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Les tavana « perplexes » face à la réforme des rythmes scolaires

Simplicio Lissant et Cyril Tetuanui ont, au nom du Syndicat de promotion des communes, interpellé le gouvernement sur son projet de réforme des rythmes scolaires. Le ministère de l’Éducation a certes lancé une grande consultation des parents d’élèves, mais n’a pas réellement travaillé les communes, pourtant concernées au premier chef. Pour les tavana, difficile, du point de vue de l’organisation et des finances, d’envisager des changements d’horaire dès la rentrée d’août 2024. Le SPC craint en outre que la réforme n’entraîne des ruptures d’égalité entre communes et entre familles.

Lire aussi : Une consultation citoyenne des parents d’élèves sur les nouveaux rythmes scolaires

Des termes policés, mais un agacement palpable au SPC. Son président Cyril Tetuanui et son premier vice-président Simplicio Lissant ont interpellé le gouvernement par médias interposés, ce jeudi, en marge d’une réunion du Syndicat de promotion des communes de Polynésie française. Les deux tavana regrettent de façon générale le manque d’implication des 46 communes membres du syndicat dans les réflexions et les plans du gouvernement. Mais un dossier semble cristalliser les frustrations : celui de la réforme des rythmes scolaires, lancée à force d’annonces et de grandes consultations par le ministère de l’éducation de Ronny Teriipaia, qui veut la mettre en application dès la rentrée d’août 2024.

Moins de classe, c’est davantage de dépenses

« Nous sommes perplexes », explique le maire de Punaauia, qui note que les tavana ont pris connaissance « en même temps que tout le monde » des plans du ministre. Or les communes sont, rappelle-t-il, les « premiers partenaires du gouvernement pour travailler au plus près de la population ». Et sont surtout gestionnaires des établissements du premier degré, vers lesquels est orientée cette réforme des horaires et des jours de classe des écoliers. Les municipalités sont aussi en charge de plusieurs services en lien avec les cours : transport scolaire, activités périscolaires, gestion des infrastructures sportives et culturelles, sécurité, au travers des muto’i… « Ce que nous voulons dire c’est que le sujet des rythmes scolaires va impacter le fonctionnement de nos collectivités. Nous constatons que le gouvernement discute énormément avec les parents, ce qui est une bonne chose, mais beaucoup moins avec les communes, reprend Simplicio Lissant. La seule réunion qu’on a pu avoir, c’était en décembre, une petite réunion où on a pu aborder certaines choses, mais pas vraiment dans le fond du sujet ».

Et le fond du sujet risque d’être complexe si le ministère de l’Éducation suit, comme il l’a laissé entendre, les avis des parents d’élèves récoltés dans la grande consultation en cours. Car si ces derniers sont bien au fait des besoins de leurs enfants, ils le sont moins sur les questions d’organisation de la collectivité ou d’impact budgétaire de telle ou telle option d’horaires. Les maires du SPC s’inquiètent aussi de l’idée, là encore développée devant les médias par Ronny Teriipaia, de mettre en place des rythmes scolaires différenciés en fonction des communes et des résultats locaux de la consultation.

Il y a un risque « d’inéquité de traitement entre les communes », et entre les familles, accentuant la « fracture scolaire pour ne pas dire sociale », pointe le tavana de Punaauia. Car plus de temps libre en journée pour les écoliers – ce qui semble être la ligne directrice de la réforme, qui va globalement réduire le temps de classe – veut dire plus d’activités périscolaires à leur proposer. Des activités qui peuvent peser lourd sur le budget des foyers et qui représentent en outre « plusieurs dizaines de millions » côté communes.

Des discussions plus large… Et plus concrète sur le financement

Malgré tout, le SPC, plutôt que de dénoncer la réforme se dit « prêt à collaborer ». « Pour le prouver, nous avons adressé un courrier au ministère de l’Éducation pour les informer que nous allons constituer des groupes de travail avec les tavanas. Et nous invitons bien sûr lepersonnel du ministère a participer ».

Les tavana proposent en outre d’inclure plus largement dans les discussions les « associations partenaires » qui interviennent dans le périscolaire. Et surtout de lancer la réflexion sur « les moyens » qu’il faudra allouer à cette réforme. Cette question financière est le principal point bloquant pour une mise en place rapide de nouveaux horaires : les budget sont déjà votés pour 2024 ce qui rend « difficile à imaginer », en l’état, une application au moins d’août. Simplicio Lissant veut être clair : le Pays doit « discuter des moyens qu’il veut mettre pour accompagner cette réforme », si il veut qu’elle aboutisse rapidement.

Le Fip va baisser ? Sûrement pas cette année

Côté budget, justement, les tavana ont aussi noté les déclarations du ministres des Finances, la semaine dernière, sur TNTV. S’exprimant sur la possible annulation de la loi fiscale par le Conseil d’État, qui devrait faire perdre des recettes au Pays, Tevaiti Pomare précisait que le budget des communes allait lui aussi être touché. « Il faut s’attendre aussi à ce que l’ensemble des communes reçoivent moins au titre du Fond intercommunal de péréquation (FIP) » a-t-il précisé alors qu’il parlait de conséquences immédiates de cette décision. « On est un peu surpris, note Simplicio Lissant. ça nous interroge ». Et pour cause : les versement du FIP sont calculés sur les recettes fiscales de l’année N-2. Les décisions du Conseil d’Etat sur cette réforme fiscale et ses impacts sur le budget du Pays 2024 ne devraient donc pas concerner les communes avant 2026. Tevaiti Pomare s’est il mal fait comprendre ? En tout cas, le SPC demande des précisions et rappelle que le FIP, vu les bons résultats fiscaux de ces deux dernières années, devrait plutôt augmenter.

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