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Les restaurants remettent une partie du couvert

©Charlie Réné

Après plus de cinq semaines de fermeture, les restaurants peuvent reprendre leur service à table depuis ce matin. Une réouverture très attendue, mais qui doit se faire dans des conditions d’hygiène et de sécurité contraintes. Il est notamment « recommandé » aux restaurants de ne pas remplir leur salle à plus de 50%. Pour le président du syndicat des restaurants Maxime Antoine-Michard, l’essentiel était de pouvoir reprendre l’activité… Il s’agit maintenant d’obtenir des mesures de soutien des autorités.  

Comme la quasi-totalité des entreprises, les restaurants peuvent reprendre leur activité à partir de ce mercredi. Certains avaient choisi de ne pas fermer pendant le confinement strict, développant leurs services de livraison ou de vente à emporter. Mais la majorité des restaurants traditionnels avaient bien gardé portes closes depuis plus de cinq semaines. Port du masque, hygiène des mains… Pour assurer le respect des gestes barrières, les établissements vont devoir mettre en place les même règles que les autres lieux d’accueil du public. Mais dans ces établissements sociaux par nature, il faudra aller un peu plus loin.

Ardoise ou menus jetables pour éviter les passages de main en main, personnes dédiées aux appels téléphoniques pour ne pas s’échanger le combiné, port des gants lors des contacts avec les clients… Surtout, les recommandations mises sur la table hier par le Pays préconisent la restriction à 50% de la capacité d’accueil de chaque établissement pour écarter les tables, une limitation du nombre de clients par table à « 6 à 8 » personnes, si possible pas en face à face. C’est ce que rappelle Maxime Antoine-Michard, le président du syndicat des restaurants, bars, et snacks-bars.

Des règles qui ne nécessitent pas d’investissements particuliers, mais qui vont tout de même peser lourd sur la rentabilité des établissements. Le syndicat adhérent de la CPME rappelle que si ces règles, proposées par les professionnels eux-mêmes, ont été mis en place c’est justement pour pouvoir abréger la déjà longue période de fermeture. « Il s’agit, derrière l’aérien et le tourisme, du secteur le plus touché par cette crise, pointe le responsable. On attend tous le moment de pouvoir accueillir 100% de nos clients à table, mais pour le moment, on se contentera de 50% ».

Respect des recommandations : « il en va de l’avenir du secteur »
Recommandation ne veut pas dire obligation. Si tous les chefs d’entreprise ont, de façon générale, la responsabilité d’organiser le respect des gestes barrières dans leur société, ils peuvent choisir l’organisation qui leur semble la plus adéquate. Le gouvernement n’a d’ailleurs pas prévu de sanction pour le non respect de ses « recommandations fortes », précisant seulement que le Haut-commissariat pourrait intervenir en cas d’abus manifeste.

Maxime Antoine-Michard est président du syndicat des restaurants de Polynésie, vice-président de la CPME et directeur général de McDonald’s Tahiti.

Maxime Antoine-Michard, pourtant, s’attend à ce que les restaurateurs appliquent les recommandations « comme si c’était des obligations ». Et compte bien, au travers du syndicat, les encourager dans cette voie. « Il en va de l’avenir du secteur », estime le vice-président de la CPME : une nouvelle percée de l’épidémie de coronavirus « n’est dans l’intérêt de personne », et surtout pas des restaurants, qui pourraient alors être obligé de fermer de nouveau.

Reste à savoir si les clients suivront cette reprise. « Nous ça nous a manqué de travailler et je pense qu’il y a des clients à qui ça a manqué d’aller au restaurant, répond le président du syndicat, qui est aussi directeur général de McDonald’s Tahiti. En tout cas nous, restaurateurs, on va mettre en place toutes les mesures pour garantir la sécurité des clients, comme celle des salariés ».

Frileuse ou pas, la clientèle ne devrait pas permettre d’atteindre les niveaux d’activité passés. Ne serait-ce qu’à cause de la panne sèche du tourisme, qui abreuve beaucoup de restaurants en clients. Maxime Antoine-Michard explique qu’une campagne pourrait être lancée « avec le Pays », dans les semaines ou mois à venir, pour encourager la clientèle locale à sortir de nouveau. Mais surtout il estime que, vu les graves difficultés que vont rencontrer beaucoup de structures, des « mesures d’accompagnement sectorielles » devront être discutées, à l’instar du secteur du tourisme ou de l’aérien.

La CPME et le syndicat des restaurants, bars et snack-bars, devrait travailler sur un état des lieux et des pertes (denrées périssables perdues pendant le confinement…) dans les jours à venir. Les restaurants, eux, ouvrent petit à petit ce mercredi. Certains, qui avaient totalement fermé, ont choisi de reporter l’ouverture à la semaine prochaine, le temps d’organiser leur activité aux nouvelles règles de sécurité.

Bars dans l’interrogative, night-clubs en danger

Si les restaurants peuvent rouvrir, les bars font partie, avec les discothèques ou les salles de sport, des seules entreprises qui ont toujours obligation de rester fermées. Une situation qui soulève des questions parmi les professionnels, admet Maxime Antoine-Michard, qui compte « avoir une discussion de manière sereine » avec le gouvernement sur le sujet.

D’autres abordent la question avec moins de sérénité. Stéphane Gay, le président du syndicat des bars – dancing, lui aussi adhérent de la CPME, s’étonne de n’avoir eu « aucune information » de la part des autorités. Les night-clubs n’avaient déjà pas une activité florissante ces dernières années. Plusieurs facteurs ont joué, mais le patron du Bora Bora Lounge pointe, lui, la « concurrence déloyale » de bars et restaurants organisant des soirées. Cette fermeture prolongée – les discothèques ne pouvaient déjà pas vendre d’alcool après minuit lors du weekend du 15 mars, pour cause d’élections municipales – pourrait porter le coup de grâce à certains établissements de nuit parmi la demi-douzaine existant encore à Tahiti.

 

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Journal de 12:00, le 29/04/2020

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