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L’État refuse d’homologuer les nouveaux tarifs d’ADT

Aéroport de Tahiti, société contrôlée par le groupe Egis, projetait de faire grimper certaines de ses redevances aéroportuaires de près de 9%. Une hausse avalisée par le Pays, actionnaire minoritaire d’ADT et dénoncée par l’ensemble des compagnies, déficitaires sur leur activité polynésienne, alors que le gestionnaire de l’aéroport engrange des bénéfices confortables. L’État a finalement invité Egis et ADT à revoir leur copie.

Le Pays a dit « oui », l’État dit « non ». Fin janvier, ADT annonçait en commission consultative économique son intention d’augmenter sensiblement les redevances aéroportuaires qu’elle facture pour chaque atterrissage, chaque passager, pour le balisage des pistes, le stationnement, le carburant ou le fret. Une hausse atteignant 9% sur certains tarifs, et qui avait scandalisé les redevables, à commencer par les compagnies aériennes locales comme internationales. Le projet avait d’autant choqué que, dans des temps de concurrence exacerbée, ces opérateurs ne parviennent pour la plupart pas à équilibrer leurs comptes sur les lignes polynésiennes. ADT, dont les résultats sont basés sur la quantité d’activité sur la plateforme plus que sur la rentabilité de ces vols, présentait dans le même temps un résultat positif de 600 millions de francs pour l’année 2023. Alors que le nouvel appel d’offres de la concession doit être lancé par l’État dans l’année, Egis était accusé de vouloir « gonfler ses comptes » sur le dos des compagnies… Et, in fine, des passagers.

Levée de boucliers, donc, mais avec peu d’espoirs de faire flancher ADT. Car en décembre 2023, Egis, qui ne contrôle « que » 19% du capital de la société gestionnaire, avait d’abord proposé cette nouvelle grille tarifaire au conseil d’administration de la société gestionnaire. Et notamment au Pays, qui en contrôle 49% – aux côtés de la Caisse des dépôts, elle-même actionnaire d’Egis et qui détient 30% des parts, et de l’AFD. Le gouvernement de Moetai Brotherson avait avalisé les hausses, justifiées par le fait que les tarifs n’ont pas changé « depuis 2016 » et par une série d’investissements à mener sur la plateforme. Sauf que, comme l’avait précisé Éric Spitz sur notre plateau, il avait été garanti que ces investissements, chiffrés à 1,9 milliard de francs, seraient « couverts » en cas de perte de la concession avant la fin de la durée d’amortissement. Le haut-commissaire, fin février, disait « comprendre » la colère des compagnies. L’État est allé plus loin, puisqu’après analyse du nouveau projet de grille par la Direction générale de l’aviation civile, ADT s’est vu notifier un refus d’homologation.

La société « est désormais invitée à présenter une nouvelle proposition dans un délai d’un mois », précise le Haut-commissariat dans un communiqué. La filiale du groupe Egis refusera-t-elle de mener les investissements prévus sans hausse de tarifs ? À voir. En tout cas le haut-commissaire doit rencontrer, ce mardi 2 avril à Papeete, le directeur exécutif France du groupe, Cédric Barbier, ainsi que le président exécutif d’ADT Frédéric Mor. « Le haut-commissaire et la DGAC sont pleinement mobilisés aux côtés d’ADT pour mettre en place le programme d’investissement de transition jusqu’à la nouvelle concession aéroportuaire et le plan d’investissements courant 2024-2025 », précise le communiqué.

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