LE JOUR D’APRÈS – On commence à en savoir plus sur les victimes des attentats qui ont ensanglanté la capitale. Mais certains n’ont pas encore été identifiés, provoquant l’angoisse de ceux qui sont sans nouvelles de leurs proches.
Le bilan est malheureusement encore provisoire et risque de s’alourdir encore. Les attentats qui ont endeuillé Paris vendredi ont à ce jour fait 129 morts et 352 blessés. Parmi les personnes décédées, « il y a eu 103 corps identifiés », a précisé dimanche Manuel Valls, lors d’un déplacement dans un centre d’accueil pour les familles de victimes. 103 femmes et hommes dont on commence à connaître les noms, les parcours et les dernières heures. Mais de nombreuses victimes n’ont pas encore été identifiées, plongeant leurs proches dans l’angoisse même si les autorités et les réseaux sociaux s’organisent pour tenter d’apporter des réponses.
Des victimes de tous horizons. Les premiers portraits apparus dans la presse montrent la diversité des personnes fauchées par les attentats : des hommes, des femmes, des étrangers de toutes origines et couleurs.
Le quotidien L’Est Républicain relate ainsi le parcours de Marie Lausch et Mathias Dymarski, respectivement âgés de 23 et 22 ans et en couple depuis leurs années de lycée. Originaire de l’agglomération messine, le couple avait emménagé en septembre à Paris, où ils avaient trouvé du travail : lui en tant que chef de projet dans le bâtiment, elle pour un stage dans une grande entreprise de cosmétiques. Fans du groupe Eagles of Death Metal, ils avaient convié un couple d’amis au concert et leur avaient offert les billets. Seuls ces derniers ont survécu miraculeusement.
Lui aussi fan de rock, le quarantenaire Guillaume B. Decherf avait décidé d’y consacrer sa vie. Après des débuts au sein de Libérationet un passage à la tête de Hard Rock Mag, le journaliste originaire de la Meuse écrivait depuis 2008 pour Les Inrockuptibles, pour lequel il couvrait l’actualité musicale. C’est d’ailleurs lui qui avait chroniqué le dernier album du groupe Eagles of Death Metal. Tout naturellement, ce père de deux enfants se faisait une joie d’assister à leur concert vendredi, sans savoir que ce serait son dernier.
Originaire du Chili, qu’elle avait fui sous la dictature, Patricia San Martín Nunez avait refait sa vie en France, où elle était devenue fonctionnaire territoriale à la mairie de Sevran. Agée de 61 ans, elle est morte vendredi en compagnie de sa fille, Elsa, qu’elle accompagnait au concert.
Mettez des visages sur un nombre – RIP #ParisAttacks via @guardian https://t.co/fFRpoT70Ba pic.twitter.com/LKyooSdF84
— Alice Vachet (@AliceVachet) 15 Novembre 2015
Manuel Dias, 63 ans, était chauffeur d’autocar et résidait à Reims. Il avait conduit un groupe de Remois au Stade de France pour assister au match contre l’Allemagne. Il a été victime de l’explosion déclenchée par un kamikaze.
Sous-brigadier affecté au tribunal de grande instance de Bobigny, en Seine Saint-Denis, Thierry Hardoin avait décidé de fêter l’anniversaire de son épouse en l’invitant dans un restaurant du XIe arrondissement, La Belle Equipe. Décrit comme jovial et blagueur, ses collègues de travail « l’ont vu quitter le bureau tiré à quatre épingles », raconte Le Parisien. Lui et son épouse, parents de deux adolescents, font partie de la vingtaine de personnes assassinées rue de Charonne. Tout comme Djamila Houd, 41 ans et originaire de Dreux, Guillaume Le Dramp, employé de brasserie âgé de 33 ans et originaire de Cherbourg. Ou encore Ciprian et Lacramioara, un couple de trentenaires roumains venus participer à une fête d’anniversaire. Ils laissent derrière eux un enfant de 18 mois.
Mais toutes les victimes des terroristes ne vivaient pas en France. Au moins vingt d’entre elles étaient de passage pour visiter la capitale française : une Suédoise, deux Mexicaines, deux Algériens, trois Belges, un Allemand, un marocain, trois Espagnols, deux Tunisiennes ou encore un Britannique. Une liste loin d’être exhaustive.
Une trentaine de victimes pas encore identifiées. Si les proches de ces victimes du terrorisme peuvent entamer leur période de deuil, d’autres n’ont aucune certitude et redoutent le pire : une trentaine de victimes n’ont pas encore été identifiées. « Elles le seront dans les heures qui viennent. C’est ce temps-là qui est insupportable » pour les familles, a déclaré le Premier ministre Manuel Valls.
Impossible pour leurs proches de savoir s’ils sont blessés ou décédés. Pour les aider, plusieurs initiatives ont vu le jour sur les réseaux sociaux. C’est ainsi qu’est apparu sur Twitter le mot-clef #rechercheParis, qui permet aux personnes concernées de diffuser un portrait de leur proche dans l’espoir d’obtenir des nouvelles. Tous ceux qui peuvent avoir un élément de réponse peuvent alors les aider, et cela fonctionne parfois.
Ainsi, Vanessa Essobmadje, qui cherchait désespérément des nouvelles de Rodrigue Ngassam Nana – disparu après le match au Stade de France, a ainsi réussi à savoir que ce dernier était hospitalisé et hors de danger.
Nous recherchons toujours Rodrigue Ngassam Nana. #Bataclan #Paris #rechercheParis pic.twitter.com/SGSYhFAlcE
— RECHERCHES PARIS (@RecherchesP) 14 Novembre 2015
« 1 tatoo mollet aigle rouge/noir, une plume noire sur l’avant-bras #Bataclan #recherchesParis », précisait un autre avis de recherche lancé sur Twitter, accompagné du nom et de la photo du disparu. « Merci <3. On a retrouvé Thibault à l’hôpital il a pris trois balles, il est vivant », écrivait en début d’après-midi une utilisatrice de Twitter. Le genre de message qu’attendent désespérément d’autres personnes.
Et parfois, un peu de bonheur dans l’horreur. Ça fait du bien ! https://t.co/KrwsEqjfGy
— Melinda Davan-Soulas (@Melinda_DS) 14 Novembre 2015