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L’OPT enregistre une perte record de 2 milliards de francs en 2022

Baisse des revenus télécom, poids des plans de départ, sortie de la crise Covid… La direction renvoie cette perte historique à une « conjonction de phénomènes négatifs » qui auraient plombé les comptes l’année passée. Le PDG Jean-François Martin, qui doit être remplacé d’ici la fin de l’année, a demandé, pour tenter de remettre l’office à flot, le prolongement du plan de redressement du groupe jusqu’à 2028, annonce plus de « rigueur », et compte sur l’apport de nouveaux contrats pour gonfler les recettes.

Lire aussi : OPT : « si on ne fait rien, la situation risque d’être catastrophique »

Avec 319 millions de francs de pertes, l’année 2021 avait été « préoccupante » pour l’OPT. 2022 est plus franchement catastrophique : – 2,038 milliards de résultat net consolidé du groupe, d’après les chiffres mis sur la table du conseil d’administration fin octobre. Il s’agit d’un record de pertes pour l’établissement public, qui a enregistré des résultats largement excédentaires pendant de longues années, avant de subir un effritement continu de ses recettes à partir de 2015 et de voir ses comptes plonger dans le déficit en 2019. Depuis cette année, marquée par un restructuration de l’office et la séparation des activités postales de Fare Rata et des services télécom d’Onati, le groupe aurait accumulé « environ 6 milliards de francs de déficit », hors subvention d’équilibre du Pays, comme l’avait précisé la ministre de tutelle Vannina Crolas en septembre. Les comptes de 2020, à équilibre après subventions, et ceux de 2021, avaient pu profiter de certains reports ou d’annulations d’investissements et de charges. 2022 marque donc à la fois la sortie de crise sanitaire et la confirmation d’une crise financière profonde pour l’établissement public.

Jean-François Martin pointe vers Thomas Lefebvre-Segard

Mais c’est à d’autres facteurs que la direction attribue ces mauvais résultats. À commencer par les piètres performances de sa branche télécom. En visant, dans son rapport au Conseil d’administration, l’échec des « offres agressives » en matière de téléphonie mobile, le PDG Jean-François Martin cible aussi, sans le nommer, l’ex-directeur général d’Onati, Thomas Lefebvre-Segard, débauché de chez Vodafone à la mi-2021 et remercié un an et demi plus tard. Même si Vini perdait des parts marché au profit des concurrents privés bien longtemps avant son arrivée, le PDG explique que ces baisses de prix actées en août 2022 n’ont pas permis d’inverser la tendance, et ont plombé une des principales sources de revenus du groupe.

La baisse des marges sur les ventes de téléphones portables n’a pas non plus aidé, et Onati, seule branche qui restait profitable, passe dans le rouge, comme Fare Rata, tenue à l’équilibre par les transferts de la maison-mère et les aides du Pays. Leur baisse – de 1,175 milliards en 2021 à 1 milliards de francs en 2022 – ont aussi pesé sur le résultat, de même que les énormes surcoûts liés au nouveau système d’information NOA, dont l’OPT ne chiffre pas précisément l’impact négatif. S’ajoutent, toujours d’après la direction du groupe, le coût des plans de départ volontaire du personnel ou ceux de lancement de la nouvelle filiale Marara Paiements.

« Efforts de rigueur » plus soutenus

Des chantiers dont « l’effet positif se verra bientôt » assure Jean-François Martin, qui explique que la trésorerie « solide » du groupe, accumulée pendant les années fastes, lui permet – pour l’instant – d’encaisser ces déficits. Pour le reste, le dirigeant compte sur des projets et contrats en cours – celui qui a été signé avec OneWeb pour faire transiter des données sur les câbles OPT, ou la construction du parc photovoltaïque sur le site de Tahiti Nui Telecom à Papenoo, par exemple – pour baisser les coûts et augmenter les recettes au long terme. Mais il faudra plus que ça pour redresser la barre. Le 27 octobre, l’actuel PDG – à qui le gouvernement cherche un remplacement pour la fin d’année, les candidatures étant closes depuis le 27 octobre – a demandé l’extension du « plan de rétablissement des équilibres financiers » jusqu’en 2028, précisant que « les efforts de rigueur » devaient être « plus soutenus ». De quoi présager de l’ambiance des discussions qui doivent se tenir d’ici la fin janvier autour des conventions d’établissement de l’OPT. Après le mouvement social d’octobre, et la décision en référé de ne pas étendre les protocoles signées aux syndicats non-signataires, les réunions de travail ont repris la semaine dernière, dans l’objectif de trouver un « tronc commun » social pour les agents de l’OPT, de Fare Rata et d’Onati.

Les avancées des négociations de cet « accord-cadre », la nouvelle mouture du plan de redressement, de même que les orientations stratégiques du groupe doivent être présentées en décembre au représentants du personnel et au Conseil d’administration, qui devra aussi valider le budget 2024. L’OPT compte aussi sur une nouvelle demande de subvention au Pays, en plus de celle de Fare Rata : 500 millions de francs au titre de l’équipement télécom des zones peu dense, où les concurrents privés ne sont pas présents. Une subvention qui sera discutée à l’assemblée dans le cadre, cette fois, du budget 2024 du Pays.

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1 Commentaire

  1. Huguet bruno
    15 novembre 2023 à 10h12 — Répondre

    Et encore ! Personne ne reparle de cette anomalie polynesienne : non seulement le courrier n’est pas distribué a domicile par un facteur , mais en plus l’OPT nous OBLIGE a payer une boite postale chaque année !!!!!

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