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Les soignants du Taaone appellent les Polynésiens à « les aider » à éviter la saturation de l’hôpital

Les 24 lits du service de réanimation sont occupés ce jeudi. L’hôpital s’apprête à en équiper 21 de plus mais ses capacités humaines sont limitées. ©C.R.

Organisation solide, équipes mobilisées… « L’hôpital est prêt à faire face à la vague de Covid-19 » ont rassuré les responsables du CHPF ce jeudi. Pour autant, pas question de nier le risque que représente l’accélération de l’épidémie. Pour éviter la surchauffe du seul centre hospitalier du fenua et garantir des soins pour tous les patients, covidés ou non, une seule solution : respecter les gestes barrières et les consignes sanitaires dans la vie de tous les jours.

Une visite et des messages importants, ce matin, à Taaone. La direction du CHPF avait invité la presse a venir rencontrer les professionnels de l’hôpital, difficilement accessibles car concentrés sur la gestion du Covid ces derniers mois. Alors que les doutes s’accumulent, depuis quelques semaines, sur la capacité de la Polynésie à affronter le pic épidémique en cours, le premier objectif était de rassurer : « Les Polynésiens peuvent compter sur leur hôpital », affirme la directrice générale Claude Panero. Elle rappelle tout l’effort de réorganisation de l’établissement mené depuis le premier déclenchement du plan blanc au mois de mars. Une organisation qui permet aujourd’hui de pousser les murs de l’hôpital à mesure que la filière Covid monte en charge. Elle accueillait 85 hospitalisés ce jeudi, dont 24 en réanimation. Pour les soigner, 100 lits sont déjà « sanctuarisés » en médecine ambulatoire, et le CHPF prévoit, en gagnant du terrain sur les services d’obstétrique, de chirurgie orthopédique ou de neurochirurgie, de monter sa capacité à 185 lits. Du côté de la réanimation, les 24 lits actuels sont tous occupés, mais le CHPF prévoit d’en disposer de 41 puis de 45 d’ici quelques jours. Comme le rappelle la direction, ces capacités sont calculées pour laisser suffisamment de places au traitement des autres patients : « il faut que l’on continue à jouer notre rôle de centre hospitalier de tous les Polynésiens ».

Un « message d’alerte » et des besoins d’effectifs

« L’hôpital est armé, avec une organisation solide, du personnel mobilisé et qualifié », résume Claude Panero qui précise que l’établissement « n’est pas en situation de saturation » aujourd’hui. Mais il appartient aux Polynésiens de l’aider à ne pas atteindre ce stade, problématique, voire dramatique, sur le plan sanitaire. « Nous passons un message d’alerte et nous relayons avec force les messages institutionnels sur les gestes barrières, reprend la responsable. C’est la limitation de la propagation du virus qui aidera l’hôpital et ses équipes à remplir ses missions ».

Les données de l’épidémie sont aujourd’hui en avance sur les projections réalisées par les autorités de santé en septembre. Or celles-ci tablaient sur un pic épidémique, et une surchauffe hospitalière, entre décembre et janvier. « Mais ce n’est qu’un modèle, explique le Dr Philippe Dupire, président de commission médicale d’établissement. Et par nature ces modèles sont créés pour qu’on les fasse mentir ». Pour s’y préparer, aussi. Ces dernières semaines, l’hôpital a multiplié les commandes de matériel, de médicaments, a renforcé ses capacités d’approvisionnement oxygène (crucial dans le traitement du Covid), a approfondi ses liens avec les libéraux de santé ou les cliniques, reprogrammer certaines opérations…

Mais plus que les lits ou les équipements, ce sont les effectifs qui vont être mis à rude épreuve. D’autant que, de par la nature même de la maladie, la prise en charge d’un patient Covid est particulièrement « lourde et complexe ». « Il faut absolument qu’on ait accès à des ressources humaines qualifiées », insiste Philippe Dupire. Le CHPF a fait en sorte de rassembler tous les personnels capables de travailler à la réanimation, quitte à les rappeler de la retraite ou à les changer de service. Et a lancé une soixantaine de recrutements et de nombreuses formations ces derniers mois.

Comme le précise Laure Baudoin, cheffe du service d’anesthésie – réanimation, l’hôpital et son autorité de tutelle, le Pays, ont aussi fait appel à l’État pour bénéficier d’un renfort de la réserve nationale. Des infirmiers et des anesthésistes pourraient ainsi être envoyés en renfort depuis la métropole, pour quelques semaines, le temps que les formations locales et des recrutements soient finalisés.

Diminuer les risques de propagation pour soulager les urgences

Ces efforts ont un coût : le CHPF a déjà dépensé un milliard de francs, au total, pour faire face au Covid. Ce qui n’empêche pas les équipes d’être déjà éreintées par plusieurs semaines de crise épidémique. À la fatigue s’ajoute le risque de contamination des soignants , qui existe malgré les mesures sanitaires drastiques. Sept à 8% du personnel du CPHF (2 100 personnes au total, dont 80% de soignants) auraient été touchés par le virus, un taux a priori supérieur à celui de la Polynésie. C’est bien sûr du côté des urgences que les soignants sont « en première ligne ».

Aussi, le responsable du service, le Dr Loïc Durand, compte lui aussi beaucoup sur la « responsabilité » de la population pour éviter une montée en charge trop rapide. Il est trop tôt pour l’instant, pour observer les bénéfices du couvre-feu sur la fréquentation des urgences, et le médecin, comme tous ses collègues se refusent à prendre part au débat sur le confinement. Mais le chef de service rappelle la mécanique de ce genre de mesures, qui a prouvé son efficacité au premier semestre : « l’idée est de diminuer les relations sociales (…) qui pourraient aboutir à des cas de Covid supplémentaires, et donc diminuer l’afflux de patients aux urgences« . S’ajoutent, en cette période de crise, des bénéfices secondaires :  moins d’accidents, de la route ou autre, c’est aussi plus de temps et de moyens à accorder aux malades du Covid.

Une salle de tri, à l’entrée des urgences, où les patients symptomatiques attendent les résultats de leur test Covid et reçoivent les premiers soins. ©C.R.

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1 Commentaire

  1. SAVOIE Lucie
    30 octobre 2020 à 5h21 — Répondre

    Edouard FRITCH a raison de s’opposer au reconfinement total de la Polynésie. Certains parmi les responsables, de tous les bords, ne devraient pas compter uniquement sur de l’argent pour être sauvé. Si honnêtement, on ne se confine pas chacun chez soi tout naturellement sans loi pour ralentir voir stopper les contaminations, ce n’est pas en arrêtant tout par le confinement total du peuple que cela va changer radicalement l’épidémie. Nous avons bien vu ce qui se passe aujourd’hui après plusieurs semaines de confinement total. Il y a eu le recensement de la population il n’y a pas longtemps. Les communes connaissent les familles de plus de 6 personnes dans les foyers. Rien que ça, le risque est énorme pour la contamination. Il faudrait presque reloger la moitié d’une famille pour diviser les risques. Il faudrait presque les reloger dans le jardin sous une tente ou un grand local aménagé pour aider. Il ne faut pas fuir vers les îles pour contaminer ailleurs. Il y a d’autres idées à exploiter. Il ne suffit pas de laisser se promener dans les quartiers des personnes pour annoncer les barrières… On espère que tôt ou tard on arrivera à sortir des difficultés où tous nous avons nos parts. Nous devons aider les soignants en se préservant du covid. Ne pas faire de sorties superflues afin d’éviter le confinement nous privant de toute liberté pour sauver ce qui nous reste de richesses et qui sont déjà HS. Il faut être raisonnable. Courage.

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