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L’exécutif allonge encore la liste des PPN… avant de la détricoter


Le gouvernement a annoncé que plusieurs produits, dont les œufs frais, le dentifrice ou certains fruits et légumes allaient intégrer la liste des produits de première nécessité (PPN), qui font l’objet de marges réglementées. Et pourtant, dans le même temps, le ministre des Finances Warren Dexter expliquait à l’assemblée que le projet de réforme de ce mécanisme, annoncé de longue date, avait bien avancé. L’idée est de limiter, dès 2025, les PPN à un « panier réduit » accessible seulement « aux plus nécessiteux », et de signer en compensation des « accords de modération » des prix avec les commerçants.

« Il ne faut pas trop pousser la liste, sinon ça ne marche plus ». C’est l’observation de Warren Dexter sur les PPN et PGC, une idée visiblement partagée par Hinamoeura Morgant-Cross. En séance plénière de l’assemblée ce matin, la représentante – toujours – Tavini interrogeait le ministre des Finances sur la réforme promise de  ces mécanismes de régulation des prix et d’encadrement de marges, qui reste aujourd’hui au centre de l’arsenal du Pays pour la lutte contre la vie chère. L’élue rappelait que le système était depuis longtemps critiqué car « contre-productif » : la liste « contraint les commerçants à augmenter les prix des autres produits pour compenser la faible rentabilité des PPN ».

Des PPN en plus, mais des marges autorisées à grimper

À quand, donc, une « rationalisation » de cette liste  ? Bientôt, répond en somme Warren Dexter, qui va dans le sens de son interlocutrice. « Vous avez raison de dire que l’écrasement des marges que caractérise le dispositif des PPN amène les commerçants à compenser en surmargeant sur les produits non réglementés, explique-t-il à la tribune de l’assemblée. C’est pour cette raison que nous travaillons à une réforme qui consistera à réduire progressivement la liste des PPN et PGC et à développer parallèlement des accords par lesquels les commerçants s’engageront à appliquer des marges raisonnables convenues avec la puissance publique : les accords de modération. Dans l’attente du déploiement de ces mesures à compter de 2025, nous n’avons pas d’autre choix, pour répondre aux attentes les plus immédiates de notre population, de continuer à composer avec le dispositif PPN/PGC qui, quoi que l’on dise, permet aux ménages les moins aisés d’accéder à des produits dits de base. »

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Et le gouvernement ne fait pas que « composer ». Dans un communiqué diffusé au moment même où le ministre s’exprimait sur cette question, et après une première annonce sur Polynésie la 1ere hier soir, la présidence a annoncé que la liste avait été élargie en Conseil des ministres hier. Les oeufs frais et le pork & beans, jusqu’à maintenant sur la liste des PGC, au régime de contrôle moins strict, deviennent des PPN, comme certains fruits et légumes frais, surgelés ou congelés, les brosses à dents (à l’exception des brosses à dents électriques), le dentifrice, ainsi que certains aliments en conserve ». Dans le même temps, l’encadrement de plusieurs marges est modifié pour éviter aux commerçants de vendre à perte. Ce qui veut dire que le prix de certains PPN va augmenter.

Des accords de modération et des aides ciblées

La liste grossit donc alors même que le ministre des Finances annonce sa cure d’amaigrissement. Car Warren Dexter veut être clair : une bonne partie des produits présents sur la liste des PPN verront leurs prix être libéralisés avec la réforme en préparation, « dans l’objectif de ne conserver qu’un panier réduit de produits accessibles aux plus nécessiteux ». Dans le même temps, l’idée est de signer, comme le permet le droit de la concurrence, des « accords de modération sur les marges » avec les opérateurs économiques « de certains secteurs d’activité ».

Une réforme sur laquelle travaille « à temps plein » un membre du cabinet du ministre, bientôt épaulé par un consultant spécialisé, et qui doit « nous faire arriver à une situation où les marges seront rationalisées sur l’ensemble du magasin, exception faite d’un panier de produits dont les marges resteront règlementées », et probablement réservées à des consommateurs identifiés comme étant démunis. Conséquences annoncées : « le  prix des produits qui étaient auparavant en surmarge devrait baisser. À l’inverse, le prix des produits qui étaient auparavant en PPN/PGC devrait quelque peu augmenter. C’est la raison pour laquelle, la réforme prévoit également la mise en place d’aides directes de soutien au pouvoir d’achat des ménages les moins aisés. En cela, le gouvernement est en conformité avec sa politique de réorientation des aides publiques vers ceux qui en ont le plus besoin. Cette aide matérialise par ailleurs un autre axe de lutte contre la vie chère qui consiste à agir sur les revenus en complément à l’action sur la structuration du prix des produits. L’emploi est évidemment le premier vecteur de cet axe.« 
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Il s’agit donc de présenter une réforme complète sur le sujet dans le courant de l’année à venir. Si les grandes lignes du projet auraient recueilli « une adhésion de principe » auprès de la FGC d’après le ministre, d’autres discussions doivent se tenir dans les prochains mois avec les importateurs, grossistes, distributeurs, producteurs et représentants des consommateurs… Et au sein du gouvernement. La vice-présidente Minarii Galenon, en charge des Solidarités, est aussi concernée puisque « l’aide ciblée » promise doit « être intégrée dans la carte à vocation sociale Faatupu » (ex Autia’a) et d’autres ministères doivent travailler à des mesures complémentaires en matière de pouvoir d’achat.

La réflexion du ministère des Finances sur cette réforme très attendue semble être en évolution : en août dernier, à sa prise de fonction, Warren Dexter penchait plutôt pour faire « table rase » et se débarrasser entièrement de la liste des PPN.