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Entre axe indo-Pacifique et « routes de la soie » : la position de la Polynésie selon Dominique Sorain et Édouard Fritch

©Haut-commissariat

Le haut-commissaire Dominique Sorain et le président du Pays Édouard Fritch se sont exprimés mardi à l’Université de la Polynésie française pour l’ouverture du colloque « L’Indo-Pacifique et les nouvelles routes de la soie ». La position géographique du territoire constitue un véritable atout géostratégique pour la Polynésie. Plus globalement, la France doit se positionner dans ce nouvel espace commercial en plein essor.

Le président du Pays a rappelé que la position géographique de la Polynésie française représente un atout géostratégique singulier et considérable. Comme Hawaii au nord, elle est la porte d’ouverture sud vers les Amériques. Cette position favorable reste d’actualité au 21e siècle pour toutes les formes de connectivité que sont les voies aériennes, maritimes et de télécommunications par fibre optique comme le récent projet de câble avec le Chili. Ce couloir quasi inexploité à l’heure actuelle représente un intérêt pour l’Asie et l’Amérique du Sud dont les échanges s’intensifient et vont continuer de croître à l’avenir. Située au milieu de cet axe, la Polynésie française peut le transformer en atout de développement.

Tirer le potentiel de ces routes en préservant son autonomie

Les bonnes relations établies dès 2003 avec la Chine ont permis de nombreux échanges et visites réciproques, par des entreprises, par des autorités politiques communales ou gouvernementales ou par des étudiants. « Pour ma part, j’estime que notre place sur cette Route de la soie est un signe de crédibilité, de sérieux et de fiabilité […] En résumé, il faut savoir tirer les potentialités de cette Route de la soie tout en préservant notre âme, notre dignité et notre autonomie». Le président se réjouit par ailleurs du renouveau de l’intérêt du Pacifique de la part de la France et « plaide pour que l’Europe soit présente et politiquement active dans cette région ». Édouard Fritch attend désormais du concret de la part de l’Europe et la France sur les projets à mener, notamment sur le plan environnemental. « Face à l’isolement géographique, nous, pays insulaires, sommes confrontés, au quotidien, au défi de la transition énergétique et climatique. L’océan est notre vivier économique. Protéger nos océans, c’est protéger nos peuples, nos ressources et notre avenir ».

Le président du Pays a conclu son intervention en rappelant encore une fois l’intérêt pour les territoires polynésiens d’accueillir ces projets. Ils doivent répondre à des besoins vitaux ou de développement économique mais ne surtout pas être perçus comme « des outils subtils de nouvelles dominations ou d’une forme de néocolonialisme ».

La France doit se positionner comme une « puissance d’équilibre »

Du côté de l’État, le haussaire Dominique Sorain salue dans son discours l’organisation de ce colloque. Les routes de la soie et l’axe indo-pacifique sont d’après lui des enjeux majeurs de la géopolitique actuelle. De par sa position naturelle, la Polynésie française adhère au projet Indo-Pacifique, en y voyant « d’indéniables opportunités de développement économique en termes de commerce, d’infrastructures ou de tourisme, souvent accompagnées d’offres de financement intégrées ». Dominique Sorain rappelle également que cette zone du monde peut générer des tensions entre la Chine, le Japon et les États-Unis.

La France doit ainsi « pleinement s’intégrer dans cette évolution mondiale », comme une puissance d’équilibre. Sept collectivités (la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, la Réunion, Mayotte, Clipperton et les Terres australes et antarctiques françaises) représentent 1,7 million de Français et la deuxième ZEE (zone économique exclusive) au monde derrière celle les États-Unis. La France n’a d’autre choix que de se positionner dans ce nouvel espace commercial en plein essor.  Plus de 7 000 filiales d’entreprises françaises sont installées dans une zone qui comprend six membres éminents du G20 : Australie, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie et Japon. La visite du Président Emmanuel Macron au mois d’avril s’avère cruciale pour le futur rôle de la France, et sa place dans l’axe Indo-Pacifique.

20191105 – Discours de M. Sorain Colloque Indo Pacifique by Fred Ali on Scribd

Discours Du Président — Ouverture Colloque Axe Indo-pacifique Et Routes… by Fred Ali on Scribd