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Littérature : Pötiki, « le monde maori de l’intérieur »

Potiki, un roman de Patricia Grace traduit par Jean Anderson et Marie-Laure Vuaille-Barcan. ©MB/Radio1

Pötiki c’est « le petit dernier » présenté par l’éditeur Au Vent des îles, déjà disponible en rayon depuis le mois d’octobre. C’est l’histoire d’une communauté maori confrontée à un promoteur immobilier qui veut édifier un complexe hôtelier à la place de leur marae. Patricia Grace est décrite par la traductrice comme « la plus grande autrice néozélandaise » et son œuvre est marquée par la volonté « d’écrire le monde maori tel qu’il est vraiment ».

Lire aussi : Potiki parmi la sélection de l’opération le murmure des livre.

« Écrire le monde maori tel qu’il est, de l’intérieur » c’est la volonté de Patricia Grace lorsqu’elle sort Pötiki pour la première fois en 1986. Elle deviendra l’une des « chefs de file de la renaissance culturelle maori des années 1970 et 1980 », raconte la traductrice Jean Anderson qui vit à quelques pâtés de maison de l’auteur. C’est à cette époque qu’est fondé le tribunal de Waitangi, qui participe depuis à restituer les droits des Maori sur leurs terres.

S’il y a une leçon a retenir de l’œuvre de Patricia Grace, d’après la traductrice Jean Anderson, c’est qu’il faut « voir les gens de l’intérieur, dans la communauté », pour les comprendre. Depuis le mois d’octobre, une nouvelle édition de ce roman néozélandais est présente sur les étagères des librairies de Tahiti et chez Au Vent des îles. En couverture, un tableau du non moins renommé peintre Darcy Nicholas, Le guerrier du soleil, se prête bien au sujet.

Un thème qui fait écho à des problématiques polynésiennes

L’histoire c’est celle du Pötiki, « le petit dernier » en maori, d’une fratrie de quatre enfants. Il s’appelle Tokowaru-i-te-Marama ou Toko et il est « un peu biscornu, puisqu’il est né avec quelques handicaps ». Mais il a aussi des aptitudes, des dons spirituels, et va jouer un rôle central dans le sors de sa communauté, une tribu maori qui réside sur la côte. Celle-ci est confrontée à un promoteur immobilier qui veut construire « un complexe hôtelier avec parc aquatique » sur ses terres ancestrales.

Pour Lucile Bambridge, c’est un thème qui « fait écho à des problématiques qu’on traverse en Polynésie française, avec la question de la propriété des terres rattachées à des clans ». À l’époque le livre fait polémique car il contient beaucoup d’expressions en maori, qui depuis sont rentrées dans l’usage. Patricia Grace est alors accusée de faire naître un conflit interracial, alors que comme elle le précise, le fameux promoteur immobilier Dollarman, n’est jamais désigné comme un päkehä, homme blanc.

Au-delà de la fiction, l’engagement politique

Pötiki est l’un des premiers romans de Patricia Grace, autrice néozélandaise à l’avant-garde du mouvement contre la spoliation des terres en Nouvelle-Zélande. Elle a, plus récemment été impliquée dans des procédures judiciaires pour protéger des terres ancestrales, qu’elle a gagnées. L’éditeur et la traductrice s’accordent pour dire qu’elle mérite un prix Nobel pour son engagement et la manière délicate avec laquelle elle aborde les sujets. Elle a d’ailleurs déjà été lauréate de nombreux prix nationaux et internationaux dont le LiBeraturpreis en Allemagne en 1994 et le prix Neustadt en 2008.

À Tahiti, Pötiki a déjà été mis en avant plusieurs fois au cours de l’opération « Le murmure des livres » qui propose des extraits de livres en podcasts, et aussi au cours du Fifo 2022, où il a été adapté par un participant à l’opération « Du Livre à l’écran ». Quant à éditer Patricia Grace, c’est une règle pour Au Vent des îles, qui en est sa 9e collaboration avec elle depuis Motu Fenua il   a quelques années. Jean Anderson travaille d’ailleurs sur la traduction de Cousins, que la Polynésie a eu la chance de voir lors d’une projection spéciale au Fifo 2022.

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