Grand espoir pour résoudre les problèmes d’habitat, les organismes de logements sociaux privés (OSLP) ont livré une centaine de logements ces deux dernières années. Beaucoup moins que ce qui était projeté. La faute à des contraintes réglementaires importantes et des aller-retours de dossiers entre Tahiti et Paris. Le Pays avait réuni les professionnels, ce vendredi matin, pour trouver des pistes d’amélioration.
Bilan décevant pour les OLSP. Ce statut, créé entre 2014 et 2016, permet à ces organismes privés de prétendre aux aides nationales de la loi Lodeom et à un soutien du Pays pour construire des logements sociaux et intermédiaires. De quoi soulager l’OPH, où plus de 2 500 familles sont toujours en attente de logements, en réorientant les publics les moins fragiles sur les promoteurs privés. L’idée générale n’est pas en cause – « c’est un partenariat public-privé intelligent », insiste Frédéric Dock, le président du Medef – mais quatre ans après son entrée en application, certains rouages du mécanisme doivent être réétudiés.
« Effectivement, le bilan est mitigé », reconnait Vincent Fabre, le directeur général d’Ofimmo, filiale de la Socredo spécialisée dans la gestion de projets immobiliers. 129 logements ont été livrés depuis le début du dispositif, dont environ 80 l’année dernière. « Rien n’est bloqué, mais le rythme n’est pas celui qui était espéré » explique le professionnel. Aucun doute, c’est la lourdeur administrative, née du cumul des démarches auprès du Pays et de l’État, qui limite le développement de projets.
Diminuer les contraintes, ou augmenter les aides. Voilà donc les deux axes pointés par les OLSP au travers d’une vingtaine de propositions concrètes. Le ministre du Logement, qui avait réuni les professionnels à la présidence ce matin a voulu montrer son volontarisme sur le sujet. « Toutes ces propositions seront étudiées, et nous présenteront des amendements aux arrêtés ou à la loi du Pays si besoin », insiste Jean-Christophe Bouissou.
Efforts à faire du côté du Pays et du côté de Bercy
Comme le rappelle le responsable, 19 milliards de francs ont été engagés, cette année, pour augmenter le rythme des constructions du côté de l’OPH. « Mais toutes les familles recherchant un logement ne sont pas en grande difficulté, rappelle le responsable. Il y a cette tranche intermédiaire, correspondant à des revenus entre 1,5 ou 2 Smig jusqu’à 3,5 ou 4 Smig qui doit intéresser les OLSP ». À condition, donc, de lever les plus gros freins rencontrés par les promoteurs. Dont celui de la gestion locative : « Ce n’est pas vraiment le métier des promoteurs et des agences à gérer les problèmes de recouvrements des loyers, reconnait Jean-Christophe Bouissou. Nous allons étudier la possibilité de créer un GIE pour s’en occuper ou à confier la mission à une entité privée ». Le ministre s’est aussi dit ouvert aux propositions sur la question de la simplification des aides du Pays, qui pourraient rapidement être réévaluées à la hausse.
C’est aussi du côté de Paris que les choses devraient se jouer. À entendre les professionnels, le ministère central de l’Économie n’est pas « habitué » à traiter des demandes d’aides émanant de structures privées pour du logement social. Le Haussariat, représenté ce matin, aurait assuré qu’il allait se rapprocher de Bercy pour trouver des solutions.