L’ISPF a publié une étude réalisée sur la base du recensement de 2022. Au delà de présenter la situation globale du logement au fenua, elle permet de constater les conditions de vie des Polynésiens, au travers de leur accès à des équipements de base comme l’électricité, l’eau courante ou les sanitaires, mais aussi à d’autres éléments de confort comme l’accès à internet ou la climatisation. En 2022, près d’un foyer sur dix n’a pas encore accès au « confort sanitaire de base, tandis que 15% d’entre eux, hors Tuamotu et Gambier, sont considérés comme « pauvres en condition de vie ». Un chiffre en baisse sur dix ans.
« Les conditions des ménages polynésiens s’améliorent depuis dix ans », présente l’ISPF dans sa dernière publication. Une étude réalisée au travers des réponses au recensement de 2022, qui permet à l’institut de la statistique de passer au crible la situation des ménages du pays – où sont dénombrées 82 143 résidences principales – et notamment de réaliser « une approche de la pauvreté au regard des conditions de logement ». En effet, les dernières données sur le taux de pauvreté datent de 2015. Il était alors chiffré à 18% des ménages, une statistique proche de celle révélée par le recensement de 2012, quand l’ISPF avait estimé à 19% la pauvreté des ménages au travers de leurs conditions de vie. « Cela montre qu’on peut aborder la pauvreté avec une nouvelle approche », note-t-on du côté de l’institut.
38 500 personnes recensées comme étant « pauvres en conditions de vie »
Cette méthode se base sur huit critères : la précarité générale de l’habitat (salubrité), la présence ou non de l’électricité, de l’eau courante, de système d’évacuation des eaux usées, de salle de bain et de toilettes intérieures, de cuisine et de machine à laver. Si le ménage interrogée compte « au moins un manque », il est considéré comme « pauvre en conditions de vie ». Pour l’année 2022, l’étude révèle donc que « 38 500 personnes vivent dans un logement avec au moins un manque de confort, soit 15% des logements », un chiffre en régression de quatre points sur dix ans. « Dans le détail, 9 % des ménages ont exactement un manque, 3% exactement deux manques et ils sont 1 100 ménages à cumuler cinq manques ou plus », précise le rapport, qui ne prend en compte que les données de la Société, des Marquises et des Australes.
Les Tuamotu – Gambier ne sont pas intégrées à l’analyse globale, « du fait de la place de l’eau » dans les indicateurs retenus, sur des îles à la géographie particulière. Bon nombre de logements y sont par exemple équipés de citernes d’eau. « On remarque que l’ensemble des questions qui sont liées directement ou non à celles de l’accès à l’eau surreprésentent les ménages de cette subdivision« , où « au moins 91% des ménages ont au moins un manque » sur les critères définis. Ce qui bouleverserait donc totalement l’équilibre de la statistique global si ces archipels étaient pris en compte. Ailleurs, « on remarque que l’amélioration la plus significative concerne les Îles-sous-le-Vent et les Marquises, avec des accès à l’eau et à l’énergie plus étendus ». En 2022, il restait encore 300 ménages à ne bénéficier ni d’électricité, ni d’eau courante (0,4%) une extrême précarité quasiment au même niveau qu’il y a dix ans (0,6%).
Le nombre de ménages disposant du « confort sanitaire de base » en progression
Autre indicateur soulevé par l’étude : le confort sanitaire de base. Celui-ci comprend moins de critères que la méthode de calcul utilisée pour définir « la pauvreté en conditions de vie ». Sont considérés comme « en situation de confort sanitaire » les ménages disposant de l’eau courante, d’une baignoire ou d’une douche, de toilettes et d’une cuisine intérieure au logement. Là encore, pour les raisons citées précédemment, l’analyse ne s’applique pas aux Tuamotu et Gambier. Sur l’ensemble des autres archipels, l’ISPF constate que ce concept est acquis pour 91% des résidences principales, en hausse de cinq points sur les dix dernières années. Une évolution majoritairement observée sur l’accès à une salle de bain (97% des ménages, +2 points) à des toilettes intérieures (98%, +2) et à une cuisine intérieure (99% +5). L’accès à l’eau courante reste stable (95% des logements, toujours hors Tuamotu-Gambier).
L’accès à l’eau chaude est très inégal
« À ce confort sanitaire de base, peuvent s’ajouter d’autres éléments de confort comme l’électricité ou l’eau chaude », complète l’analyse. « Si 99 % des ménages polynésiens déclarent avoir accès à l’électricité (contre 98 % en 2012), via le réseau général et ou une source alternative (15 % des ménages des Tuamotu Gambiers), l’accès à l’eau chaude reste toutefois très différencié selon les subdivisions. Ainsi, 70% des ménages polynésiens ont de l’eau chaude (contre 65 % en 2012) », nous apprend l’ISPF. Archipel par archipel, on observe que l’eau chaude est acquise pour 79% des foyers des Îles-du-Vent, 76% de ceux des Australes, mais seulement 57 % aux Raromatai et 30 % aux Marquises. « Ces résultats s’expliquent principalement par la différence des taux d’équipement en chauffe-eau solaire », précise l’ISPF.
La connectivité internet en forte hausse
« L’accès internet continue à se démocratiser« , note également l’étude, qui prend cette fois en compte les cinq archipels. Ils étaient 70% des ménages à avoir la connexion en 2012, soit 17% de plus qu’en 2012. Avec l’évolution des usages, la part de téléphone fixe a fortement chuté en dix ans (-20%), tandis que les mobiles sont en hausse de 6 points dans les ménages du fenua. Comme loirs du précédent recensement, l’ISPF dénombre encore 5% de foyers privés de moyens de communication.
Autre évolution à la hausse, celle des logements bénéficiant au moins d’une pièce climatisée : 27% en 2022, contre 19% dix ans plus tôt. On retrouve des climatiseurs en grande majorité dans les logements collectifs, dont 60% en sont équipées.
Près de 8 500 logements vacants
Enfin, l’étude permet de visualiser une photographie de l’habitat en Polynésie. Sur un ensemble de 101 401 logements recensés, on retrouve 82 143 résidences principales, 1 611 logements occasionnels, 9 180 résidences secondaires et 8 467 logements vacants. Sur les résidences principales, cœur de l’étude, l’ISPF relève une moyenne de 3,1 pièces par foyer, « mais la situation des ménages diffère fortement selon leur taille et le nombre de pièces par personne diminue rapidement en fonction de la taille des ménages ». On note aussi que 70 % des ménages sont propriétaires de leur habitation principale.