Radio1 Tahiti

L’Etat obtient une nouvelle baisse des tarifs bancaires

Le Haut-commissaire Dominique Sorain entouré des responsables du secteur bancaire et du directeur de l’IEOM.

L’accord de modération des tarifs bancaires signé ce vendredi matin au Haussariat prévoit la baisse des frais de tenue de compte, des abonnements internet ou des frais de cartes de paiement à débit différé pour les particuliers. Cinq autres tarifs, dont les frais d’opposition, sont gelés jusqu’en 2022. Date à laquelle de nouvelles discussions seront lancées.

Les tarifs abaissés n’ont pas été choisis au hasard : d’après les chiffres d’octobre dernier, les frais de tenue de compte s’élevaient en moyenne à 4 088 Fcfp par an en Polynésie contre 2 311 Fcfp en Métropole. Ils devraient baisser de 5% en avril au fenua, comme les frais de carte de paiement à débit différé, actuellement supérieurs de 12% à la moyenne nationale. Enfin, les abonnements de gestion de compte par internet – 234 francs par mois en moyenne en Polynésie alors qu’ils sont quasiment systématiquement gratuits en Métropole – baisseront, eux, de plus de 40% d’ici l’année prochaine.

Autant de mesures qui concernent les trois établissements bancaires du fenua : la Banque de Polynésie, la Banque de Tahiti et la Socredo. L’OPT, dont les tarifs sont, pour beaucoup, en-deçà de ceux du marché bancaire, s’est simplement engagé sur un gel de certains frais.

Comme le souligne Matahi Brothers, le directeur général de la Socredo et président de la Fédération bancaire polynésienne, le Haut-commissariat n’a pas eu à agiter la menace d’imposer des baisses de tarifs par arrêté – comme cela a notamment été le cas en Nouvelle-Calédonie en 2017 – pour obtenir cet accord, jugé « équilibré » par toutes les parties.

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Ces engagements s’inscrivent dans un travail mené depuis 2014 par l’État pour réduire l’écart important qui existe entre les tarifs bancaires de métropole et des outre-mer. L’objectif était de réduire cet écart moitié. D’après l’IEOM, la démarche est allée « au-delà des objectifs » : 75,5% des différences de tarif avec la Métropole aurait été gommées depuis 2014.

Pour les particuliers, pas les professionnels

À noter tout de même que seule une petite partie des tarifs bancaires – 14 lignes désignées par l’État comme les plus importantes – est inclue dans ces accords, qui ne concernent que les comptes des particuliers et en aucun cas les comptes professionnels. Pour le reste, c’est avant tout la concurrence qui doit jouer, rappelle Claude Périou, le directeur de l’IEOM.

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L’institut d’émission d’Outre-mer, autorité régulatrice du système bancaire au fenua, prend aussi garde à préserver la santé financière des banques. Comme le pointe Claude Périou, elles jouent un rôle important, aux côtés de la consommation, dans la relance économique actuelle. Cette santé ne devrait pas être mise en danger par ces nouveaux accords. En 2018, la Socredo, la Banque de Tahiti et la Banque de Polynésie avaient dégagé, à elles trois, un résultat net de 4,1 milliards de Francs, en léger retrait par rapport à l’année précédente, comme leur marge nette, estimée à 19,3% par l’IEOM. Le directeur de l’institut le rappelle : l’éclatement géographique du territoire et les risques bancaires importants en Polynésie font que ce niveau de rentabilité est en dessous de la moyenne nationale, ou de celle des banques de Nouvelle-Calédonie.

Nouvelle baisse dans trois ans ?

L’accord a été signé pour une durée de trois ans, pendant lesquels l’IEOM se chargera de la surveillance de son application. Le Haut-commissaire Dominique Sorain insiste sur le fait que la démarche de modération des tarifs bancaires n’est pas terminée. « On se reverra en 2022 », dit-il, espérant que le contexte économique rendra possible de nouvelles baisses.

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Permettre à tous d’avoir un compte en banque

Un deuxième document a été signé au haussariat, ce vendredi matin, à l’initiative, cette fois, de la Fédération des banques de Polynésie. La « charte d’inclusion bancaire et de prévention du surendettement » ne contraint à rien, mais doit aider le secteur à s’organiser.

Elle accentue d’abord les mesures visant à faciliter l’accès au compte bancaire. « Aujourd’hui il est difficile de vivre sans compte bancaire quel que soit l’endroit en Polynésie où on se trouve », insiste le Haut-commissaire Dominique Sorain. Depuis 2014, les personnes fragiles financièrement peuvent bénéficier d’une offre bancaire spécifique, cadrée par la loi. « Son coût ne doit pas excéder 360 francs par mois », pour des services réduits au strict minimum, rappelle l’IEOM qui a le pouvoir de désigner une banque d’accueil pour tous ceux qui essuie un refus d’ouverture de compte. Beaucoup de Polynésiens peinent pourtant à ouvrir un compte, entres autre par défaut d’adresse fixe.

Autre engagement des banques, celui d’identifier et de signaler au plus vite les difficultés financières de leurs clients, afin de les aider à éviter le surendettement. Le nombre de dossier déposés auprès de la commission de surendettement a encore bondi de 30% l’année dernière. « Parce que le système de signalement et de prévention est de plus en plus efficace, précise Claude Périou qui y voit une évolution encourageante. Plus le surendettement est signalé tôt, plus il est facile d’agir ».