Bruxelles (AFP) – Conservateur, ex-président de la chambre des Lords, le commissaire européen britannique Jonathan Hill est arrivé à Bruxelles en eurosceptique avant d’être convaincu des bénéfices de l’Union européenne pour le Royaume-Uni. Résolu à démissionner après le vote de ses compatriotes, il repart « très déçu ».
Réputé calme, modeste et travailleur, cet homme de 55 ans à l’épaisse chevelure grisonnante et aux fines lunettes rectangulaires avait été nommé commissaire aux Services financiers, à la Stabilité financière et à l’Union du marché des capitaux en juillet 2014, sur proposition du Premier ministre britannique David Cameron.
Une « énorme responsabilité », dit-il alors, quelques jours à peine après avoir affirmé en français, à la télévision, que « Non, non, non », il n’était pas prêt à accepter une telle proposition.
Dans le communiqué annonçant samedi sa démission, il se dit « très déçu » de l’issue du référendum britannique, le Brexit, décidé par ses compatriotes.
« Je voulais que ça se termine différemment », affirme-t-il. « Mais ce qui est fait ne saurait être défait et il nous faut désormais parvenir à faire fonctionner notre nouvelle relation avec l’Europe aussi bien que possible. »
Il laisse l’image d’un homme pragmatique, rodé aux sujets les plus techniques mais rarement visible dans les médias malgré un portefeuille européen essentiel pour la City de Londres, la capitale financière de l’Europe.
Sa voix est aussi en quelque sorte sa marque de fabrique: calme, douce, avec un accent anglais très « upper class ».
« Je le considère comme un vrai Européen et pas seulement comme le commissaire britannique. Cependant, je comprends sa décision et je la respecte », a commenté samedi le chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
– Pas de fonction élective –
Marié et père de trois enfants, Jonathan Hill est né le 24 juillet 1960 à Londres. Cet homme qui aime occuper son temps libre à lire, jardiner et se promener, a fait une carrière dans les hautes sphères du pouvoir et dans le secteur des relations publiques, mais n’a jamais occupé de fonction élective.
Après des études d’histoire à Cambridge au début des années 1980, une expérience de barman et un passage par la City, il devient conseiller du pro-européen Kenneth Clarke dans différents départements ministériels (Emploi, Commerce et Industrie, Santé) sous la Dame de fer, Margaret Thatcher.
Entre 1992 et 1994, il est secrétaire politique du Premier ministre John Major. Puis, pendant les années au cours desquelles le Parti travailliste est au pouvoir, il fonde une société de communication, Quiller Consultants, qu’il revend par la suite.
En 2010, il est appelé par David Cameron et fait son entrée au gouvernement en tant que secrétaire d’Etat à l’Education. Il est nommé à la Chambre des Lords, devient Lord Hill of Oareford, puis président de la chambre haute en 2013.
« Je suis arrivé à Bruxelles comme quelqu’un qui avait fait campagne contre le fait que le Royaume-Uni rejoigne l’euro et qui était sceptique sur l’Europe », a-t-il affirmé samedi.
« Je vais la quitter certain qu’en dépit des frustrations, notre appartenance (à l’UE) était bonne pour notre place dans le monde et notre économie. »
© AFP/Archives JOHN THYS
Photo d’archives de Jonathan Hill, le 7 octobre 2014 lors d’une conférence de presse à Bruxelles