Lors du dernier conseil des ministres, Edouard Fritch a annoncé sa volonté d’engager une réflexion sur la filière du monoï et de de réformer le Groupement Interprofessionnel du Monoï de Tahiti (GIMT) en charge de la promotion du produit. Une décision destinée à calmer les tensions entre les deux « clans » qui existent désormais au sein du GIMT. Trois producteurs de monoï « frondeurs », sur les huit qui composent le GIMT, veulent sortir du groupement et ainsi ne plus être soumis à la taxe parafiscale sur le monoï. Ils annoncent qu’ils s’organisent en « cluster » mais réclament le droit de garder le bénéfice de l’appellation d’origine contrôlée.
Véritable emblème de la Polynésie, le monoï est un des rares produits exporté par la Polynésie à avoir généré un chiffre d’affaire indéfectiblement croissant ces dix dernières années (+42%). Même si le marché est assez réduit, le succès du monoï à l’international n’a cessé de croître pendant les plus dures années de la crise économique mondiale. Selon un rapport de l’IEOM, plus de 400 marques ont utilisé le monoï dans certains de leurs produit en 2015. Deux fois plus qu’il y a dix ans ! Pourtant ce superbe tableau n’a pas empêché le président, Édouard Fritch, désormais responsable du portefeuille de l’Agriculture, d’annoncer sa volonté de réformer le GIMT en milieu de semaine. Olivier Touboul, le président du GIMT, assure que la réforme souhaitée par le Président émane de discussions menées récemment entre les producteurs et le Pays. Selon lui, elle portera sur le statut juridique du GIMT mais aussi sur l’organisation de la production afin que la filière se donne les moyens de ses ambitions internationales.
Mais l’aspiration à augmenter la rentabilité du monoï n’est pas la seule explication à la volonté de réforme exprimée par le président. Depuis quelques mois, des tensions se sont installées entre les huit producteurs de monoï qui composent le GIMT. Le 15 décembre dernier, la Dépêche de Tahiti révélait qu’un courrier avait été envoyé par trois producteurs à Édouard Fritch et aux représentants de l’assemblée pour dénoncer certaines dérives au sein du GIMT… Les trois producteurs contestataires, Rau Hotu Tahiti, le Laboratoire de cosmétologie de Tahiti et la Parfumerie Sachet, réclamaient une meilleure gestion des fonds, des prises de décisions collégiales et un audit. Selon certaines sources, le nerf de la guerre est l’utilisation de la taxe parafiscale prélevée sur les exportations du monoï et dont le produit est utilisé par le GIMT pour développer la filière. De simples « optiques et des visions différentes » causées par « des profils et des personnalités fortes ou atypiques », affirme Olivier Touboul. Et pourtant, les producteurs frondeurs semblent résolus à en finir avec le GIMT. Tetautiare Père Toomaru est la gérante de Rau Hotu Tahiti. Elle indique que son entreprise, comme les deux autres signataires du courrier, se sont rassemblées en un « cluster » et qu’elles demandent désormais au Pays le droit de quitter le GIMT en conservant leur « appellation d’origine contrôlée ».
Le président du GIMT, Olivier Touboul considère qu’il s’agit d’une « très mauvaise idée pour l’intérêt du produit et l’intérêt du Pays ». De son côté, le président Edouard Fritch semble afficher sa volonté de maintenir le groupement en vie. Il a même fait parvenir une feuille de route « demandant d’essayer de trouver des visions communes pour les différents acteurs de la filière et de continuer à travailler la promotion à l’exportation », explique Olivier Touboul.