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Loi Travail: nouvelle mobilisation de dizaines de milliers de jeunes

Paris (AFP) – Des dizaines de milliers de lycéens et étudiants ont battu le pavé jeudi pour réclamer le retrait du projet de loi réformant le code du travail, une nouvelle mobilisation qualifiée de « réussite » par l’Unef, mais émaillée d’incidents avec une trentaine d’interpellations, notamment à Paris, Rennes et Marseille.

Les autorités ont comptabilisé environ 69.000 manifestants dans toute la France, tandis que le principal syndicat étudiant a recensé 150.000 jeunes au niveau national. La semaine dernière, la première journée de mobilisation avait réuni 224.000 personnes selon la police, 500.000 dont 100.000 jeunes d’après l’Unef.

« La mobilisation a pris de l’ampleur par rapport au 9 mars », s’est réjouie l’Unef, jugeant qu’il est « plus que jamais nécessaire de retirer le projet de loi pour entamer de réelles concertations ».

« Il n’y a aucune raison de demander le retrait » du texte, a répondu Manuel Valls. Le Premier ministre a demandé aux jeunes « de regarder avec attention le texte, les évolutions » annoncées lundi « après un dialogue très riche avec les partenaires sociaux et les organisations étudiantes ».

La nouvelle version de la réforme du droit du travail n’a pas eu raison de la colère de toutes les organisations de jeunesse, même si la Fage, deuxième syndicat étudiant, a accepté de poursuivre le « dialogue », jugeant notamment intéressante l’extension de la « garantie jeunes », et n’appelait donc pas à manifester.

A Paris comme en province, les slogans ont fleuri contre le texte: « Rose promise chom’du », « La nuit c’est fait pour baiser, pas pour travailler », « El Khomri, t’es finie, nous on veut des CDI », « Pierre Gattaz au RSA, El Khomri au RMI », « Nous ne serons pas de la chair à patron ».

Cette loi « nous force à être en précarité, quelque soit le niveau d’études », assure Aziliz, 20 ans, étudiante en arts plastiques à Rennes. « Ce n’est pas parce qu’on peut passer pour des étudiants privilégiés qu’on n’est pas concerné », renchérit Théo, 20 ans. « On peut se retrouver dans la précarité. On n’a pas d’avenir tout tracé ».

Des incidents se sont produits dans plusieurs villes, conduisant à une trentaine d’interpellations, dont une dizaine dans la capitale, où des « échauffourées » ont opposé dans la soirée, selon une source policière, des étudiants qui avaient « envahi » un amphithéâtre de l’université de Tolbiac et les forces de l’ordre venues les déloger.

A Paris et Nantes, des vitrines d’agences bancaires ont été dégradées et des policiers légèrement blessés, tandis que des centaines de manifestants ont envahi la gare de Rennes, provoquant une brève interruption du trafic.

– Rendez-vous le 24 mars –

A Marseille, des échauffourées ont opposé une centaine de jeunes, parfois cagoulés, et des policiers devant un commissariat sur la Canebière. A Strasbourg, plusieurs manifestants ont été blessés lors d’une intervention de CRS. A Cherbourg, une personne blessée après une altercation.

Le ministère de l’Education nationale a décompté 115 lycées bloqués en France dans la matinée, totalement ou partiellement, sur 2.500 lycées publics. Les organisations lycéennes en ont recensé 120 à 200, saluant une mobilisation « largement » supérieure à celle du 9 mars.

Côté universités, plusieurs sites étaient fermés sur décision administrative: certains campus parisiens (Sorbonne, Tolbiac), de Lyon et de Bordeaux.

Les cortèges ont rassemblé quelque 9.000 personnes à Paris, 3.000 à Lyon, 2.200 à Bordeaux, 1.300 à Grenoble, 2.500 à Toulouse, un millier à Perpignan et Rodez, 2.000 à Tours, 1.200 à Strasbourg selon la police. L’Unef a elle fait état de 35.000 manifestants à Paris, 12.000 à Rennes, 10.000 à Lyon ou 6.000 à Toulouse.

Aux côtés des jeunes marchaient aussi des sympathisants syndicalistes, du Parti communiste ou du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA).

Le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres le 24 mars, et le gouvernement espère le faire adopter d’ici l’été.

Les organisations de jeunesse contestataires appellent à se mobiliser ce jour-là, mais aussi à se joindre à la journée de grève et de manifestations prévue jeudi 31 mars par sept syndicats de salariés dont la CGT. 

De leur côté, les syndicats « réformistes » (CFDT, CFTC et Unsa) ont demandé de nouvelles avancées sur certains articles, notamment sur le licenciement économique.

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