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Logement étudiant : l’OPH prévoit près de 400 places de plus en 4 ans


Invité par le gouvernement à « mettre le turbo » sur le logements étudiant, l’OPH a lancé la construction de 170 places supplémentaires livrables fin 2027 à Outumaoro. Une quinzaine d’appartements doivent aussi être rénovés avant la rentrée 2026 à la Mission, avant le lancement d’un autre chantier au centre d’hébergement tout proche de l’UPF. Le parc étudiant doit ainsi passer de 466 à 832 places d’ici 2028. Assez pour répondre « largement » à la demande, mais pas sans conséquence sur les finances de l’office déjà très tendues.

« Mettre le turbo sur le logement étudiant ». C’était la promesse de Moetai Brotherson à la dernière rentrée universitaire. Le président du gouvernement ne l’ignore pas : une bonne partie des quelques 730 demandes annuelles de logements étudiants ne peut pas être honorée avec le parc actuel. Le Centre d’hébergement pour étudiants (CHE) d’Outumaoro a pourtant connu de grands chantiers ces dernières années. Plusieurs nouveaux bâtiments sont sortis de terre en 2020 pour proposer 83 logements (et donc 166 lits) supplémentaires, en plus des 114 appartements construits en 2004 et remis à neuf tout récemment. S’ajoutent les 37 clés – là encore, avec deux lits par « chambre » – de la très colorée résidence Paraita à Papeete.

Soit un total de 466 places disponibles à chaque rentrée, toutes gérées, depuis 2019, par l’OPH qui attribue les logements suivant un système de points favorisant les familles les plus éloignées, les plus modestes, les étudiants boursiers. C’est à cet office, déjà au centre de beaucoup d’attention vu les besoins en logements sociaux et les importantes tensions de ses finances, que le gouvernement a demandé d’accélérer le pas sur l’extension de ce parc étudiant.

Popoto, Outumaoro 3 et Outumaoro 4

Les réflexions sur la poursuite des constructions de ce type de logement avaient été lancées sous l’ancienne mandature, mais sont désormais en voie de se concrétiser. Il faudra tout de même attendre la rentrée 2026 pour que les premiers fruits de ces efforts soient palpables pour les étudiants. À cette date, l’OPH devrait avoir ouvert son centre de Popoto, un petit immeuble de 15 appartements et 30 places qui reste à rénover à la Mission. C’est ensuite sur les collines d’Outumaoro que le parc prendra de l’ampleur. Fin octobre, l’établissement public a ainsi lancé le marché de la construction d’une « troisième tranche » de bâtiments au CHE, soit 85 logements qui doivent sortir de terre. Et 170 étudiants supplémentaires qui pourront intégrer la résidence toute proche de l’université d’ici novembre 2027.

Ce ne sera pas la fin des chantiers à Outumaoro : une quatrième tranche, presque équivalente à la précédente avec ses 83 clés et ses 166 places doit être construite, si les financements sont confirmés, d’ici la fin 2028. À cette période, et si tous les délais sont respectés, le parc étudiant de Tahiti comptera 832 places. « Suffisant pour couvrir largement la demande, pointe Mike Ah Tchoy, qui a pris les rênes de l’OPH en mars dernier. C’était la volonté qui avait été exprimée, avec un soutien de l’État et du Pays au niveau de l’investissement. »

La construction de la tranche 3 du CHE a en effet d’ores et déjà été inscrite au contrat de développement et de transformation : 1,7 milliard de francs répartis à parité entre l’État et par le Pays. La rénovation de Popoto, elle devrait, coûter environ 300 millions de francs.

35 millions d’impayés

Le partenariat État – Pays fait sens en matière étudiante : la Polynésie est compétente en matière de logement, l’État a la charge de la formation universitaire et surtout distribue aux étudiants une aide au logement qui couvre l’essentiel de leur loyer. Dans les faits, c’est l’OPH qui verse tous les mois cette aide aux étudiants, l’État ne prévoyant qu’un versement en toute fin d’année sous conditions d’assiduité du bénéficiaire à ses cours et de respect de certaines règles. Un mécanisme qui interroge, puisque l’office polynésien, régulièrement critiqué pour ses difficultés à recouvrer ses impayés, se retrouve à devoir réclamer, auprès de certains de ses locataires étudiants, le remboursement des aides d’État qu’elle a avancées, quand il s’avère qu’ils n’y sont finalement pas éligibles. Depuis 2019, la gestion du parc étudiant a ainsi généré un total de 35 millions de francs d’impayés.

Et ce n’est là qu’une partie du poids de cette activité pour l’office. « On mobilise des effectifs de manière permanente pour la gestion du parc, on assure l’entretien, on renouvelle à chaque rentrée les équipements, machines à laver, Wifi, literie… Ça a un coût important pour l’office et c’est une activité qui n’est pas bénéficiaire, reprend Mike Ah Tchoy. L’ensemble des loyers perçus (18 000 francs par mois et par étudiant, et 2000 francs de charges, ndr), ne couvre pas toutes les charges qui sont mobilisées pour offrir l’opportunité de pouvoir étudier dans de bonnes conditions. Mais c’est une volonté du Pays d’accompagner ses étudiants. » Une volonté à prendre en compte dans les débats, toujours relevés, sur les renflouements successifs des comptes l’OPH, qui se voit attribuer, dans le projet de budget 2025, une subvention de fonctionnement de 850 millions de francs.

 

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