L’économie française peine à redémarrer après des années de crise et une cure de rigueur sans précédent imposée par le gouvernement. Afin de retrouver de la croissance, le Conseil d’analyse économique, rattaché à Matignon, a imaginé un scénario : dans une note sur « l’euro dans la guerre des monnaies », publiée mardi, il simule une dévaluation de 10% de l’euro. Europe1.fr et Axel de Tarlé, éditorialiste économique d’Europe 1, analysent les effets de cette baisse.
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Un euro à 1,2 dollars. Le Conseil d’analyse économique a arbitrairement dévalué l’euro de 10%. De 1,35 dollars aujourd’hui, il tomberait à 1,20 dollars, son prix il y a 10 ans. Dans cette hypothèse, les entreprises seraient aux anges. Elles gagneraient automatiquement des marchés car leurs produits seraient moins chers, donc plus compétitifs dans tous les pays situés hors de la zone euro.
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Baisser l’euro pour doper notre économie par Europe1fr
Une croissance doublée. Le Conseil d’analyse économique a sorti sa calculette. Si l’euro perd 10%, les entreprises vont vendre 7% de plus qu’actuellement. Sachant que les exportations représentent 10% du PIB français, un euro à 1,20 dollars rapporterait 0,7% de PIB supplémentaire. Or, le gouvernement table sur une croissance de 0,8% pour 2014. L’addition est simple : 0,8% + 0,7% = 1,5%.
Plus de croissance, plus d’emplois. Les économistes de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estiment qu’avec 1,5% de croissance, l’économie française crée suffisamment d’emplois pour faire baisser le chômage. Une bonne chose pour le gouvernement qui a fait de cet objectif le cœur de sa politique économique. Une analyse également avancée par Arnaud Montebourg fin octobre qui estimait que « si l’euro était dévalué de 10%, c’est-à-dire 13 centimes -ce n’est pas la mer à boire- nous gagnerions 150.000 emplois supplémentaires ».
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Dur retour à la réalité. Evidemment, il y a une ombre au tableau. Si l’euro baisse, cela va doper les exportations. Mais dans le même temps, les produits importés vont coûter plus cher. Notamment le pétrole qui s’achète en dollars ou les appareils électroniques, principalement construits en Asie. La baisse de l’euro serait donc une bonne nouvelle pour les entreprises, mais une mauvaise pour le pouvoir d’achat des Français.
L’euro est indépendant des politiques. Autre point non négligeable, ni le Conseil d’analyse économique, ni Matignon, n’ont de pouvoir sur l’euro. La monnaie européenne dépend de la Banque centrale européenne qui est indépendante des gouvernements. Et sa mission principale est de lutter contre l’inflation, autrement dit, la perte de valeur de l’euro. Hors de question donc de faire tourner la planche à billets et de faire de l’euro une monnaie de singe. Dans les faits, l’euro fluctue librement sur les marchés et son taux avec le dollar varie en fonction de l’offre et la demande.
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