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L'ONU juge "inacceptables" les tirs nord-coréens

Nations unies (Etats-Unis) (AFP) – L’ONU a jugé « inacceptable » le lancement coup sur coup mercredi par la Corée du Nord de deux puissants missiles à moyenne portée et va réunir dans l’après-midi le Conseil de sécurité, dont Paris réclame une réaction « ferme et rapide ».

Ces missiles semblent avoir volé sur des distances nettement plus importantes que lors de précédents lancements infructueux, d’après le ministère sud-coréen de la Défense. Il s’agirait de missiles Musudan à portée intermédiaire susceptibles, en théorie, de menacer les bases américaines de l’île de Guam, dans le Pacifique.

Ces tirs balistiques nord-coréens sont « une violation flagrante et inacceptable des résolutions du Conseil de sécurité », a estimé l’ambassadeur français auprès des Nations unies François Delattre, qui préside le Conseil en juin. 

Le représentant de la France a souhaité une « réaction ferme et rapide » du Conseil, qualifiant le programme balistique nord-coréen de « grave menace pour la paix et la sécurité régionale et internationale ».

A la demande des Etats-Unis et du Japon, les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité tiendront des consultations à huis clos en fin d’après-midi, après une session consacrée au Soudan du Sud, ont rapporté des diplomates.

M. Delattre a exprimé l’espoir que le Conseil condamnera à l’unanimité ces tirs, comme lors de précédents lancements par Pyongyang. Mais la rédaction du texte pourrait prendre plusieurs heures, voire jours, ont noté des diplomates, le temps pour les ambassadeurs de consulter leurs capitales, en particulier la Chine, seule alliée de Pyongyang.

Le porte-parole adjoint de l’ONU Farhan Haq a qualifié les nouveaux tirs de « défi lancé à la communauté internationale unanime ». Il s’agit d’un « acte  irresponsable et effronté » qui n’améliorera ni la sécurité de la Corée du Nord ni le sort de sa population, a-t-il affirmé.

Washington, l’Otan comme Tokyo ont dénoncé des violations claires des résolutions de l’ONU, Séoul promettant de rechercher un durcissement des sanctions contre cet Etat doté de l’arme nucléaire.

– Pas inquiétant –

Le premier engin a été tiré peu avant 06H00 (21H00 GMT mardi) et a vraisemblablement volé sur 150 kilomètres au-dessus de la mer Orientale, également appelée mer du Japon. Le second Musudan a atteint une altitude de 1.000 mètres et parcouru 400 kilomètres de distance, selon des analystes militaires japonais.

Cette trajectoire aurait été calculée de façon à éviter toute violation de l’espace aérien japonais, d’après des analystes.

Quatre Musudan tirés cette année ont explosé sur le pas de tir ou peu après leur lancement.

Un tir réussi représenterait une avancée considérable pour les programmes militaires de la Corée du Nord, qui aspire à se doter d’une force de frappe nucléaire capable d’atteindre le continent américain.

Melissa Hanham, spécialiste des armes de destruction massive nord-coréennes à l’Institut Middlebury en Californie, estime que ces deux tirs constituent un pas en avant inquiétant.

« Le second tir était vraisemblablement un succès. Les tests sont des répétitions et ils tirent les leçons de chaque vol », a-t-elle dit à l’AFP, exhortant les dirigeants politiques à « se concentrer sur l’interdiction des essais pour empêcher que ce missile ne devienne opérationnel ».

Le porte-parole du département d’Etat américain John Kirby a déclaré que ces derniers tirs ne feraient qu’accélérer les efforts de la communauté internationale pour mettre en échec le programme d’armements illégal de Pyongyang et faire que la Corée du Nord « rende des comptes pour ces actions provocatrices ».

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a jugé « intolérable » ce genre d’essais, selon la télévision NHK.

Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a prévenu Pyongyang qu’il risquait un alourdissement des sanctions, dénonçant « l’hypocrisie et le caractère trompeur » d’une récente proposition nord-coréenne de dialogue avec Séoul.

La Chine, traditionnellement l’allié le plus proche de Pyongyang, a mis en garde contre « toute action qui pourrait déboucher sur une escalade des tensions », appelant à une reprise du dialogue sur le programme nucléaire nord-coréen.

– Lourdes sanctions –

Le Musudan, qui aurait une portée de 2.500 à 4.000 kilomètres, pourrait atteindre la Corée du Sud et le Japon mais également, dans l’hypothèse haute, l’île de Guam.

En avril, trois tirs ratés de ce missile dévoilé lors d’un défilé militaire à Pyongyang en 2010 avaient été perçus comme un revers avant un congrès historique du parti unique nord-coréen.

Un autre tir de Musudan en mai est également considéré comme un ratage.

Markus Schiller, un ingénieur allemand qui se penche depuis longtemps sur le programme balistique nord-coréen, a averti qu’il ne fallait pas tirer de conclusions trop hâtives. 

« On ne sait même pas si ce sont bien des missiles Musudan qui ont été lancés aujourd’hui », a-t-il noté, relevant que les missiles Rodong pouvaient voler suivant des trajectoires similaires.

Le climat s’est considérablement dégradé sur la péninsule depuis le quatrième essai nucléaire nord-coréen du 6 janvier, suivi le 7 février par le lancement d’une fusée, considéré comme un essai déguisé de missile longue portée.

Le Conseil de sécurité de l’ONU avait alors adopté les sanctions les plus lourdes jamais infligées à Pyongyang.

© KCNA VIA KNS/AFP/Archives KCNA
Le leader nord-coréen Kim Jong-Un (au centre) inspecte une usine à Pyongyang le 21 juin 2016