INTERNATIONAL Loi Travail: nouveau bras de fer autour de la manifestation parisienne AFP 2016-06-20 20 Juin 2016 AFP Paris (AFP) – Les anti-loi Travail pourront-ils manifester jeudi à Paris? Après les violences de la semaine dernière, syndicats et gouvernement étaient engagés lundi dans un bras de fer à propos du défilé parisien que les autorités menacent d’interdire, alors que les opposants refusent un rassemblement « statique ». L’intersyndicale d’Ile-de-France (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl et UNL) a transmis en fin de semaine dernière une demande officielle pour manifester jeudi entre Bastille et Nation à partir de 14 heures, dans le cadre d’une journée de mobilisation à travers la France. Lundi, la préfecture de police de Paris leur a demandé d’organiser un « rassemblement statique » place de la Nation plutôt qu’un défilé, afin de pouvoir « mieux encadrer et mieux sécuriser la manifestation et de faire en sorte qu’il y ait moins de dégradations ». Mais les syndicats ont maintenu leur demande de défilé à la préfecture, qui les a à nouveau invités à « trouver un accord sur un rassemblement statique », faute de quoi elle « serait dans l’obligation d’interdire » la manifestation. Dans une lettre au numéro un de la CGT Philippe Martinez, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a jugé qu’un cortège à Paris « n’apparaissait pas envisageable ». Les sept syndicats ont répondu à M. Cazeneuve en début de soirée en lui demandant par courrier de « faire une nouvelle proposition de manifestation garantissant la sécurité de tous ». Ils écartent un rassemblement statique qui serait, selon eux, « beaucoup plus dangereux ». « Je ne suis pas sûr qu’une +fan zone+ syndicale sur la [place de la] Nation soit plus sécurisée qu’une manifestation », a fait valoir le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly sur Canal+, se disant « prêt à discuter du parcours » avec les autorités. Depuis le début de la contestation de la loi réformant le droit du travail début mars, les manifestations ont souvent été émaillées de violences à Paris, de même qu’à Nantes et Rennes. Le 14 juin, jour d’une manifestation nationale, première du genre, la violence est montée d’un cran dans la capitale, avec d’importantes dégradations le long du cortège: 28 vitrines d’établissements commerciaux ont été brisées et l’hôpital Necker-Enfants malades a été pris pour cible. Vingt-huit fonctionnaires de police ont été blessés, dont deux ont dû être hospitalisés, souligne M. Cazeneuve dans sa lettre à la CGT. Selon le ministre de l’Intérieur, cette manifestation a, « pour la première fois, mis clairement en évidence la participation de certains militants syndicaux à l’agression délibérée des forces de l’ordre ». – Manifestations en régions – Dès le lendemain du 14, François Hollande a averti qu’il n’y aurait plus d’autorisation de manifester si la préservation des « biens et des personnes » ne pouvait être « garantie ». Manuel Valls a pointé du doigt la « responsabilité » de la CGT, critiquant son attitude « ambiguë » vis-à-vis des casseurs et dimanche, il a de nouveau estimé que « les organisateurs devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements ». Ces propos ont déclenché un tollé chez les syndicats et une partie de la gauche. La CGT a dénoncé des accusations « inacceptables », « signe d’un gouvernement aux abois ». Le syndicat « ne porte aucune responsabilité sur ce qui se passe en marge des manifestations », a insisté Philippe Martinez, qui s’est interrogé sur des ordres de non-intervention qui seraient donnés aux forces de police. « Manuel Valls se comporte en pyromane », a affirmé Jean-Claude Mailly. Même Laurent Berger, leader de la CFDT, qui soutient la loi Travail, estime qu’interdire de manifester n’est « pas du tout souhaitable ». Avant toute éventuelle interdiction, une pétition en ligne intitulée « je ne respecterai pas l’interdiction de manifester » a été lancée la semaine dernière par Jean-François Téaldi, conseiller municipal PCF-FG de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Lundi elle affichait 120.000 signatures. Le Parti communiste a appelé dans un communiqué à « participer aux mobilisations » et à « étendre la solidarité avec le mouvement ». En revanche, le gouvernement a reçu le soutien de l’opposition, le parti Les Républicains appelant à « l’interdiction » de la manifestation. De nombreuses manifestations sont déjà prévues ailleurs en France jeudi, sans menaces d’interdiction. Le projet de loi Travail est actuellement examiné au Sénat. Le vote solennel doit avoir lieu le 29 juin, au lendemain d’une nouvelle journée de mobilisation. © AFP/Archives DOMINIQUE FAGETManifestation à Paris contre la loi Travail le 14 juin 2016 Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)