoritairement composé « d’extraits de sites Internet consacrés aux jardins botaniques des communes de Saverne et Strasbourg », d’une présentation « établie par le gérant du parcours accrobranche de Moorea » et de propositions « frappées du bon sens » pour lesquelles « il apparaît singulier que l’éblissement ait dû recourir à un prestataire extérieur ».