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Les rori de la presqu’île, prochain secret de beauté polynésien ?

©Sofidep

Tahiti Marine Group, qui développe des produits de beauté à base des sécrétions des holothuries, a le vent en poupe à l’international. La Sofidep vient de prendre une participation de 10% au capital de cette entreprise. Elle vise en priorité le marché asiatique avec sa nouvelle gamme qui compte déjà quatre produits.

C’est une marque de confiance qui devrait consolider le projet d’Auguste Buluc et de ses filles : la Sofidep a pris 10 % du capital de Tahiti Marine Group, la holding qu’il a fondée il y a quatre ans pour exploiter les concombres de mer.

À l’origine, cet ancien infirmier et pêcheur, qui a dû subir une ablation partielle du pancréas, cherchait des compléments alimentaires pour faciliter sa digestion. « Culturellement, on en mange dans la communauté chinoise », rappelle-t-il, où le rori est un mets de fête, signe de richesse et de prestige. La médecine chinoise met en avant depuis des siècles les vertus, pas toutes prouvées, de ce « ginseng de la mer ».

Tahiti Marine Products, la première filiale de la holding, est spécialisée dans l’élevage des rori, et se concentre sur deux espèces, Holothuria fuscogilva et Holothuria whitmaei, encore peu étudiées. Auguste Buluc a installé son écloserie en 2022, grâce à un prêt à l’innovation de la Sofidep et de la Banque de Tahiti, à l’Ifremer de Vairao dont il est locataire. La maîtrise du cycle reproductif des rori, premier axe de recherche, est une première mondiale. Il projette de s’installer d’ici « un an et demi, deux ans » sur la zone biomarine de Faratea et, pourquoi pas, de créer des élevages dans les îles.

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Le « guérisseur de la mer » en crème, en lotion, en sérum et en gélules

« On a aucune idée de leur durée de vie, mais ça vit très vieux », dit Auguste Buluc (la direction de l’Environnement estime l’espérance de vie entre 5 et 15 ans selon les espèces). Cette longévité, Tahiti Marine Biotech, l’autre filiale de la holding, en a peut-être percé le secret. Elle exploite et valorise le principe actif des sécrétions des rori, qui auraient des propriétés anti-âge notamment grâce au collagène, à la vitamine D et aux minéraux qu’elles renferment. Finaliste de la 8e édition d’Innovation Outre-mer en 2023, Tahiti Marine Biotech a obtenu une bourse French Tech-BPI France. Le principe actif est aujourd’hui déposé sous le nom de « Sea Healer » – le guérisseur de la mer –, et c’est l’ingrédient star d’une gamme cosmétique baptisée Anave, qui comporte un sérum et une crème anti-âge, une lotion exfoliante et des gélules de collagène. Le site internet de la marque, lancé la semaine dernière, met en avant la dimension durable : la substance anti-âge est extraite sans tuer l’animal.

Pour Gaspard Toscan du Plantier, le directeur général de la Sofidep, « cette première mondiale de reproduction des rori en écloserie et leur possible valorisation à l’exportation, démontrent notre potentiel d’innovation dans le secteur de l’économie bleue. »  Participer à l’émergence de projets « par nature risqués » pour la création de filières locales est précisément la mission de la Sofidep, dit-il.

Tahiti Marine Group est déjà implanté à Singapour pour conquérir le marché asiatique. « Mes filles Hinatea et Kahaia sont actuellement à Hong Kong, elles seront à Tokyo la semaine prochaine où elles vont rencontrer l’ambassade de France, et ensuite elles iront à Séoul, pour des tests de commercialisation », confie Auguste Buluc.