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Des grandes fermes solaires « sur toiture » dans le Nord de Tahiti

À quelques semaines du lancement d’un deuxième appel à projets pour de grandes installations photovoltaïques, le gouvernement a modifié les règles du jeu. La future procédure, qui sera ciblée sur la partie Nord de Tahiti, plus proche des centres de consommation, avantagera les « projets favorisant la coactivité » et les économies de foncier. Avec des systèmes de serres ou d’ombrières solaires, mais aussi des installations sur des bâtiments, hangars, ou des parkings.

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C’était acquis depuis 2021, et le lancement du premier appel à projets photovoltaïques : les 30MW crète de fermes solaires alors autorisées ne seraient qu’une première fournée. Et le Pays devait lancer, avant même leur raccordement, une deuxième tranche d’appel à projets. Fin 2023, la procédure est lancée, puis très vite annulée : devant les débats entre professionnels sur les conditions techniques de ce nouveau pas en avant vers le renouvelable, le Pays avait préféré temporiser. Depuis, les lauréats du premier appel à projets ont tous construit et mis en service, entre novembre et décembre, leurs quatre fermes solaires : Mahana O’hiupe (famille Siu et alliés), Mana Solar (groupe Moux), Fare Meri et Fare Gouwe (Ito Nui, filiale d’EDT-Engie).

Seul 50% de la note sur le prix

Qu’importe si la météo de ces dernières semaines n’a pas vraiment mis en avant ces nouvelles installations, dont certaines ont dû ponctuellement délester leur énergie pour faire de la place à celle des barrages de Marama Nui. Le gouvernement, à qui certains reprochent d’avoir « perdu du temps » sur cette deuxième tranche, est bien décidé à avancer. L’appel à projets n’est toujours pas lancé, mais le conseil des ministres de ce mercredi lui a préparé le terrain en modifiant l’arrêté de 2021 qui fixe les règles du jeu de ce genre de procédure. Désormais « 50% de la notation est fondée sur le prix de vente de l’électricité produite et 50% sur le type d’implantation du projet favorisant la coactivité », c’est à dire l’optimisation de l’utilisation du foncier, comme précise l’exécutif dans un communiqué. L’appel à projets de 2021 retenait déjà un critère de « type d’implantation du projet », qui permettait de distinguer les centrales qui n’occupaient pas un terrain pour le seul besoin de la production électrique, mais il ne représentait alors que 25 des 100 points de notation.

Sur les bâtiments, hangars, parkings, ou exploitations agricoles 

Le gouvernement fait donc de la préservation du foncier « une priorité », raison pour laquelle les porteurs de projets « sont fortement incités à implanter les installations sur toiture ». Cette « incitation » avait plus ou moins inspiré lors de la première fournée. Mahana O’hiupe avait surélevé tous ses panneaux de Taravao pour laisser paître les troupeaux bovins. Mana Solar en avait monté une partie sur des serres, pour permettre la production maraîchère des propriétaires du terrain, et veut développer sur le reste de la centrale un élevage de moutons. Seule EDT avait choisi des panneaux entièrement installés au sol, se rattrapant ensuite en proposant à ses employés d’installer des ruches aux abords de la ferme pour produire du miel et, pourquoi pas, du nougat. Pour apprécier la pertinence des futurs modèles de « coactivité », le ministère de l’Agriculture sera intégré dans la commission en charge de l’instruction des candidatures.

Mais « l’agrivoltaïque » n’est pas la seule solution pour gagner des points. Cette fois, c’est aussi sur les toits « de bâtiments de hangars » ou ombrières sur les parkings que les promoteurs sont incités à rechercher de l’espace disponible. Une option qui était déjà sur la table en 2021, mais qui est cette fois des plus cohérentes avec la zone d’implantation des futures centrales. Fini Taravao, Mataiea et la Presqu’île, bien loin du cœur de la consommation électrique qu’est la zone urbaine de Papeete. Le Pays entend limiter ce deuxième appel à projets au Nord de Tahiti : de Atimaono à Faatautia, soit la zone qui est desservie par la boucle 90 000 volts de la Tep, là où le Sud de l’île se contente d’un réseau 30 000 volts, déjà au bord de la saturation quand les centrales actuelles produisent à plein régime. Si les promoteurs de la première fournée de fermes avaient choisi cette zone Sud, ça n’est pas un hasard : le foncier y est plus disponible et moins onéreux. Quelle que soit la solution qu’ils retiennent dans cette deuxième procédure – solaire sur toiture ou solaire au sol surélevé pour permettre les activités agricoles – fort est à parier qu’elle coûte plus cher au producteur, et donc in fine, au consommateur.

Avec ou sans batteries ? 

Un élément important reste à préciser sur ce deuxième appel à projets solaires : les batteries. L’énergie photovoltaïque, par essence intermittente et soumise aux caprices de la météo, nécessite des capacités de stockage, ne serait-ce que pour lisser la production dans l’heure ou dans la journée. Les quatre premières fermes étaient donc tenues d’être équipées de volumineuses batteries, qui représentent une part importante de l’investissement et de l’ingénierie. Ce que certains – les promoteurs lauréats du premier appel, avant tout – voudraient voir rester la règle à l’avenir. D’autres – des plus petits acteurs, mais aussi la Tep – voudraient que cette obligation soit levée du cahier des charges, et que le stockage se fasse directement sur le réseau. Ce qui implique des investissements publics. De ce point de vue, l’appel à projets, qui doit être lancé courant février sera une « surprise » pour beaucoup de professionnels, dont certains se plaignent déjà de ne pas avoir eu l’occasion d’échanger avec la direction de l’Énergie en amont de cette procédure.

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