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L’œil de Delaigue: « Saint-André a tourné le dos à notre culture de jeu »

Alors que le rugby français, encore groggy, cherche les raisons du fiasco et envisage les solutions susceptibles de remettre les Bleus sur la voie du succès, notre consultant Yann Delaigue dresse le bilan de ce triste parcours en Coupe du monde. A commencer par la responsabilité d’un Philippe Saint-André qui, selon lui, aura nié la culture du jeu à la Française.

« J’étais prêt à « m’emmerder »… »

Un projet à contre-courant dans une Coupe du monde où toutes les autres nations, même les plus petites, ont fait le choix du jeu

« C’est tellement de déception. On nous a fait croire que cette équipe serait capable d’assumer et de jouer un jeu restrictif pour décrocher enfin  ce titre de champion du monde derrière lequel on court. Résumons ce projet de jeu finalement « fictif », comme Maxime Mermoz l’a qualifié : on va être très bons en conquête, très bons en défense, très disciplinés, occuper le terrain et user de notre puissance.Comme les Sud-Africains. Mais sans les armes pour le faire. Parce que de puissance, il n’y avait pas ou alors si peu… Dans une Coupe du monde où toutes les autres nations, même les plus petites, ont fait le choix du jeu. Parce que les arbitres, c’est la tendance générale, tendent vers le spectacle et favorisent l’équipe qui produit du jeu. Ce projet à contre-courant, j’étais prêt à l’accepter, j’étais prêt à « m’emmerder » en regardant l’équipe de France si c’était pour devenir champion du monde. Au final, tu t’es emmerdé pour en prendre soixante et être ridicules durant cette Coupe du monde. Cette équipe avait deux grands rendez-vous fixés face à l’Irlande (9-24) et ce quart de finale (13-62). Pour quel bilan ? On n’a rien vu et on a été ridicules. »

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« Indigne d’une équipe nationale »

En exagérant à peine, la Namibie pratiquait un meilleur rugby. Le Canada, en tout cas, c’est certain, et le Japon, je n’en parle même pas

« Philippe Saint-André a proposé un jeu qui va à l’encontre de notre culture. C’est ce qui fait encore plus mal. Et les autres sont venus piocher dans notre culture de jeu quand on lui tournait le dos et on abandonnait ce sens du jeu. La responsabilité du sélectionneur et de son staff est évidente, même s’ils étaient sans doute réellement convaincus d’être dans le vrai. Mais les chiffres sont là avec le plus mauvais bilan d’un sélectionneur. Philippe (Saint-André) met en avant la réalité d’un rugby français qui n’est pas la priorité. J’ai envie de lui dire : ce n’est pas nouveau. Il n’a cessé de parler de préparation physique, mais ça ne fait pas tout, il y a aussi l’élaboration du jeu. »

« Quand je vois l’équipe des Pumas, qui fait les choses dans l’ordre, on est loin de ça. Bien sûr, l’équipe de France manque de rassemblements. Mais j’estime que malgré cet environnement, en trois mois de préparation, on possède suffisamment de bons joueurs pour élaborer un fonds de jeu plus élaboré. La réalité, c’est qu’on ne sait plus se faire trois passes. C’est indigne de notre culture, de notre histoire et d’une équipe nationale… En exagérant à peine, la Namibie pratiquait un meilleur rugby. Le Canada, en tout cas, c’est certain, et le Japon, je n’en parle même pas. »

« Pas la plus exceptionnelle génération de joueurs »

Qui dans notre équipe peut prétendre figurer dans le XV mondial, voire j’irai même plus loin, du XV-bis Mondial ?

« Si (Philippe) Saint-André n’était pas l’homme de la situation, la génération de joueurs actuelle n’est sans doute pas la plus exceptionnelle qu’on ait connue. Qui dans notre équipe peut prétendre figurer dans le XV mondial, voire j’irai même plus loin, du XV-bis Mondial ? Maintenant, c’est aussi le sélectionneur qui choisit les hommes qui porteront son projet de jeu. Et sa sélection était en accord avec ses principes. Mais on a oublié à la maison des talents qui auraient dû nous permettre de pratiquer un jeu différent. On nous dit et on nous répète que ce groupe vit bien, mais sur le terrain, ça ne se voit pas… »

« Et on cherche nos talents. On a des puncheurs, oui, à la Fofana. Un Maxime Mermoz possède une vision  du jeu. Mais on cherche les joueurs pétris de notre culture de jeu française. Un Fred Michalak en est capable, mais lorsqu’il est enfermé dans un style aussi restrictif, forcément… Pour lui, comme pour un Dusautoir, c’est quand même malheureux d’imaginer finir ainsi leur carrière. Ce n’est surtout pas ce qu’il faudra retenir. A commencer par ce capitaine qui aura toujours su donner une superbe image de l’équipe de France et du rugby depuis qu’il a en enfilé ce maillot. »

Source : Europe1 avec Sports.fr

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