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Les taxis menacent d’opérations escargot dimanche… voire à la rentrée

Sans nouvelles des « promesses » prises en milieu d’année par le gouvernement, la coordination des syndicats de taxis menace, après une ultime réunion ce vendredi, de passer à l’action. Une opération escargot pourrait être organisée dimanche dans la zone urbaine pour prouver la « solidarité » des professionnels, et « si ça ne suffit pas », des mouvements comparables seront organisés à la rentrée, cette fois en semaine et en matinée. Au centre des revendications : les transporteurs touristiques, jugés trop nombreux et dont certains se transformeraient en « taxi-pirates », et le rythme d’octroi de nouvelles licences de taxi, que les professionnels veulent freiner.

« Pas de blabla, des garanties ». C’est ce que comptent demander les représentants des taxis, demain au ministre en charge des transports Jordy Chan. Une rencontre qui ne sera pas sans pression : la coordination des syndicats de taxis de Tahiti et Moorea (à laquelle se sont récemment rattachés les syndicats de Bora Bora, Huahine et Raiatea) a d’ores et déjà prévenu qu’elle lancerait, en cas de manque d’avancées concrètes dans les discussions, une opération escargot sur les routes de la zone urbaine. Une opération prévue dimanche « pour moins pénaliser la population », seulement « montrer aux autorités qu’on est prêt, qu’on est solidaire », précise le conseiller technique de la coordination Bob Carpentier. Mais qui ne seront, « si ça ne suffit pas », que les prémices à des opérations « de plus grande envergure » à la prochaine rentrée scolaire, cette fois en semaine et en matinée. « Là ça fera des bouchons, reprend le professionnel. Ça n’est pas ce qu’on veut, mais ils sont prévenus ».

Moins de transporteurs touristiques…

Les taxis avaient déjà fait part de leur malaise et menacé de telles opérations escargot en début d’année. Et avaient rencontré les autorités, entre avril et juillet, jusqu’au président Moetai Brotherson, avec à la clé des « promesses de changement avant la fin de l’année ». Or « rien n’a bougé et personne ne nous a appelés », constate le conseiller technique. Au cœur de la grogne, le développement des « transporteurs touristiques », censés être dédiés aux trajets organisés régulièrement par des agences ou hôtels, mais qui « viennent piquer les clients » en se transformant en « taxi-pirates ». « Il suffit de regarder dans les lignes devant les hôtels : il y a des ‘T’ rouge partout, et même dans les quartiers, ils viennent prendre des clients, certains mettent même des taximètres, dénonce Bob Carpentier. Ça n’est pas normal, chacun son métier. Nous, on passe des visites techniques tous les 6 mois, des visites médicales, on paie la CPS, nos impôts, des frais de parc. Des taxes, des taxes, des taxes. Ça n’est pas à nous de faire la guerre sur les routes pour faire respecter la règlementation ».

La demande des syndicats : que les attributions de licence pour cette profession soient moins nombreuses – elles auraient largement augmenté avec le boom touristique de l’après-Covid – et mieux cadrées. « Avant il fallait avoir un contrat d’une agence de voyage, pouvoir prouver qu’on a déjà du travail pour avoir cette licence, reprend le chauffeur, actif dans la zone urbaine. À un moment, la loi a changé sans qu’on soit consultés, et il leur suffit aujourd’hui de montrer une lettre d’un copain qui dit qu’il va peut-être avoir besoin de lui, et on te donne ta licence ». Il s’agit donc de retourner à l’état antérieur, et surtout de finir « la loi du Pays sur le transport touristique qui a été entamée il y a quatre ans ». « Et on demande à suspendre les attributions de licence jusqu’à que cette loi soit votée », insiste le porte-parole. Condition sine qua non pour lever la menace d’opérations escargot.

…Et pas plus de taxis

D’après la coordination, cette « concurrence » s’ajoute à celle des autres « taxis au noir », des applications comme NiuCar (au centre de discussions avec les autorités en avril, et dont les responsables disent fonctionner comme un service de covoiturage), et à celle… des taxis eux-mêmes. Car les syndicats estiment là aussi que les autorités attribuent trop de nouvelles plaques. « 65 nouvelles licences depuis la fin du Covid », précise Bob Carpentier qui note que « les parkings, eux ne s’agrandissent pas » et que la demande « ne peut plus absorber beaucoup d’autres » professionnels. « Il faut un numerus clausus, où un autre système qui permette de réguler« , a minima « des attributions plus raisonnées » orientées vers la Presqu’île, par exemple, où les chauffeurs manqueraient.

Des demandes qui seront donc discutées vendredi après-midi avec le ministre des Grands Travaux et des Transports Jordy Chan. Du côté du Pays on a plusieurs fois, par le passé, fait remarquer que les touristes se plaignent régulièrement de ne pas trouver de taxis disponibles à certaines heures ou dans certaines zones. Ou dénoncé le fait que la profession a du mal à adopter des fonctionnements modernes. Par exemple en ce qui concerne l’usage d’une application de réservation, de géolocalisation et de paiement par smartphone des taxis. La coordination des syndicats en avait commandé une, elle a été livrée, commencé à être déployée, mais les chauffeurs ont fini par se désinscrire en masse de la plateforme après un désaccord financier avec les concepteurs. Beaucoup de sujets restent donc à discuter avec les autorités.