ACTUS LOCALESSANTÉSOCIÉTÉ Les tests PCR de métropole difficiles d’accès pour les voyageurs vers Tahiti Charlie Réné 2020-09-21 21 Sep 2020 Charlie Réné Des demandes de dépistages plus nombreuses, des délais plus longs… Le rebond épidémique et la tension sur les tests covid compliquent les choses pour les voyageurs en route vers Tahiti depuis la métropole. Résidents ou touristes, ils sont de plus en plus nombreux à ne pas réussir à embarquer, faute de recevoir leurs résultats à temps. Interpellé par plusieurs collectivités d’outre-mer, Paris tarde à trouver une solution. Depuis la réouverture du trafic aérien, un dépistage de moins de 72 heures doit obligatoirement être présenté avant d’embarquer vers la Polynésie. Faute de quoi la compagnie aérienne est tenue de ne pas laisser le passager monter dans l’avion. Cette règle avait parfois été mal comprise ou mal appliquée par certains voyageurs en juin ou juillet. Le message est désormais passé, mais la consigne s’avère parfois impossible à remplir. Rebond épidémique oblige, les laboratoires métropolitains sont aujourd’hui submergés de demandes. Et les délais augmentent : les résultats arrivent souvent bien plus de trois jours après le prélèvement. Les ultramarins pas prioritaires « Sur chaque vol, on a à peu près une vingtaine de personnes qui ne peut pas embarquer à cause de ça, explique Michel Monvoisin, le PDG d’Air Tahiti Nui. On leur propose tous d’embarquer sur le vol suivant sans frais ». Ce qui demande de se loger un peu plus longtemps à Paris mais aussi de refaire un test, en espérant avoir les résultats rapidement. Le problème pourrait toutefois s’aggraver. Devant l’afflux de demandes dans les centres de tests, et la raréfaction de certains réactifs nécessaires aux analyses, les autorités nationales ont décidé – comme en Polynésie d’ailleurs – de dépister en priorité les personnes présentant des symptômes. Et donc pas les voyageurs vers l’outre-mer. Jacques Raynal avait abordé le sujet lors de sa conférence de presse de vendredi. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/09/RAYNAL.wav Interpellé la semaine dernière par des députés de la Réunion – la collectivité de l’Océan Indien demande elle aussi des dépistages négatifs avant embarquement – Olivier Véran n’avait pu que confirmer que les voyageurs à destination des outre-mers, qu’ils soient résidents ou pas, n’étaient pas prioritaires. « Nous ne pouvons pas élargir cette liste aux personnes amenées à voyager, car il y a des endroits où même pour les prioritaires, les délais se sont allongés », a expliqué le ministre national de la Santé devant l’assemblée, comme le rapporte Outremers 360. Tests rapides ou laboratoires dédiés ? Quelques pistes ont toutefois été mises sur la table. Du côté d’Orly (d’où décolle French bee), un centre spécial de prélèvement a été installé à l’aéroport, sans toutefois régler le problème des délais d’attente d’analyses. L’État dit travailler en outre à une « amélioration des conditions de transmission des tests PCR ». Certains se tournent au contraire vers les autorités de Polynésie pour allonger, dans le protocole sanitaire local, le délai de validité des tests des voyageurs, ce qui ne semble pas être une solution retenue à l’heure actuelle. En revanche, le protocole pourrait accepter, en plus des tests PCR, les tests antigéniques, plus rapides, et qui devraient être plus répandus sur le marché français dans les semaines à venir. Dans un courrier envoyé ce matin, le Medef Polynésie a interpellé le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu sur la question. Son président, Frédéric Dock, pointe que les ordres de priorités fixés par l’État sont en « totale opposition avec les objectifs de reprise et de continuité territoriale de nos territoires français ». L’organisation demande un accès facilité des voyageurs ultramarins aux laboratoires d’analyse en métropole. C’est aussi la solution que semble considérer le Pays. Édouard Fritch avait ainsi évoqué vendredi, auprès de nos confrères de Polynésie La 1ère, l’idée d’une « convention avec deux, trois, quatre, cinq laboratoires qui traiteraient en priorité les ressortissants polynésiens« . Le président devrait aborder le sujet avec le gouvernement national lors de son déplacement à Paris en octobre. Pour être sûr d’embarquer, beaucoup multiplient les tests… ou falsifient les résultats Beaucoup de voyageurs arrivés ces derniers jours en Polynésie rapportent qu’ils ont dû multiplier les appels à des laboratoires pour trouver un centre qui accepte de les dépister sans ordonnance et dans des délais raisonnables. Beaucoup d’autres multiplient les prélèvements, quitte à encombrer un peu plus les laboratoires : « On a fait plusieurs tests, pour être sûr d’en avoir au moins un qui donne des résultats à l’heure », explique Matthieu, arrivé il y a une dizaine de jours. Certains voyageurs, devant la difficulté à se faire tester, vont même jusqu’à falsifier des résultats de laboratoire pour être sûr de pouvoir embarquer. C’est ce que rapporte Libération pour le cas de résidents réunionnais cherchant à rentrer chez eux. Un jeu dangereux : en juillet, un résident polynésien en provenance de métropole avait déjà fait l’objet de poursuites pénales après avoir été contrôlé avec un faux certificat à l’aéroport de Faa’a. « Les peines encourues pour ce type d’infraction peuvent comporter une peine d’emprisonnement ainsi qu’une amende pouvant aller jusqu’à 5 millions de Fcfp d’amende » avaient précisé les autorités, qui parlaient alors de « contrôles aléatoires et réguliers ». Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)