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Les souvenirs de la reine Marau : « Tout ce qu’elle raconte, c’est authentique »

L’ouvrage a été un des best-sellers du dernier Salon du livre. Marau Taaroa, dernière reine de Tahiti, ses souvenirs recueillis par sa fille, la princesse Takau Pomare-Vedel, c’est un témoignage inédit, découvert par hasard par son arrière petit-fils Raanui Daunassans. Et qui est aujourd’hui édité Au Vent des îles. Toute une époque où les histoires des familles Pomare et Teva s’entremêlent à celle de Tahiti en plein basculement.

Raanui Daunassans est l’arrière-petit-fils de la reine Marau. Marau Taaroa a été l’épouse de Pomare V, qui a régné sur Tahiti entre 1877 au décès de sa mère Pomare IV et jusqu’en 1880 où il cède les territoires du protectorat à la France en échange d’une rente viagère pour lui-même et des membres de sa famille. La reine Marau, c’est aussi la fille d’Alexander Salmon et de Ariitaimai. Elle est donc l’arrière-petite-fille du grand chef Tati. Et elle a raconté ses souvenirs à sa fille, la princesse Takau Pomare-Vedel.

« Je n’ai rien changé au manuscrit original »

Une année de travail en 1932 pour recueillir et dactylographier ces souvenirs de sa mère, avant son décès en 1935. La reine Marau avait déjà publié ses Mémoires à la Société des océanistes (regroupant des légendes et des traditions de la Polynésie) et ses Souvenirs sont donc tombés dans l’oubli… Un manuscrit qui a été perdu avec le temps et que Raanui Daunassans a retrouvé en retournant dans l’appartement à Nice de la princesse Takau, en 2019. C’est au bout de 20 ans de procédure judiciaire avec les héritiers qu’il récupère enfin ce bien et découvre cette grosse enveloppe dans un secrétaire.

« L’écriture de Jacques Boullaire, le peintre, a attiré mon attention. Il avait marqué, Takau nous enverra la suite après, avec des photos qui suivront. Et donc, je me suis dis, tiens, qu’est-ce que c’est que ça ? J’ouvre et là j’ai vu le manuscrit. C’était un tapuscrit, en fin de compte, déjà tout prêt. Il n’y avait plus qu’à l’éditer. Mais après, il a fallu faire tout un travail de recherche pour remettre tout ça dans le contexte. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que je n’ai rien changé au manuscrit original. C’est tel que c’est écrit. »

Les premières lectures sont remplies d’émotions pour Raanui Daunassans qui comprend vite quel trésor il a entre les mains. « J’ai appris des choses, parce que l’histoire que l’on a dans les livres nous apprend un volet, une facette de ce que les historiens ou les gazetiers de l’époque voulaient nous faire savoir. Mais Marau, elle, elle a vécu au quotidien, elle a entendu des conversations, elle a assisté à des choses, puis elle vivait auprès du roi, donc elle a été au courant de choses que les historiens ne savent pas. Et elle le raconte, c’est vraiment extraordinaire. »

Guerres franco-tahitiennes, adoptions, mariages, promesses

Et à travers ces pages, c’est toute une époque dans laquelle le lecteur se retrouve plongé. On remonte même à la guerre franco-tahitienne où Ariitaimai, la mère de Marau, jouera un rôle très important, en jouant le rôle de médiateur entre les deux parties. Marau Taaroa raconte comment les deux familles Pomare et Teva s’affrontent et se lient. Bataille de Fei Pi de 1815, adoption, mariage, promesse… Ariitaimai devient la fille adoptive de Pomare II. Elle grandit donc aux côtés de la future reine Pomare IV puis se marie avec un Anglais Alexander Salmon.

« Pomare IV a voulu continuer l’oeuvre de son père et réconcilier les deux familles. Donc, il faut savoir qu’Alexander Salmon, de son vivant, n’a jamais voulu que ses enfants épousent un Pomare. Donc, il a fallu attendre la mort d’Alexander Salmon pour que l’on mette sur l’autel du sacrifice, si je puis dire, Marau Taaroa, parce qu’elle n’avait que 14 ans lorsqu’elle épousait Pomare V, qui avait déjà 36 ans. Donc, ça a été un mariage de convenance plutôt qu’autre chose. »

Son mariage qui se terminera par un divorce dont d’ailleurs l’acte administratif est reproduit dans ce livre. Pas très glorieux pour Pomare V, un alcoolique irrespectueux de sa femme.

« Un éclairage différent de ce que l’on connaît aujourd’hui »

On suit donc l’histoire d’une femme mais aussi l’histoire d’un pays alors que Tahiti bascule dans le giron français. Des histoires familiales qui s’enchevêtrent à celle de Tahiti et même parfois la font car c’est Pomare V qui cède les territoires du Protectorat à la France, en 1880, en échange d’une rente viagère pour lui-même et des membres de sa famille. « D’où l’intérêt d’avoir cet ouvrage qui apporte un éclairage différent de ce que l’on connaît aujourd’hui. Donc ça va passionner nos jeunes parce que les Polynésiens d’aujourd’hui ont soif de leur histoire. Et l’avantage, c’est que c’est raconté par Marau elle-même, c’est pas Raanui Daunassans qui raconte. C’est Marau Taaroa, elle-même qui a écrit (par la main de sa fille, ndr). C’était une femme de lettres qui parlait l’anglais, le français et le tahitien couramment et qui écrivait ces trois langues. Donc vous allez voir dans cet ouvrage tout ce qu’elle raconte et c’est authentique. »

Marau Taaroa, dernière reine de Tahiti, ses souvenirs recueillis par sa fille, la princesse Takau Pomare-Vedel, édité Au Vent des îles. Raanui Daunassans sera chez Odyssée ce samedi, de 8h30 à 12h, pour dédicacer l’ouvrage.

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