Pour la première fois depuis vingt ans et le jour de sa mise en circulation, l’euro s’est enfoncé sous le seuil de la parité avec le dollar, et atteint son niveau le plus bas face aux billets verts. En cause notamment, la crise énergétique qui a fait complètement plonger la monnaie européenne.

L’euro s’enfonçait lundi sous le seuil de la parité avec le dollar, à un niveau jamais  vu depuis l’année de sa mise en circulation, plombé par la crise énergétique qui menace de plonger l’Europe dans la récession. Le billet vert profitant pour sa part des tours de vis successifs de la Réserve fédérale américaine (Fed), l’euro perdait 0,96% vers 15h30 GMT (soit 17h30 à Paris) à 0,9941 dollar, un plus bas depuis 2002.

La vigueur du dollar rend les importations plus coûteuses, notamment pour les matières premières comme le pétrole dont le cours est fixé en dollars, accentuant une inflation déjà dévastatrice pour les consommateurs et les entreprises. « L’Europe se prépare à une nouvelle fermeture du gazoduc Nord Stream 1 plus tard dans le mois », rappelle à l’AFP Craig Erlam, analyste chez Oanda.

En cause, une crise énergétique

Le géant gazier Gazprom a averti que les livraisons de gaz seraient interrompues pour « maintenance » du 31 août au 2 septembre, au risque de raviver la peur d’une pénurie en Europe, où la Russie est accusée de chantage énergétique.

Résultat, le cours du gaz européen est reparti en flèche et a atteint lundi 295 euros le mégawatt/heure (MWh), s’approchant des records historiques atteints dans les premiers jours de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.« L’épée de Damoclès suspendue au-dessus de l’Europe est partie pour rester là », prévient Kit Juckes, analyste chez Société Générale.

Et la semaine pourrait être douloureuse pour l’euro. Pour l’instant, en 2022, la devise s’était ressaisie après avoir flirté avec le seuil de la parité, mais « de mauvais indicateurs PMI (index des directeurs d’achats, ndr) mardi pourraient suffire à ancrer l’euro sous un dollar », prévient-il. Car de l’autre côté de l’Atlantique, malgré un léger affaiblissement de l’inflation américaine en juillet, la Réserve fédérale américaine (FED) assure qu’elle va continuer de resserrer sa politique monétaire. Le directeur de la FED doit s’exprimer vendredi au symposium de Jackson Hole qui réunit les banquiers centraux.

La livre également au plus bas

Ainsi, la livre britannique a aussi renoué avec son plus bas de 2022 (1,1764 dollar pour une livre sterling), malgré plusieurs hausses des taux par la Banque d’Angleterre depuis fin 2021. Pourtant, l’inflation britannique dépasse 10% sur un an et est la plus élevée du G7, en raison de la guerre en Ukraine, des séquelles de la pandémie, mais également du Brexit qui resserre le marché du travail et perturbe encore plus les chaînes d’approvisionnement au Royaume-Uni.

Avec Europe1