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Menaces de recours, demandes de précisions… L’obligation vaccinale fait réagir

Santé, éducation, tourisme, commerce, enseignement… Des milliers de Polynésiens sont concernés par la loi sur l’obligation vaccinale dont l’arrêté d’application a été publié jeudi. Une loi qui a suscité des réactions très mitigées parmi les partenaires sociaux, entre appels à la « solidarité » par la vaccination et menace de grève ou de recours administratifs.

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À liste très large, réactions très diverses. Votée vendredi dernier, promulguée lundi et rendue applicable jeudi par la publication d’un arrêté fixant les professions et pathologies concernées, la loi sur l’obligation vaccinale a fait beaucoup réagir ce vendredi. Notamment chez les partenaires sociaux. Du côté du patronat, qui avait poussé les autorités à prendre des mesures plus fermes contre l’épidémie qui paralyse une partie de l’activité, cette mise en œuvre rapide de la loi est globalement saluée. « Nous sommes bien entendu favorable à cette loi et à ce que notre secteur y soit inscrit », réagit par exemple Guy Loussan porte-parole de la Fédération générale du commerce (FGC), organisation adhérente du Medef-PF. Les caissiers, vendeurs, guichetiers, ou livreurs à domicile font partie des professions concernées dans le secteur et le chef d’entreprise explique qu’il est « nécessaire que ce personnel soit protégé et puisse protéger nos clients » contre le virus.

À la CPME, on se contente de prendre acte de la nouvelle règle qui fera l’objet « d’explications, de précisions et de sensibilisation » auprès des employés. Dans le mesure du possible, en tout cas. Car son vice-président, Maxime Antoine-Michard, qui s’exprime surtout en tant que chef de file du syndicat des restaurants, snacks et bars, relève des « zones d’ombre » de la loi, qui devront être éclaircies avec le ministère de la Santé et du Travail. « Nous sommes dans un secteur où la polyvalence est la règle », rappelle le restaurateur, pour qui l’application de la loi par métier (caissiers et serveurs, en l’occurrence) pourrait ouvrir la voie à des « différences d’interprétation ». Il cite aussi la question des contrôles – a priori réservés aux seuls médecins de l’Arass et de la Direction de la santé, et pas aux employeurs – et la perspective d’une suspension du contrat de travail. Ni la loi, ni son arrêté d’application ne fait référence à une telle sanction, applicable en métropole pour l’obligation vaccinale des soignants. Mais comme le confirment plusieurs représentants patronaux, cette possibilité a été évoquée lors des discussions avec le Pays.

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Pour les employeurs la question est de savoir dans quelle mesure cette obligation va être acceptée par le personnel. La plupart des patrons interrogés se montrent optimistes : Willy Chung Sao, à la tête du Réseau de Transport en commun de Tahiti (RTCT, qui exploite Tere Tahiti), et dont les chauffeurs sont tous concernés, explique que la question a déjà été largement abordée. « La majorité a accueilli favorablement cette mesure, vu que nous sommes particulièrement en contact de la population », explique-t-il.

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Division dans l’éducation, refus chez les dockers

Du côté des syndicats, les réactions sont beaucoup plus mitigées. Plusieurs organisations ont déjà annoncé qu’elles formeraient un recours contre cette loi. C’est le cas du Sneeta-FO, « favorable à la vaccination », mais qui entend « défendre le principe de la liberté individuelle ». « A eux de mettre les moyens de convaincre » insiste son secrétaire territorial Maheanuu Routhier, qui reproche aux autorités de l’État et du pays leurs « imprécisions » de communication, qui « entretient les doutes ». Le FSU ne s’est pas encore prononcé sur la question, quand l’UNSA-éducation, autre syndicat majoritaire du secteur, a informé ses membres qu’elle ne déposerait pas de recours. « On s’est jamais retrouvés une situation pareille, et tout le monde doit faire preuve de solidarité » rappelle Christine Guillots responsable du SNPDEN-UNSA, qui pointe que les chefs d’établissements que son organisation représente sont « presque à 100% vaccinés ».

Du côté des dockers, concernés par l’obligation en tant que rouages « essentiels au fonctionnement du pays », on annonce tout net que l’obligation « ne s’appliquera pas ». Mahinui Temarii, secrétaire général de la Fédération des syndicats de la manutention portuaire se dit « pour le vaccin », « pour l’accompagnement par les employeurs », « pour la sensibilisation », mais résolument contre l’obligation. « S’il faut arrêter le travail et tout bloquer, on le fera, on n’a pas à nous imposer », lance-t-il.

« Absolument nécessaire » pour les médecins, « anormal » pour FO-CHPF

Positions antagonistes aussi dans le secteur de la Santé. Plusieurs fois, ces dernières semaines, des soignants avaient pris la parole pour appeler massivement à la vaccination voire demander cette obligation. « Pour les professionnels de santé, c’est une obligation qui parait tout à fait logique, confirme le Dr Christophe Allé, vice-président du syndicat des praticiens hospitaliers. On est sans cesse en contact de patients qui ont le Covid, on est sur le terrain, et il n’y a aucun doute du bénéfice de la vaccination dans les cas graves ». Le chef du service de gynécologie ne s’attend à « aucune résistance » de la part des médecins « vaccinés à plus de 90% », et estime que la vaccination des patients en situation de maladies chroniques (cancer, diabète, obésité…) est elle aussi « tout à fait nécessaire ».

Entre 20 et 30% des effectifs du Taaone ne seraient toutefois pas vaccinés, une population dans laquelle on retrouve beaucoup plus de personnel administratif et technique que des soignants. Mireille Duval, la représentante de CSTP-FO dans l’établissement, elle-même vaccinée, estime que ces personnes ne doivent pas être contraints. « L’accompagnement vers la vaccination d’accord, mais l’obligation, c’est non, explique-t-elle. La syndicaliste dit tenir à ce que « tout le monde soit bien informé des risques », sans toutefois faire directement référence à des effets secondaires graves qui auraient été observés. Et assure vouloir « vérifier » avec le CHSCT les chiffres de vaccination des patients en filière Covid. Quoiqu’il arrive, « il faut s’attendre à des recours, peut-être avec d’autres syndicats » assure-t-elle.

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Les officiers de police « très favorables »

Beaucoup d’autres syndicats attendent encore la consultation de leurs adhérents ou de leurs instances pour se prononcer sur ce sujet très sensible. Seule organisation à avoir réagi par communiqué, ce matin, le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure, majoritaire chez les officiers de police, qui se dit très favorable à la loi. « Une grande partie des policiers sont déjà vaccinés, il y en a une partie qui est encore dans l’attente, et on fait appel à leur solidarité, explique son secrétaire territorial. Il faut aller se faire vacciner et arrêter d’avoir des discussions stériles : le vaccin protège, on le voit bien à l’hôpital, y’a plus de doute là dessus, il faut y aller ». Pas de positionnement, en revanche, sur la question des sanctions : « On reste persuadé que la vaccination obligatoire, telle qu’est prévue par la loi obtiendra l’adhésion de l’ensemble des policiers ».

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