Un chiffre détaillé ce matin par le Haut-commissaire, et qui comprend à la fois l’exercice des compétences de l’État, en matière de sécurité, de justice ou de défense, et le soutien à celles du Pays, que l’on parle d’aménagement, de culture, ou d’éducation. Éric Spitz a rappelé que l’État n’engrangeait en revanche quasiment pas de recettes en Polynésie, mises à part les amendes et condamnations, dont beaucoup restent impayées.
199,4 milliards. C’est le total des dépenses de l’État en Polynésie en 2022. La somme, détaillée ce mercredi matin au Haussariat, représente près du tiers du PIB du fenua, et si on laisse de côté les dépenses Covid – qui après avoir culminé à près de 22 milliards de francs en 2021, sont retombées à 2,3 milliards cette année – elle est en augmentation de 6,6 milliards par rapport à l’année précédente. Des fonds qui servent à beaucoup de chose : justice, sécurité, et paiement des 10 500 fonctionnaires d’État, un effectif « stable » et qui serait, d’après Éric Spitz, à plus de « 80% Polynésien ». Ces 200 milliards financent donc bien sûr les compétences statutairement exercées par l’État au fenua , mais pas seulement : ils viennent aussi soutenir l’exercice des compétences du Pays, qui ne reposent donc pas uniquement sur les impôts des Polynésiens.
« Aucune recette », ou presque
Loin de là, même. 100,9 milliards de francs sont consacrés à l’accompagnement, l’expertise et surtout la participation au financement de nombreux projets en matière de santé et de solidarité (le haussariat cite par exemple les 74 millions de francs du centre médical de Maupiti ou les équipements de radiothérapie à Nuku Hiva) de logement (résidence Mariani à Taiarapu, logements de Peretuna à Papara…), de tourisme (Fare Natura, hôtels à Moorea ou Raiatea, charters nautiques…), d’infrastructures routières (pont d’Opunohu, route de Mangerva…), de culture, de jeunesse, et bien sûr d’éducation, avec notamment la participation dans les rénovations d’écoles, collèges ou lycée. « Mais nous payons aussi tous les professeurs, pour un total de 68 milliards de francs qui ne sont pas intégrés dans le budget de 180 milliards de francs la Polynésie », rappelle le Éric Spitz. Le Haut-commissaire rappelle qu’à l’exception de quelques amendes et condamnations pénales – qui restent pour les plus importantes souvent impayées vu l’insolvabilité des condamnés – l’État n’a « aucune recette », notamment fiscale, en provenance de la Polynésie.
Les dépenses devraient continuer à augmenter
Alors que le gouvernement central sert la ceinture de nombreuses administrations en Métropole, la Polynésie est « pour l’instant épargnée » par les restrictions, se félicite le Haut-commissaire. Et cela concerne aussi bien le budget que les effectifs : contrairement à la tendance dans l’Hexagone, le nombre de postes d’enseignant ne va pas baisser à la rentrée prochaine, alors que le constat d’une baisse du nombre d’élèves et est aussi vrai à Tahiti qu’à Paris.
Les dépenses de l’État devraient même continuer à augmenter en 2023 et en 2024, grâce notamment au fond Macron sur la transition énergétique – 7,1 milliards sur quatre ans, qui doivent être en grande partie déboursés l’année prochaine – au fonds vert, en cours d’application. S’ajoute l’effort financier accompagnement l’organisation de l’épreuve de surf des Jeux Olympiques à Teahupo’o : 873 millions de francs auraient déjà été inscrits au budget de 2022 notamment pour améliorer les installations portuaires de Vairao, assurer l’alimentation électrique des sites et la reconstruction de la passerelle piétonne à l’embouchure de la rivière du PK0.
Plus de « pénurie de projets » chez les communes
Mais pour le représentant de l’Etat, il s’agit aussi de dépenser mieux, en finançant des projets plus matures, plus ficelés. Le message est notamment adressé aux communes, qui ont, et c’est une évolution notable, déposé beaucoup de dossiers ces derniers temps. « En 2021, il avait fallu pour la dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) faire deux appels à projets, et encore on n’avait pas réussi à dépenser tout l’argent, on avait dû répartir entre les communes, se souvient le Haut-commissaire. Là on l’a vu sur le fond vert, le fond de transition énergétique ou les contrats de développement, nous avons presque trop de projets ». Environnement, déchets, eau potable, assainissement… « Les communes ont des projets, on en validé une dizaine hier et on a réussi à tous les financer, moyennant un certain nombre d’acrobaties budgétaires. Mais le fait est que nous n’avons plus à souffrir de cette pénurie de projets ».