Le Centre de consultations spécialisées en alcoologie et toxicomanie (CCSAT) est toujours actif en cette période de confinement. Le Dr Didier Lepeytre, médecin addictologue, met en garde contre les effets du confinement sur les dépendances diverses. Et notamment à l’alcool : avec l’interdiction de la vente, certains pourraient se rendre compte de leur addiction.
Pas de boom d’activité, mais une vigilance particulière, au CCSAT, en ces temps de confinement. Le centre spécialisé dans le suivi et la gestion des addictions se tient prêt à recevoir les appels, et si nécessaire les visites, de personnes qui s’inquiètent de leur consommation d’alcool, de tabac, de paka, d’ice ou d’autres drogues. Car comme le rappelle Didier Lepeytre, addictologue du centre, le confinement à domicile et le contexte d’épidémie crée chez beaucoup de personnes de l’anxiété, qui peut-elle-même pousser à des consommations inhabituelles de produits.
Pour autant, le CCSAT n’a pas, pour le moment observé d’afflux exceptionnel de patients. « Ce sont surtout des personnes que nous suivons déjà qui nous appellent, reprend le médecin, pour des renouvellements d’ordonnance ou pour un changement de traitement parce qu’elles sont un petit peu plus anxieuses ». Certains de ces patients dépendants à l’alcool se sont tout de même vu prescrire des traitements de sevrage. Un « sevrage un peu forcé » par l’interdiction de vente décidée par le Pays le 23 mars.
Pour l’instant « la plupart des personnes dépendantes ont leur produit, leur circuit d’approvisionnement », explique le médecin. Mais avec la prolongation « jusqu’à la fin du confinement » de cette interdiction de vente d’alcool, de nombreux buveurs pourraient connaitre des manques.
Les syndromes de sevrage à surveiller de près
Et pas seulement parmi les addicts déjà diagnostiqués, précise le spécialiste. Certains Polynésiens pourraient « prendre conscience », à l’occasion de ce confinement, de leur dépendance à l’alcool, quand ils connaîtront des troubles liés au sevrage. Ce sevrage est « rarement très dangereux », mais doit tout de même être surveillé de près, insiste le médecin. En cas de signes avant-coureurs – soif, sueurs, anxiété, tremblements, confusion, troubles de l’attention… – il est important de consulter pour se faire accompagner et éviter d’éventuelles complications.
À noter qu’il est aussi possible d’être en manque de paka (irritabilité, troubles du sommeil) et bien sûr d’ice (comportement violent, intolérant…). Le centre est bien sûr là pour rassurer toutes les personnes touchées, éventuellement leur prescrire un traitement médicamenteux pour faire face au manque. Mais c’est aussi au patient et à son entourage de faire le travail de prévention : « gardez des relations, même par voie électronique », conseille l’addictologue. Internet regorge en outre d’exercices de relaxations qui peuvent se révéler bien utiles dans cette période.
Le centre est ouvert du lundi au vendredi de 8h à 15h30. Il est joignable au 40.46.00.67.
Des informations sur la dépendance sont disponibles sur son site internet.