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Les territoires américains du Pacifique se rebiffent contre l’expansion des réserves marines

Les gouverneurs des territoires américains de Guam, Samoa et des Mariannes du Nord ont écrit à Joe Biden pour exprimer leur inquiétude devant les projets d’extension d’une des deux grandes aires marines protégées américaines dans le Pacifique. Ils craignent pour les pêcheries, qui représentent un tiers de leur activité économique, et ne veulent pas porter un « fardeau disproportionné » dans l’effort national américain en faveur de l’environnement.

La perspective de l’extension de l’aire marine protégée des « îles éloignées du Pacifique » (Pacific Remote Islands), que Joe Biden a demandé à la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) d’étudier, inquiète les gouverneurs Arnold Palacios des Mariannes du Nord, Lourdes Leon Guerrero de Guam et Lemanu Peleti Mauga des Samoa américaines. Dans un courrier commun au président Joe Biden, ils demandent à être reçus « au plus vite ».

« Nous sommes inquiets de la perspective de fermeture potentielle d’entreprises de pêche qui découleraient de la désignation de toute la ZEE américaine environnante » en sanctuaire marin, écrivent-ils, une inquiétude qu’ils avaient déjà exprimée en mars à une réunion du Conseil des pêches du Pacifique occidental. Les États-Unis ont déjà le monument national marin de Papahānaumokuākea au nord-ouest de Hawaii, couvrant 1,5 millions de km2, et le Pacific Remote Islands National Monument qui couvre 1,2 millions de km2. Les nouvelles frontières envisagées porteraient cette dernière zone à un peu plus de 2 millions de km2. Mais à quel prix ?  Les gouverneurs soulignent que les pêcheries sont la source principale de développement économique et d’intérêts communs avec leurs voisins du Pacifique.

©Honolulu Civil Beat

Une décision « très irrespectueuse »

Bien que des activistes environnementaux de la région soutiennent l’idée de protéger l’intégralité des eaux américaines dans le Pacifique, la sénatrice des Samoa américaines, Amata Radewagen, a comparé cette annonce à de la « préservation par confiscation, sans consultation ». Le chef du département de la Mer du territoire qualifie la décision de « très irrespectueuse. Où sont la justice environnementale et l’équité que cette administration a nommées comme priorités ? » Ces territoires américains estiment en outre que des restrictions supplémentaires seraient en contradiction directe avec le cadre économique Indo-Pacifique de l’administration Biden.

« Nos communautés déjà désavantagées et marginalisées portent un fardeau disproportionné dans l’effort national de préservation de l’environnement », écrivent les responsables au président Biden, visiblement irrités par ce qu’ils considèrent comme du greenwashing à bon compte alors que les États-Unis continentaux continuent d’être parmi les premiers pollueurs au monde.