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Les voileux tahitiens veulent accueillir la Coupe du monde

Gilles Morelle / SSL GC

Début décembre, l’équipe tahitienne s’est révélée être la très bonne surprise de la première édition de la Star Sailors League Gold Cup, la Coupe du monde de voile. Disputée sur un nouveau format et sur un support original, cette compétition par équipes est programmée tous les quatre ans. Et Tahiti figure sur la short-list des organisateurs pour accueillir la prochaine édition, en 2026. Reste à convaincre le pays, mission du capitaine de l’équipe, Teva Plichart.

Une Coupe du monde à Tahiti ? C’est envisageable. « Nous avons le plus beau stade du monde », glisse Teva Plichart. Un écrin naturel baptisé lagon, que le voileux tahitien, vainqueur du Tour de France à la Voile en 2003, espère voir accueillir la prochaine édition de la Star Sailors League Gold Cup. Cette compétition rassemble 56 sélections du monde entier – 40 pour les phases finales -, sur un bateau pouvant accueillir huit à dix marins (730 kilos maximum par équipage), le SSL 47. Il s’agit d’un RC44 modifié et simplifié, un monocoque sans électronique, pour garantir l’équité entre nations et faire primer la valeur technique et tactique des skippers. « L’organisateur fournit les bateaux mais aussi les tenues, pour que seules les qualités humaines fassent la différence ».

L’épreuve s’est déroulée pour la première fois entre fin novembre et début décembre aux îles Canaries. « C’est un format particulier, comme au football, avec des phases de poule », comportant quatre équipes chacune. Après les régates, les deux premiers équipages sont qualifiées pour le tour suivant, jusqu’en finale. « Plus on passe les étapes, plus les meilleures équipes arrivent dans la compétition. Par exemple, les Brésiliens n’ont débuté qu’en 8es de finale. Nous avons fait deux tours de plus », note Teva.

Un bond de 54 places au classement mondial

Encore à ces balbutiements, cette compétition séduit de nombreuses stars de la voile. Par exemple, Loïck Peyron, vainqueur de la route du Rhum ou de la transat Jacques-Vabre faisait partie de l’équipe de France. On retrouvait aussi le double champion olympique (et douze fois champion du monde) Robert Scheidt dans l’équipe du Brésil. Dans les eaux de l’Atlantique, les Tahitiens ont fait très bonne figure, en dépassant leurs attentes et celles de tout le monde.

Qualifiés de justesse après avoir été invité à un tournoi préliminaire en juillet 2022, nos aito, dont certains n’avaient jamais fait de compétition ou presque, ont intégré la phase finale de cette Coupe du monde en 32es de finale. Malgré leur manque de préparation, puisqu’il n’existe pas de bateau similaire au fenua, ils ont réussi à franchir deux tours et à se hisser en huitièmes de finales, où ils ont manqué la qualifications en quarts pour un petit point derrière le Brésil et son armada de champions.

« On ne s’attendait pas du tout à arriver à ce stade. On pensait faire quatre jours dans l’eau pour le premier tour et repartir chez nous…. Mais finalement, on est restés trois semaines dans l’eau, ce qui a posé beaucoup de problème au niveau logistique, professionnel et familial », raconte le capitaine de l’équipe tahitienne (voir la composition ci-dessous), finalement classée 18e. « Un très grand bon pour un petit pays, puisque nous étions 72e avant la compétition », savoure-t-il.

Démocratiser ce SSL 47

La prochaine édition de cette coupe du monde est prévue pour 2026. Et cette fois-ci, les Tahitiens passés « d’outsiders inconnus à chouchou de tout le monde », pourraient bien avoir l’avantage de la disputer à domicile. Aux îles Canaries, leur état d’esprit séduit, notamment au moment de préparer le maa et d’organiser une fête tahitienne pour l’ensemble des compétiteurs. Et des discussions ont eu lieu. Se sont poursuivies même, puisque Tahiti avait déjà été sondé pour reprendre l’organisation de la première édition au pied levé, après le retrait de Bahreïn.

« La voile n’est pas forcément commune à Tahiti, mais on a un très beau plan d’eau. L’organisation a vu qu’on savait naviguer, qu’on était intéressés et les discussions ont plus qu’avancé », poursuit Teva Plichart, qui verrait bien la compétition du côté de la baie de Matavai ou dans le lagon de Raiatea/Tahaa. « Pour le moment, on a travaillé de notre côté. Là je vais laisser passer Noël avant de faire une grosse réunion avec le COPF, le pays et le ministère des sports ». 

Car organiser un tel évènement demande une certaine logistique : 600 athlètes y participent, pendant trois semaines. Et il faut aussi faire venir les bateaux, qui ne sont pas répandus dans le monde, puisqu’ils ont été créés pour cette épreuve. « Il en faut au moins cinq, un par équipe sur chaque régate et un de remplacement si besoin », prévient le Tahitien. Des embarcations qui pourraient ensuite rester au fenua puisque « l’organisation a proposé de les laisser pour les Jeux du Pacifique de 2027 ».

L’idée étant d’inclure ce support aux Jeux, puisque la Sailing Athlete Fondation, qui promeut la Coupe du Monde avec la Fédération internationale (World Sailing) souhaite le démocratiser dans l’optique des JO de 2028 et surtout ceux de 2032. « Il y a un vrai projet derrière tout ça », sourit Teva Plichart, qui dit avoir déjà noué des contacts avec ATN et qui espère une souplesse du pays au sujet des taxes d’entrée pour les bateaux. « Il faudra aussi trouver un gros partenaire pour la diffusion en direct et avoir un coup de main sur certains points logistiques ». Bref, tout un dossier à monter, et rapidement, puisque le pays hôte de la prochaine coupe du monde devrait être connu en février. « Nous sommes dans la dernière short list de trois pays, avec les Canaries, qui pourraient donc organiser à nouveau, et la Malaisie », précise le skipper.

 

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