AU RAPPORT – Le nombre d’actes homophobes a baissé par rapport à 2013. Des chiffres en baisse mais …
Ce sont les histoires de Violette, Luc ou encore Houda. Des témoignages qui démontrent que « la haine et la violence se manifestent toujours autant contre les homosexuels », souligne le président de l’association SOS Homophobie Yohann Roszéwitch, contacté par Europe 1.
Des chiffres en trompe-l’œil
Il y a quelques mois, Violette, 18 ans, a fait son coming-out en famille. Son père, furieux, lui a cassé le bras. La jeune fille s’est entendue dire « qu’elle méritait de crever dans les pires souffrances ». Les parents de Luc, 17 ans, veulent « le faire interner » pour l’obliger à suivre une thérapie de conversion. Houda, elle, a confié son penchant pour les filles dans son collège des Yvelines. Depuis, ses camarades ne veulent plus la toucher par crainte « d’être contaminé-e-s ». Violentée par d’autres élèves, l’adolescente a dû être déscolarisée.
L’association SOS Homophobie a publié mardi son rapport annuel, qui constitue l’unique baromètre disponible en France sur ce sujet, en l’absence de statistiques des ministères de l’Intérieur et de la Justice. En 2014, l’association a recueilli 2.197 témoignages faisant état d’actes homophobes. Cela représente une baisse de 38% par rapport à 2013. Faut-il pour autant s’en féliciter ? « Cette baisse est à relativiser », prévient Yohann Roszéwitch. « On ne peut pas s’en réjouir puisqu’elle fait suite à la hausse sans précédent de 2013 (+80%), année du débat sur le mariage pour tous où on avait eu une explosion du nombre de témoignages », souligne le président de SOS Homophobie.
« Nous parlons d’une homophobie ancrée »
Si on met de côté l’année 2013, les actes homophobes ont augmenté de 11% en 2014 par rapport à 2012. La hausse est même de plus de 41% par rapport à 2011. La loi sur le mariage pour tous, rapidement entrée dans les mœurs avec 10.000 unions célébrées en 2014, n’a pas fait reculer les actes homophobes. « Le débat sur le mariage pour tous a libéré la parole homophobe, l’a décomplexée. Aujourd’hui, nous parlons d’une homophobie ancrée, enracinée », souligne Yohann Roszéwitch.
Dans le détail, 45% des témoignages recueillis concernent l’homophobie du quotidien : dans les lieux publics (11%), au sein de la famille (10%) ou au travail (8%) par exemple. « Dans le milieu professionnel, il y a un phénomène d’invisibilité. Beaucoup préfèrent la cacher par peur d’être confrontés à l’homophobie », insiste le président de l’association.