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Les quatre parlementaires Tapura vont-ils devoir changer de groupe ?

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« J’espère qu’on va nous demander notre avis, » a réagi Nicole Sanquer, députée de la deuxième circonscription, à l’annonce d’un accord de partenariat entre le Tapura Huiraatira et La République en Marche.

Les parlementaires polynésiens élus sous l’étiquette du Tapura se demandent à quelle sauce ils seront mangés si l’accord annoncé jeudi dernier se matérialise. Leur crainte : « On va nous imposer une adhésion » aux groupes LREM à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Une annonce qui ravive les soupçons de tensions internes au sein du Tapura, dont on avait eu un aperçu durant la campagne des élections européennes. Le Tapura avait annoncé son soutien à la liste Renaissance de LREM, qui s’était traduit par l’apparition à la onzième heure de Tearii Alpha en position non éligible sur la liste Renaissance.

Les quatre parlementaires issus de la majorité – Nuihau Laurey et Lana Tetuanui au Sénat, Maina Sage et Nicole Sanquer à l’Assemblée nationale  – avaient publié un communiqué dans lequel il jugeaient cette décision « particulièrement inappropriée » alors qu’ils siègent depuis le début de leur mandat avec l’UDI  à l’Assemblée nationale et l’Union centriste au Sénat . « Les relations État-Pays (…) sont bonnes, mais nous ne sommes pas pour autant d’accord avec le mouvement politique du gouvernement en métropole, avait précisé Nicole Sanquer le 1er avril dernier, et c’est pour cela que le choix d’être dans un groupe centriste nous convenait très bien. » Nicole Sanquer disait aussi que l’UDI, « qui nous (a) toujours soutenus loyalement dans le respect de nos positionnements politiques » interprétait l’épisode comme un « deal » – conclu dans le dos de l’UDI – pour obtenir le vote du toilettage du statut de la Polynésie aux conditions du Tapura.

 Lana Tetuanui déjà convaincue de changer de groupe ?

Depuis, aux Européennes, les électeurs polynésiens ont donné 42,4% de leurs voix à la liste macroniste, son meilleur score dans les outre-mers où, à l’exception de la Martinique, le Rassemblement national est arrivé en tête partout. C’est fort de cette image de bon élève que le président Fritch a rencontré le délégué général de LREM Stanislas Guérini la semaine dernière, et annoncé que leurs partis respectifs travaillaient sur un accord de partenariat.

Fait nouveau, Lana Tetuanui assistait à la rencontre, ce qui n’est pas courant pour les rencontres purement politiques telles que celle-ci. Lana Tetuanui qui était il y a deux mois solidaire de ses collègues au Parlement. Il faut aussi noter que la sénatrice a été la seule parlementaire polynésienne à voter la confiance au gouvernement d’Édouard Philippe le 13 juin dernier ; Nuihau Laurey s’est abstenu, tout comme Maina Sage et Nicole Sanquer à l’Assemblée nationale la veille.

 « On attend de voir le contenu de l’accord. Édouard Fritch lui-même ne savait pas si cela allait se traduire par un transfert à LREM. J’espère qu’on sera consultés sur la rédaction de cette convention, » dit Nicole Sanquer. Selon elle, ce qui inquiète les trois parlementaires rétifs, c’est la rigoureuse discipline de vote imposée aux parlementaires LREM ; les centristes, s’ils soutiennent le gouvernement en place sur plusieurs sujets, sont moins directifs. Les rapports avec l’UDI se tendent, admet Nicole Sanquer : « C’est un peu compliqué à Paris, là. » Et elle ironise : « Et si en 2022 c’est le Rassemblement national qui gagne, on fait quoi ? »